La tendance est à l'expulsion «volontaire» dans la fonction publique. Ce n'est pas une blague ni une intox mais bel et bien une réalité dans l'administration marocaine qui veut que les fonctionnaires cherchent à se faire volontairement radier. Selon le ministère délégué chargé de la fonction publique, ils sont de plus en plus nombreux à chercher à quitter l'administration publique sans demander une retraite anticipée en se faisant expulser de l'administration. Pourquoi ? Tout simplement parce que les fonctionnaires expulsés de l'administration ont une pension meilleure que ceux qui choisissent la retraite anticipée. Concrètement, les radiés bénéficient immédiatement d'une pension calculée sur un taux de 2,5% du dernier salaire perçu alors que les bénéficiaires de la retraite anticipée ont un taux d'à peine 2%. Et le phénomène a pris de l'ampleur ces quatre dernières années. «Selon les statistiques de la Caisse marocaine de retraite (CMR), cette situation a généré une hausse du nombre des fonctionnaires radiés en conservant le droit à une pension de retraite. Leur nombre est passé de 2 cas en 2008 à 4 en 2010 avant de bondir à 175 en 2011 puis à 210 cas en 2013», soulignent les responsables au ministère de tutelle. Et de poursuivre : «Cette hausse est due au recours de certains affiliés à la CMR remplissant les conditions nécessaires (21 ans de travail effectif pour les hommes et 15 pour les femmes fonctionnaires) à quitter la fonction publique sans déposer une demande de retraite anticipée et bénéficier ainsi d'un taux de 2,5%». Mais les radiés ne sont pas les seuls à bénéficier d'une telle situation. Il y a également les fonctionnaires qui démissionnent et ceux qui sont mis en retraite pour insuffisance de compétences professionnelles. Aujourd'hui, le gouvernement veut changer la donne. Un projet de loi complétant et modifiant le régime des pensions civiles au niveau de la CMR est prêt. L'Exécutif va amender l'article 44 de la loi en vigueur qui a généré cette faille aujourd'hui exploitée par certaines personnes de mauvaise foi. Cela dit, le changement ne portera pas sur le taux de calcul de 2,5% pointé du doigt par les responsables. La modification de la loi va juste repousser la perception de la pension pour les radiés, les démissionnaires et les mis en retraite pour insuffisance de compétences professionnelles. Ces derniers ne percevront leur pension qu'une fois arrivés à l'âgé légal de la retraite qui est aujourd'hui de 60 ans. Mais la manière et le timing de l'élaboration du projet de loi poussent à croire que le gouvernement veut anticiper la réforme de la retraite annoncée en verrouillant plus le système. Alors que l'âge légal de départ à la retraite pourrait être fixé à 62, voire 65 ans, la nouvelle loi dissuaderait ceux qui voudraient partir en retraite tôt et percevoir de surcroît une pension calculée sur un taux avantageux de 2,5%.