Les services de sécurité espagnols ont arrêté trois autres Marocains et un Espagnol dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid. Les quatre se seraient chargés de l'approvisionnement des terroristes en explosifs. L'enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid est en train de s'élargir à d'autres pays européens et prend des dimensions de plus en plus étendues avec la découverte de plusieurs ramifications qui confirment l'existence de liens avec les actes terroristes du 16 mai à Casablanca. Un lien dont l'indicateur essentiel demeure le principal accusé, Jamal Zougam, dont les relations avec des membres de la nébuleuse terroriste de la Salafiya Jihadia ont été prouvées et démontrées lors des perquisitions effectuées par la police espagnole dans le local commercial qu'il gérait au quartier Lavapiès à Madrid. Dans ce magasin spécialisé dans la vente de téléphones mobiles, la police a trouvé plusieurs preuves sur l'existence de liens entre Zougam et le chef de la cellule d'Al Qaïda en Espagne, Imad Eddine Yarkas alias Abou Dahdah, d'une part, et entre lui et les frères Abdelaziz et Salheddine Benyaïche respectivement arrêtés en Espagne et au Maroc et dont l'implication dans les attentats du 16 mai ne fait plus de doute pour les services de sécurité des deux pays, d'autre part. Partant de ces éléments, le juge d'instruction, Juan Del Olmo, a décidé l'incarcération des cinq premiers détenus dans le cadre des attentats de Madrid à savoir les trois Marocains Jamal Zougam, son demi-frère Mohamed Chaoui et Mohamed Bekkali, ainsi que les deux Indiens Suresh Kumar et Vinay Kholy. Cette décision a été prise par le juge espagnol après un premier interrogatoire des accusés. Selon des infirmations rapportées par la presse espagnole, les trois Marocains ont déclaré qu'au moment des attentats, ils étaient en train de dormir et qu'ils n'ont aucune relation avec ce qui s'est passé. S'agissant du principal accusé, Jamal Zougam, il aurait reconnu devant le juge d'instruction qu'il connaissait le chef de la cellule espagnole d'Al Qaïda, Abou Dahdah, mais il a précisé que leurs relations ne dépassaient pas le cadre d'une connaissance entre voisins. Il avança aussi la même allégation pour ce qui est de ses relations avec les frères Benyaïche. Répondant à une question sur les raisons des visites qu'il rendait à Abdelaziz Benyaïche à la prison, il expliqua qu'il s'agit d'ex-voisins qu'il a connus durant son enfance à Tanger. Outre ses contacts avec certains dirigeants de la Salafiya Jihadia, des rapports émanant de certains services de police européens confirment qu'il entretenait des liens avec plusieurs activistes d'Al Qaïda en Europe. Les services de sécurité norvégiens ont ainsi confirmé qu'il avait rencontré à deux reprises, en 1996 et en 2001, le mollah Krekar installé en ce pays. Scotland Yard affirme de son côté qu'il avait détecté sa présence sur le sol britannique à maintes reprises ce qui pourrait indiquer qu'il y aurait rencontré le Marocain Mohamed Guerbouzi que les services marocains considèrent comme l'instigateur des attentats de Casablanca. Il est à signaler que ce dernier, qui n'a jamais été arrêté par les services de sécurité britanniques malgré l'existence à son encontre d'un mandat d'arrêt international diffusé par le Maroc, a disparu de la scène, selon des informations rapportées par la presse locale. Par ailleurs, la police espagnole vient de mettre la main sur cinq autres accusés dont un Espagnol et quatre Marocains dont l'identité a été révélée par les autorités marocaines. Il s'agit des citoyens marocains résidant depuis plusieurs années en Espagne : Abderrahim Zbakh, né en 1971 à Tanger, résident marocain en Espagne, licencié en chimie en 1995 à la faculté des sciences de Tétouan et qui avait quitté le Maroc en 1999 à destination de l'Espagne ; Mohamed El Hadi Chedadi, né en 1966 à Tanger où il a effectué ses études secondaires avant de quitter le Royaume en 1985 à destination de l'Espagne ; Farid Oulad Ali, né en 1970 à Douar Ighil et qui a émigré en Espagne en 1997 où il exerce, depuis, dans le secteur du bâtiment en qualité d'ouvrier. Pour ce qui est du citoyen espagnol, il s'agit du fournisseur des explosifs qui auraient servi à la préparation des bombes. Selon les enquêteurs, il les aurait volés dans les dépôts d'une entreprise où il travaillait. Parallèlement à l'action menée par la police espagnole, les services de sécurité belges ont entamé une grande opération de recherche de personnes en relation avec les réseaux de la nébuleuse de la Salafiya Jihadia. Une opération qui a permis l'arrestation de quatre individus d'origine marocaine dont une personne recherchée par les autorités marocaines. Enfin, il est à signaler que l'enquête est en train de confirmer, au fur et à mesure qu'elle avance, qu'il y a eu une grande négligence de la part des services de sécurité espagnols qui ont fait pas donnés l'importance nécessaire aux informations qu'ils recevaient de leurs homologues marocains sur l'existence d'indices alarmants sur la préparation éventuelle d'agressions terroristes contre l'Espagne.