La Comanav réalise un bénéfice net de 60 millions de dirhams au terme de l'exercice 2003. Des performances qui relancent l'opération de privatisation de cette entreprise. La Comanav revient de loin. D'après Mamoun Belghiti, administrateur directeur dénéral de la BMCE-Bank, qui s'exprimait lors de la présentation du bilan du groupe, vendredi 26 mars, la compagnie marocaine de navigation a dégagé un résultat net de 60 millions de dirhams au terme de l'exercice 2003. Une véritable performance pour une entité qui présentait tous les symptômes de la faillite à la fin de l'exercice 2000 avec, en prime, des charges d'exploitations jugées «incompressibles» par certains experts. Pour renflouer la compagnie, une restructuration de fond a été menée. Souvent au forceps. Un traitement de choc a d'abord concerné la flotte: de 15 navires à l'époque, avec 5 porte-conteneurs et 2 car-ferries, on est passé à moins de 7 aujourd'hui. D'une manière générale, l'entreprise s'est séparée de tous les actifs non nécessaires. D'autres investissements stratégiques ont été menés comme le rachat de la Limadet, «un beau placement», commente-t-on dans les parages de la direction. Sur un autre plan, la restructuration a concerné aussi les ressources humaines à travers un plan social consensuel et un programme de départs volontaires, opérés sans heurts. Les effectifs ont été ainsi réduits d'environ 45%. Des 1 300 employés à la fin 2001, il n'en reste plus que 700. Sur le plan comptable, ce dégraissage représente une économie directe de 70 millions de dirhams. Ce résultat 2003 cautionne surtout le plan de redressement de la compagnie. Après l'injection, en juin 2003, de 295 millions de dirhams, apportée par la BMCE et la CDG, qui détiennent chacun 20% des ventes, la Comanav s'était engagée dans un nouveau plan de développement. Il faut dire qu'au moment de la transaction, la compagnie marocaine n'était pas encore sortie de l'auberge avec des fonds propres sur le rouge (- 200 dirhams) et une dette financière de 700 millions de dirhams (dont la moitié garantie par l'Etat. C'est dire que le chemin qui reste à parcourir est à la fois long et difficile puisque l'environnement international du transport maritime est en pleine mutation, face à la concurrence de plus en plus agressive des grandes majors internationales. Si la Comanav s'est d'abord spécialisée sur le transport de marchandises, sur lequel l'innovation et l'évolution sont les plus difficile, il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, c'est sur le transport de passagers que se réalisent d'importantes percées. Ce segment représente la moitié de l'activité de la compagnie depuis la mise en place de nouvelles lignes avec l'Europe. D'autre part, ce retour à la normale bien enclenchée relance le programme de privatisation inscrit dans la loi de Finances 2004. Toutefois, la concrétisation de cette transition pourrait ne pas intervenir avant 2005, précise une source à la direction de la privatisation au ministère des Finances. D'ici-là, conformément au contrat-programme 2002-2005 signé ave l'Etat, la Comanav devra mener à bout son redressement. La logique de la privatisation, approuvée par l'actionnaire principal, qui détient 50% du capital de l'entreprise, aboutira à termes à un changement majeur. L'Etat jouera le rôle de régulateur et non d'opérateur direct. Ce qui aura pour effet d'entraînement, la mise à niveau du secteur. Ce retour à la normale ne passe pas inaperçue, puisque la Comanav parvient de nouveau à convaincre les opérateurs à l'étranger dans des projets d'envergure. Dernier projet en date, la soumission à l'appel d'offres pour l'exploitation du poste conteneur du port de Tanger-Med. La Comanav est chef de fil d'un consortium comprenant de grands opérateurs internationaux.