Le Maroc est-il sur la bonne voie en matière d'égalité des sexes ? La réponse semble loin de faire l'unanimité. Vendredi, la ministre déléguée au ministère des affaires étrangères et de la coopération, Mbarka Bouaïda, a affirmé que le Royaume «a constamment fait preuve d'un engagement indéfectible en faveur d'une approche proactive pour la promotion de l'émancipation des femmes et l'égalité de genre, en mettant en place des réformes structurelles et en prenant des mesures efficaces, visant à renforcer le rôle de la femme dans la construction d'une société moderne». A quelques jours de la Journée internationale de la femme, la ministre s'est exprimée lors d'une conférence débat sur «les droits des femmes au Maroc, 20 ans après Beijing» organisée conjointement par le ministère des affaires étrangères et de la coopération et l'ONU-Femmes. «Si la réforme du Code de la famille a rendu justice à la femme marocaine et renforcé son rôle au sein de la famille et de la société, la nouvelle Constitution de 2011 ouvre la voie à une lutte efficace contre la discrimination à l'égard des femmes et à la pleine jouissance de leurs droits et libertés», a ajouté Mbarka Bouaïda. Pourtant, un rapport sur la situation des droits des femmes dans le Royaume, élaboré par la société civile et rendu public pas plus tard que ce mercredi, fait état d'une situation presque diamétralement différente. «En matière de droits des femmes, de nombreux chantiers de réformes sont ouverts depuis l'adoption de la nouvelle constitution en 2011», peut-on lire sur le rapport, «mais leur exécution est marquée par des lenteurs inexplicables». S'appuyant sur les chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP), les 38 associations chapeautées par l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) dressent un diagnostic accablant de la situation des femmes marocaines. Pauvreté, violence, chômage et différents types de discrimination seraient le lot quotidien d'une grande partie des femmes marocaines. Les officielles sont, elles, beaucoup plus optimistes. Egalement présente lors de la rencontre de vendredi, la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui, a déclaré que le bilan du Maroc est très positif, que le pays a enregistré des avancées importante en matière d'égalité ce qui en fait un «leader dans la région et sur le plan international». «Nous sommes satisfaits du bilan et ambitieux pour mettre en place d'autres réalisations», a assuré Bassima Hakkaoui. Des affirmations qui peuvent laisser perplexe lorsqu'on les compare avec le rapport des ONG qui relève, entre autres, que 62,8% des femmes marocaines ont déjà subi des violences de genre et qu'il existe deux fois plus de jeunes filles analphabètes que de jeunes hommes. Entre efforts louables du Royaume et situation encore inquiétante des femmes marocaines, la représentante de l'ONU-Femmes pour le Maghreb, Leila Rhiwi, a, elle, temporisé. Elle a ainsi rappelé que le Maroc a abrogé de nombreuses discriminations juridiques à l'encontre des femmes durant ces dernières années notamment en matière de droit de la famille et de la nationalité, sans tout de même nier qu'un chantier de taille attend le Royaume dans ce sens. Il est à noter que cette rencontre intervient à quelques jours de la participation du Maroc à la 59ème session de la commission de la condition de la femme, à partir du 9 mars à New York, qui entreprendra un examen global des progrès réalisés dans l'application de la déclaration de Beijing, 20 ans après son adoption.