Abonné aux grands tournois internationaux depuis le tournant du siècle et porté au Brésil par un Cristiano Ronaldo au sommet de son art, le Portugal parviendra-t-il enfin à atteindre une finale de Coupe du monde? Dans leur quête d'une route maritime vers les Indes, les navigateurs portugais du XVe siècle ont dû s'y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir donner au cap des Tourmentes le nom de cap de Bonne-Espérance qu'il porte aujourd'hui sur les cartes d'Afrique du Sud. Lors du mondial africain de 2010, la géographie et l'histoire n'ont pourtant pas porté bonheur à l'équipe du Portugal, éliminée par l'Espagne en huitièmes de finale, soit à deux marches des meilleurs résultats de son histoire en Coupe du monde: les demi-finales perdues de 1966 et 2006. Le Brésil, dont la "découverte" en 1500 a assuré la prospérité de l'empire colonial portugais, offrira peut-être à la génération de Ronaldo le sésame qui s'est refusé à celle d'Eusébio, icône disparue cette année à l'âge de 71 ans, puis à celle de Luis Figo, les deux autres Ballons d'or ayant porté le maillot grenat. D'autant que le souvenir d'une très honorable demi-finale de l'Euro-2012 reste encore frais. Eliminés à nouveau par l'Espagne, les Portugais avaient succombé face aux champions d'Europe et du monde en titre à la loterie des tirs au but. Enfin à la hauteur des attentes avec son équipe nationale, Cristiano Ronaldo avait été l'élément-clé de ce beau parcours en enchaînant les performances et en marquant trois buts, dont un doublé face au Pays-Bas. Car avant d'éliminer la République Tchèque en quarts, avec un nouveau but signé "CR7", le Portugal avait dû rebondir après sa défaite face l'Allemagne afin de survivre au groupe de mort, au dépens des Pays-Bas et du Danemark. Pas favoris, mais attention Au Brésil, les Lusitaniens n'ont pas été beaucoup plus gâtés par le tirage au sort et c'est à nouveau contre l'Allemagne qu'ils entreront en lice le 16 juin, avant d'affronter les Etats-Unis puis le Ghana. "L'Allemagne est l'équipe la plus forte du groupe, mais il faut se souvenir de la façon dont nous nous étions battus contre eux à l'Euro-2012", une rencontre où les Portugais se sont inclinés 1-0 après avoir frappé deux fois les montants germaniques, rappelle le sélectionneur Paulo Bento. Selon lui, les candidats à la victoire au Mondial-2014 sont le Brésil, l'Espagne, l'Allemagne et l'Argentine. "Le Portugal ne doit pas figurer parmi les favoris. Mais attention: si on me demande si nous pouvons les battre, je réponds que oui", avance-t-il. L'arrivée de Bento à la place de Carlos Queiroz, dans la foulée d'un Mondial-2010 décevant, n'a pourtant pas interrompu la série de qualifications laborieuses en passant par la case barrages pour le troisième tournoi consécutif. "On a du mal à gérer les matches qui penchent en notre faveur et à surmonter des adversaires plus faibles", dit-il pour justifier la deuxième place en poule qualificative, derrière la Russie. Mais Ronaldo a encore une fois répondu présent au moment des grandes décisions en se surpassant face à la Suède de Zlatan Ibrahimovic, qu'il a écartée du mondial brésilien à lui tout seul avec un but gagnant à l'aller et un triplé d'anthologie au retour. Soucieux d'assurer la stabilité du groupe, Bento a reconduit 16 des 23 joueurs qui avaient disputé l'Euro-2012 et les sept nouveaux ne devraient pas bousculer une équipe-type qui n'a pas évolué depuis deux ans. La grande question sera donc plus que jamais de savoir si Cristiano Ronaldo surgira en pleine forme malgré ses récents pépins physiques. Il arrivera en tout cas avec le moral au beau fixe, après la victoire en Ligue des Champions avec le Real Madrid.