Si le secteur de l'industrie textile est en train de reprendre du poil de la bête, ses performances en matière d'emploi tardent à suivre. C'est ce qui ressort de la dernière note de suivi et d'analyse de l'activité économique du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Celle-ci relève une déconnexion entre emplois et exportations dans le secteur de l'industrie du textile et du cuir. Un chiffre pour en attester: entre 2013 et 2014, 32.000 postes ont été perdus dans le secteur, soit une réduction de 7% en variation annuelle. Les différentes filières du secteur se partagent ces pertes de manière inégale. Dans le textile, les effectifs d'emploi se sont réduits de 14%, tandis que cette proportion était moins importante du côté de l'habillement et des activités de la chaussure qui ont perdu, respectivement, 4,6 et 8,6%. Ainsi, l'année 2014 n'aura pas dérogé à la règle. Depuis 2007, la tendance baissière marque le plus le secteur. Entre 2008 et 2014, la branche du textile et cuir avait, en effet, perdu près de 119.000 emplois. Pourtant, l'année 2014 était celle de la reprise pour le secteur. La valeur ajoutée des industries du textile et du cuir s'est améliorée de 1,2%, en variation annuelle, après avoir régressé de 2,7% en 2013. Derrière ce redressement, une hausse de la production des unités d'habillement et du textile, notamment les vêtements, les tapis, les articles à maille et de voyage. Le reste des industries a réalisé des évolutions modestes ou en baisse. Il faut, par ailleurs, noter que cette hausse est, elle-même, due à l'amélioration de la demande extérieure. Ainsi, les exportations des vêtements confectionnés et des chaussures ont progressé de 5,3 et 3% en 2014, profitant notamment du raffermissement des importations de l'Espagne et des Etats-Unis, dont les économies reprennent petit à petit des répercussions de la crise économique. Grâce à ces performances, la contribution des ventes extérieures de la branche du textile a atteint 16,7% du total exporté en 2014, contre une part moyenne de 17,6% au cours des quatre dernières années et de 23,4% entre 2007 et 2010. Pourquoi donc ces performances encourageantes n'arrêtent-elles pas l'hémorragie de perte des effectifs d'emploi ? Selon l'analyse du HCP, cela est à mettre sur le compte de la prudence des entreprises du secteur. Depuis 2008, celles-ci ont été contraintes constamment à réajuster leurs effectifs employés, pour parer au ralentissement de leurs activités dû, entre autres, à la crise économique internationale. C'est précisément le doute qui plane sur la reprise des économies européennes, soutenu par les faibles performances économiques de la France et du Portugal (principaux débouchés à l'export du secteur), qui pousse les patrons du textile à la prudence. Une autre explication à ce phénomène serait à chercher du côté de la composition du tissu salarial du secteur. La part d'entreprises disposant d'une comptabilité organisée et employant plus de 50 personnes ne dépasse pas 15,7%, tandis que les unités qui travaillent avec moins de 6 employés représentent 51% du secteur. En ce qui concerne la qualité de ces emplois, 70% des actifs occupés ne disposent pas de couverture médicale et sont principalement des employés saisonniers, occasionnels ou non rémunérés. Pour les salariés d'entre eux, plus de 3 employés sur 5 qui exercent dans la branche ne disposent pas d'un contrat de travail. Textile et cuir : Une industrie qui a son poids L'industrie du textile a longtemps été considérée comme un champion national, surtout en matière d'exportations. Le secteur est le premier employeur industriel du pays, avec près de 42% des emplois industriels nationaux. L'industrie du textile et cuir contribue pour 20%, en moyenne, à la valeur ajoutée des industries de transformation. Le secteur contribue, par ailleurs, à hauteur de 24 % des exportations marocaines de biens et à hauteur de 7% dans le PIB national. Cette branche regroupe trois activités. Tout d'abord les produits du textile (filature, tissage, ennoblissement textile, articles textiles, tapis et autres industries textiles, étoffes à maille, articles à maille) qui participent à hauteur de 19% à la production de la branche, ensuite les articles d'habillement et de fourrures (vêtements en cuir et vêtements en textile) dont la contribution s'élève à environ 78% à la production de la branche et enfin les produits du cuir et les articles de voyage (apprêt et tannage des cuirs, articles de voyage et de maroquinerie et chaussures) qui contribuent pour 3% à la production de la branche. Exportations et emplois : Des indicateurs en déphasage depuis 2007 La déconnexion entre l'évolution des exportations du secteur et celle des effectifs d'emploi peut être observée depuis 2007 et soutient le même rythme depuis cette date. Selon le HCP, cette situation met en relief une forte hétérogénéité de la structure productrice du secteur. Les entreprises disposant d'une comptabilité organisée, qui emploient plus de 50 personnes et qui respectent les droits des salariés semblent constituer une minorité dans le secteur. Le secteur du textile et cuir a été frappé de plein fouet par la crise économique internationale. Les effectifs d'emploi du secteur connaissent une baisse accablante depuis 2007. Si les indicateurs de performances sont aujourd'hui encourageants, les entreprises du secteur attendent des signes de reprise de la France et du Portugal, principaux débouchés à l'export du secteur, avant de renforcer leurs masses salariales.