Ce n'est pas une provocation de plus. C'est une agression. Samedi 18 octobre 2014, des tirs de l'armée algérienne ont eu lieu à la frontière commune avec le Maroc. Tout s'est déroulé le samedi vers midi quand un élément de l'armée algérienne a tiré 3 balles sur une dizaine de citoyens civils marocains au niveau du tracé frontalier du douar Oulad Saleh, commune rurale Beni Khaled, située à 30 km au Nord-Est de la ville d'Oujda. Selon un communiqué du gouvernement marocain, «une personne a été grièvement atteinte au visage. Il s'agit du dénommé Salhi Razqallah, âgé de 28 ans, marié et père d'un enfant, originaire de ce douar frontalier. Il a été évacué vers l'hôpital Al Farabi d'Oujda. Son état est jugé très critique par les médecins». Immédiatement, Rabat a réclamé des «explications» à Alger face à cet «incident grave». Le gouvernement marocain a également manifesté avec vigueur sa «vive indignation» et sa «très grande inquiétude». Pour Rabat, l'auteur des tirs doit être «traduit en justice». Le Maroc dénonce ici un «acte répréhensible et irresponsable qui s'ajoute à d'autres agissements provocateurs». Ce n'est pas là un fait nouveau. D'autres actes similaires ont déjà eu lieu dans le passé. Les attitudes belliqueuses d'Alger se multiplient dépassant à chaque fois un palier, dans une logique d'escalade à l'encontre du voisin marocain. Alors que Rabat multiplie les actes de réconciliation, toujours animé par sa volonté de la main tendue pour le bien des populations des deux nations et surtout la stabilité d'une région de plus en plus en proie à des menaces. Non seulement Alger s'entête à garder les frontières terrestres fermées, mais a procédé au creusement de tranchées le long des frontières avec le Maroc. Cela sonne comme des préparatifs à la guerre. L'Algérie est, d'ailleurs, lancée depuis deux décennies dans une course folle à l'armement dépensant pas moins de 16 milliards de dollars dans l'achat de blindés, de chars, d'hélicoptères, de sous-marins et autres avions de combat. Pour quelle guerre? Et pour se protéger de qui ? Certainement pas du Maroc qui tente de construire un véritable Maghreb uni et fort de ses différences et de ses richesses à la fois humaines et économiques. Mais, de l'avis de tous les analystes, Alger joue la carte de la discorde. Déjà que la Tunisie n'a pas encore relevé la tête, que la Libye est plongée dans le chaos et que la Mauritanie est toujours moribonde, il ne reste que l'axe Rabat-Alger pour sauver la région. Mais les Algériens ont la manie de rater les grands rendez-vous avec l'Histoire. C'est aujourd'hui ou jamais qu'il faut résoudre le faux conflit du Sahara et l'appui aux séparatistes du Polisario. C'est aujourd'hui qu'il faut faire cause commune contre le terrorisme pour sécuriser une zone importante à la frontière avec le Sahel, devenu, depuis une décennie, le terrain de jeu de katibas, formées et nées en Algérie. C'est aujourd'hui qu'il faut se tourner vers la démocratie pour un pays dont les richesses gazières et pétrolières sont immenses et qui n'arrive pas à s'en sortir. Les Algériens pris à la gorge sur le plan interne sont en train de faire diversion en provoquant de faux confits externes. Ils ont un grave problème de gouvernance, la légitimité de la présidence est contestée, les généraux sont décriés, la pauvreté bat son plein, les jeunes prennent le large, le terrorisme fleurit, alors on se tourne vers le Maroc pour camoufler la situation désespérée d'un pays aux abois. Un pays tenu par une junte militaire dont l'homme fort aujourd'hui est le général Ahmed Gaid Salah, qui détient les rênes du pouvoir surtout depuis la maladie du président Abdelaziz Bouteflika. Cette politique de la fuite en avant des généraux algériens précipite davantage le pays dans un marasme nourri par la grogne populaire, les frustrations sociales, l'inégalité des chances et la dilapidation des richesses concentrées dans les mains d'une minorité de hauts gradés qui font la loi et dictent leur haine à l'égard du voisin marocain, un pays stable, qui jouit du respect de la communauté internationale, qui a eu le courage d'amorcer des changements de fond sur la voie de la démocratisation, avec une nouvelle Constitution, de nouveaux objectifs de développement social, avec une collaboration étroite avec les grandes puissances occidentales pour faire régner la paix et la sécurité dans une région très instable.