Le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, veut coûte que coûte faire passer sa loi sur les cliniques. Le projet de loi 131-13 relatif à l'exercice de la médecine a été passé au crible lors d'une réunion présidée, vendredi à Rabat par le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Ont pris part à cette réunion, le ministre de la santé, des représentants des groupes de la majorité à la Chambre des représentants ainsi que des hauts cadres du ministère de la santé. Dans un communiqué publié samedi, le ministère de tutelle explique avoir adopté une démarche participative et le dialogue afin d'aboutir à un consensus. Pour sa part, le chef de gouvernement a appelé les députés de la majorité à apporter leur soutien à ce projet de loi en faisant part de leurs remarques et propositions en vue de l'enrichir. Les différentes parties ont convenu de tenir d'autres réunions afin d'approfondir le débat et de dégager un projet intégré. Ce dernier servira de chantier de réforme et de restructuration du secteur de la santé. Ce projet de loi controversé permet l'ouverture des capitaux des cliniques aux investisseurs privés. Cette loi prévoit ainsi qu'une clinique peut appartenir à «une société de non-médecins ou de médecins et de non-médecins» ou encore à une personne morale de droit privé poursuivant un but non lucratif (art 58). Les opposants à la loi qui sont certes nombreux estiment que celle-ci porte atteinte à l'équité et au droit de santé pour tous. Et pour cause, seulement 35% des Marocains ont accès à l'assurance maladie. Autrement dit, la majorité sera dans l'incapacité de régler les dépenses de soins que leur feront subir les sociétés commerciales. Ils craignent aussi de voir les structures publiques se vider de leur personnel. En effet, bon nombre de médecins et infirmiers travaillant dans le public seront tentés de se diriger vers les cliniques privées, une fois libéralisées. Une situation qui risque d'aggraver davantage nos indicateurs de santé qui sont déjà dans le rouge. Rappelons qu'en vertu de la nouvelle loi, les investisseurs non praticiens doivent obéir à certaines règles. La décision médicale relève uniquement du ressort des praticiens comme le stipule clairement l'article 58, «la responsabilité de la direction médicale doit être confiée à un médecin inscrit au tableau de l'Ordre des médecins du secteur privé». Parmi les autres conditions à respecter, il y a lieu de relever que le projet de loi interdit aux propriétaires de cliniques et aux gestionnaires de s'immiscer dans les fonctions du directeur médical ou de lui ordonner des actes pouvant limiter ou affecter l'exercice de ses fonctions. En revanche, les affaires non médicales de la clinique seront gérées par un gestionnaire n'appartenant pas à la profession.