A défaut de supprimer la compensation du gaz butane, le PJD appelle aujourd'hui à «corriger» le système de soutien des prix. Le groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement vient, en effet, d'interpeller le ministre délégué auprès du chef de gouvernement en charge des affaires générales et de la gouvernance, Mohamed El Ouafa, sur la question. Les députés du parti de la lampe dénoncent une hausse inexpliquée des charges de la Caisse de compensation concernant le gaz butane. Le PJD qui conduit la majorité gouvernementale se base sur une série de rapports médiatiques sur le sujet. «Ces articles expliquent que la compensation du butane représente de nouveau un trou dans le budget de la compensation absorbant au passage des fonds importants supplémentaires à un moment où le gouvernement est parvenu à réduire les charges de la Caisse grâce à la décompensation du gasoil et de l'essence», affirme le président du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants, Abdellah Bouano. Et de poursuivre : «Il est également fait mention de l'utilisation de manœuvres dans le but de gonfler les fonds de compensation alors que les prix de ces produits à l'international s'inscrivent dans une tendance baissière». Le débat est donc relancé de nouveau par la première force parlementaire à la première Chambre. L'appel des Pjdistes intervient juste quelques jours après les rumeurs sur le démantèlement du système de compensation avant septembre 2015. Plusieurs articles de presse avaient attribué à une source gouvernementale non connue une information selon laquelle l'Exécutif se dirige à supprimer les subventions publiques pour le gaz butane, la farine et le sucre. Le chef de gouvernement avait été contraint alors de faire une sortie dans les médias pour démentir ces informations, précisant tout de même que l'Etat mène une étude pour trouver des pistes de réforme. Il faut dire que le gaz butane représente aujourd'hui le poste de dépense le plus important dans le budget de la compensation. En 2013 déjà, la charge du butane avait été de 13,7 milliards DH, à raison de 83 DH de soutien public pour chaque bonbonne de 12 kg achetée sur le marché national. Selon les prévisions actuelles, plus de 16 milliards DH seront alloués durant l'année en cours à la subvention des bonbonnes de gaz. Cela dit, la décompensation de ce produit, l'un des derniers couverts par la Caisse de la compensation aux côtés de la farine et du sucre, est très difficile pour le moment en l'absence d'une alternative fiable pour protéger le pouvoir d'achat des familles vulnérables. En effet, tous les ménages de toutes les catégories sociales en consomment. Le hic, selon le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane, c'est qu'une part importante du soutien public à ce produit bénéficie à d'autres secteurs d'activités économiques qui ne sont pas directement ciblés par la Caisse de compensation, notamment l'hôtellerie, la restauration et l'agriculture.