Ce jeudi 26 mars dès 19h. une affluence inhabituelle se pressait aux portes du Musée du judaïsme marocain. En effet le Café Politis s'y tenait pour sa 37ème édition, sur le thème de la «rassemblance»: «Faire vivre nos ressemblances pour mieux nous rassembler». Marocains Pluriels, en partenariat avec la Fondation du patrimoine culturel Judéo Marocain, avait choisi de traiter de l'identité marocaine plurielle… Le sujet avait fortement intéressé sur le Web et la salle du musée était comble, compatriotes musulmans et juifs s'y retrouvaient - et chose qui surprenait beaucoup de personnes- les jeunes étaient venus en nombre ! La soirée fut à la hauteur des attentes, et le message limpide: «Les jeunes générations ont perdu la proximité, le voisinage, le partage, que leurs parents, leurs grands-parents musulmans et juifs vivaient, c'est ce fossé de méconnaissance qu'il nous faut combler…». Car c'est bien de cela qu'il s'agit, ne pas se contenter de «glorifier» notre passé mais montrer qu'il se conjugue au présent et qu'il a un futur : cette volonté s'est trouvée illustrée par les propos du jeune Mohamed Elakroud qui, s'adressant à Fanny Mergui lui dit : «Pardon d'avoir oublié votre existence»… D'où la volonté de l'assemblée présente de faire vivre le concept de «rassemblance». Ainsi deux prochaines actions seront organisées : le lancement d'un concours photos sur le thème de la «Rassemblance» et, durant le mois de Ramadan, l'organisation d'un Ftour Pluriel au Musée. Ce sont en fait les mots du jeune blogueur Amine Lagssir qui résumaient le message de ce Café Politis, je vous en livre la conclusion: «Vous pourriez me demander : mais on est bien au Maroc, pourquoi s'agiter tout d'un coup ?Je vous répondrais que c'est parce que nous nous sommes trop longtemps endormis sur nos lauriers et que nous avons une dette envers cette patrie bâtie sur notre diversité, à la multiplicité ancrée et à la pluralité épanouie. Nous avons une dette envers la patrie qui, deux siècles avant Jésus-Christ, voyait Volubilis habitée de juifs, la patrie qui a accueilli Moulay Driss 1er il y a 13 siècles mais qui ne l'a pas attendu pour exister. Cette terre qui a reçu juifs et musulmans chassés d'Andalousie mais avait régi le vivre ensemble en règle longtemps avant leur retour. Cette patrie qui malgré s'être fait imposer le numerus clausus, refusa l'étoile jaune… Le monde va mal, ce qui rend la nécessité plus urgente…. Nous ne devons pas laisser les différends de nos cousins de l'Orient mettre à mal notre fraternité d'ici mais plutôt donner l'exemple et grâce à notre entente les toucher, eux au loin, de la bénédiction de l'harmonie. Nous devons nous souvenir que nous vivons dans un pays où les voisins ne vénéraient pas Dieu au même endroit mais lui rendaient grâce ensemble, nous souvenir que nous sommes les enfants d'une nation où les mères ont donné le sein sans égard pour la religion du nourrisson qui en tétait, nous rappeler l'immense chance que c'est dans le monde d'aujourd'hui de nous réunir ce soir sans nous méfier les uns des autres». Nous étions ce soir-là collectivement fiers d'être dans l'un des rares pays où «cela» est possible !