Une centaine d'empreintes digitales relevées dans la maison utilisée par les terroristes pour préparer les attentats de Madrid ont été communiquées aux services marocains de sécurité. Ces derniers ont mis à la disposition de leurs homologues espagnols des prélèvements d'ADN des membres de la famille de Mejjati, ce qui leur permettrait de vérifier s'il a séjourné dans ladite maison. Les experts de la police espagnole ont confirmé, hier, la découverte d'empreintes digitales du principal accusé dans les attentats du 11 mars à Madrid, le Marocain Jamal Zougam, dans la maison située à 34 km de la capitale espagnole et qui aurait servi à la préparation des sacs à dos piégés utilisés par les terroristes. Outre les empreintes, Zougam aurait été identifié par des témoins oculaires qui l'auraient vu descendre d'un train en direction de la capitale espagnole le jour des attentats. Ces témoignages ont été confirmés lors d'une séance d'identification officielle organisée en présence du juge chargé de l'enquête, Juan del Olmo, dans la prison madrilène où le Marocain a été incarcéré. Les empreintes de Zougam faisaient partie d'une centaine d'autres que la police a pu relever dans cette maison. Les autres sont en cours, selon des sources officielles. Ces empreintes constituent l'une des pistes les plus importantes qui pourraient conduire à l'arrestation de toute la filière qui aurait planifié et perpétré les attentats. Selon des sources informées, la police espagnole aurait sollicité la coopération des services de sécurité marocains dans l'identification des empreintes relevées à la maison de Morata de Tajuna. Un dossier composé de fichiers de toutes ces empreintes aurait été remis aux services de Renseignements marocains qui collaborent activement avec leurs homologues espagnols depuis les attentats afin de procéder à une comparaison avec les archives nationaux de la Direction générale de la sûreté nationale. De leur côté, les services de sécurité marocains auraient mis à la disposition des enquêteurs espagnols des prélèvements d'ADN de certains membres de la famille du chef présumé de la branche marocaine d'Al Qaïda et l'un des activistes les plus recherchés de celle-ci, le Marocain Abdelkrim Thami Mejjati. Ces prélèvements permettront aux services espagnols de vérifier si Mejjati aurait séjourné dans la maison de Morata de Tajuna en procédant à la comparaison avec des traces qui y ont été retrouvées. Rappelons que les enquêteurs ont découvert des indices très importants dans cette maison où auraient été préparées les bombes qui ont fait 190 morts le 11 mars dans quatre trains dans la capitale et deux gares de la banlieue. Isolé dans un endroit de la campagne aux environs de Madrid, le chalet a été fouillé vendredi par la police, après une semaine d'observations dans l'espoir d'intercepter d'éventuels visiteurs. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur Angel Acebes, qui insistait devant les médias durant les deux premiers jours après les attentats sur l'implication de l'ETA a avoué dans un entretien publié hier par le quotidien espagnol ABC, qu'aucun indice n'incrimine l'organisation basque dans ces attentats. Dans le volet judiciaire, le juge chargé de l'enquête, Juan del Olmo devait interroger hier, les six derniers suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête sur les attentats. Rappelons que, vingt jours après les attentats, l'enquête avance au pas de charge. Le juge del Olmo a déjà incarcéré douze suspects et en a innocenté deux. Pour ce qui est des six restants, leur identité n'avait encore été révélée hier mais des informations rapportées par la presse espagnole affirment que la majorité seraient d'origine marocaine. En somme, l'enquête confirme jour après jour que les terroristes ayant perpétré le massacre du 11 mars ont une relation étroite avec des groupes islamistes d'origine marocaine et ayant une affiliation directe avec le réseau d'Al Qaïda. Toutefois, l'inconnue principale qui préoccupe le plus les enquêteurs est de déterminer si les attentats ont été commanditées par des dirigeants d'Al Qaïda où s'il s'agit d'une initiative du groupuscule marocain qui serait devenu autonome.