La déclinaison solidaire du Plan Maroc Vert connaît un rythme d'exécution accéléré. Six ans avant la date d'échéance, le nombre de projets développés dans le cadre de l'agriculture solidaire dépasse les prévisions, profitant ainsi à 84% de la population initialement ciblée. Le pilier II, dont les engagements arriveront à terme en 2020, franchit à fin mars 2014 un seuil d'investissement de 6,3 milliards de dirhams. 492, tel est le nombre de projets lancés depuis 2010, soit 720.000 bénéficiaires et 733.000 hectares exploités. La moyenne de projets engagés, sur les quatre dernières années, est de 90 projets pour plus de 140.000 bénéficiaires par an. «Ces résultats positifs traduisent parfaitement la pertinence du pilier II du plan Maroc Vert. Grâce au déploiement de projets techniquement faisables et économiquement viables nous avons pu respecter nos engagements et améliorant ainsi la productivité des petits producteurs», se félicite dans ce sens Mohamed El Guerrouj, directeur général de l'Agence pour le développement agricole (ADA), en marge d'une rencontre tenue, jeudi 10 avril, à Casablanca. Les retombées de ces réalisations sont d'ores et déjà visibles. Pour un investissement total d'un demi-milliard de dirhams, la trentaine de projets à ce jour achevés a contribué au redressement de la situation de 18.000 hommes et femmes exploitant près de 79.000 hectares. Les estimations tournent autour d'une amélioration de 32% de leurs revenus par rapport à ce qui a été observé à fin 2013. Ces chiffres viennent donc réconforter l'ADA et l'ensemble des opérateurs qui lors de la mise en œuvre du pilier II ont dû faire face à d'importants défis. «Le principal enjeu fut pour nous de pouvoir fédérer les petits agriculteurs autour d'une organisation professionnelle et de mobiliser les superficies nécessaires. Ces défis n'ont pu que renforcer et pérenniser nos projets qui se concrétisent aujourd'hui sous de bonnes bases», ajoute M. El Guerrouj. Et de révéler qu' «uniquement 3% des projets engagés ont été interrompus». Selon le directeur de l'ADA, les raisons restent relatives au désistement des agriculteurs ou aux facteurs complexes inexistants lors de l'étude de faisabilité. Inscrit dans le cadre des plans agricoles régionaux, le pilier II a pu révéler le potentiel agraire d'un grand nombre de zones fragiles telles que les montagnes, oasis, plaines et plateaux semi-arides. Cinq régions se sont distinguées à fin mars 2014. «Les 447 projets en cours de la mise en œuvre à fin mars se concentrent essentiellement à Tanger-Tétouan (16%). Les régions de Taza-Taounate Al Houceima, Souss-Massa Drâa et Meknès-Tafilalet totalisent 10% des projets contre 9% pour Marrakech-Tensift-Al Haouz», apprend-on de l'ADA. En termes d'investissement, les cinq régions se voient allouer une enveloppe budgétaire de 6,65 milliards de dirhams sur les 12,68 milliards de dirhams prévus à l'horizon 2020. Dès le début, le pilier II du Plan Maroc Vert a misé sur la diversification des filières, notamment l'extension des superficies implantées. Par déclinaison, la filière oléicole se situe en tête, accaparant 33% en nombre total de projets et 31% en termes d'investissement. L'objectif de départ cible une superficie de 1,2 million d'hectares à l'horizon 2020. Ainsi à fin mars 2014, la filière oléicole a atteint 33% de la superficie totale ciblée. En s'appuyant sur ces réalisations, M. El Guerrouj a indiqué à ALM que l'ADA maintiendra sa démarche d'actualisation promue lors du lancement des plans agricoles régionaux, répondant ainsi à la demande effective de la population des petits agriculteurs sur le terrain. Plus de 200.000 hectares plantés Sur les 227.471 hectares plantés à fin mars, 172.000 ha ont été dédiés au secteur de l'oléiculture. La superficie plantée en cactus a atteint les 27.700 hectares au moment où celle de l'amandier s'est située autour de 18.600 hectares. En termes de plantation, trois régions ont dominé le classement. Taza-Al-Hoceima Taounate, Tanger-Tétouan et Marrakech-Tansift-Al Haouz ont vu leur plantation atteindre une moyenne de 50.000 hectares. Il est utile de souligner que quatorze régions sont concernées par la plantation. Cette composante fait ressortir une prédominance de 5 régions. En outre des trois régions précitées s'ajoutent l'Oriental et le Tadla-Azilal ayant ainsi planté une superficie totale de 181.626 hectares. Les prévisions initiales du Pilier II ciblent la plantation de 132.000 hectares d'amandier à l'horizon 2020 ainsi que 3 millions de plants tel que prévus dans le cadre du programme de plantation du palmier dattier. Bonne dynamique des aménagements hydroagricoles et pastoraux Les réalisations hydroagricoles à fin mars démontrent un bon rythme de réalisation. L'ADA fait état de 68.709 hectares aménagés en petite et moyenne hydraulique. L'essentiel des aménagements se concentre dans les régions de Guelmim-Smara, Marrakech-Tensift-Al Houaz et Meknès-Tafilalet. Ces zones ont accaparé 62% des réalisations. L'aménagement pastoral concerne pour sa part la plantation d'espèces fourragères pérennes. Dans ce sens, 8.360 hectares d'artiplex ont été plantés et 228 points d'eau pour abreuvement du cheptel ont été aménagés. S'agissant d'achat d'animaux et acquisition des ruches, 6.346 têtes de petits ruminants ovins et caprins ont été distribuées ainsi que 31.253 ruches pleines et vides et 30.400 poulets « b'ldi ». Le terroir : Produit-phare du Pilier II
En vue de promouvoir le terroir, l'ADA a créé une direction dédiée au développement et la commercialisation de ces produits. L'agence a par ailleurs initié en 2013 un programme de mise à niveau de 50 groupements d'exploitants, et ce en vue d'améliorer la production et la qualité des produits et de perfectionner le mode de gouvernance des différentes organisations d'agriculteurs. A cet égard plusieurs actions ont été menées. Citons dans ce sens le développement de partenariat de valorisation et commercialisation avec des opérateurs privés. Ainsi 200 produits ont été référencés dans les grandes et moyennes surfaces au profit de 29 groupements. En termes de labélisation, le ministère a reconnu par ailleurs 15 signes distinctifs d'origine de qualité, à savoir l'argan, le safran, l'huile d'olive, la rose de Kalâat Magouna, la clémentine, le fromage de chèvre, les dattes et les grenades. Sous un autre volet, 139 unités de valorisation ont été créées. Les unités de trituration, de conditionnement et les centres de collecte du lait constituent les deux tiers des unités construites. Les efforts du ministère dans l'accompagnement du petit fellah Le Conseil agricole boosté 1 conseiller pour 1.350 agriculteurs à l'horizon 2015, contre 1 pour 3.800 agriculteurs à ce jour. C'est ainsi que le ministère de tutelle compte activer davantage le processus de vulgarisation mis en place. Cette stratégie, sous sa nouvelle appellation «Conseil agricole» vise la modernisation des structures de proximité, des outils de communication et la gestion de la connaissance pour garantir un service de proximité de qualité. L'assurance agricole, un succès Pour uniquement 26 DH/ha, le petit agriculteur arrive maintenant à assurer son exploitation grâce aux efforts fournis par l'Etat, les cotisations du petit fellah de l'assurance agricole sur les céréales et légumineuse sont subventionnées à hauteur de 90%. En partenariat avec la Mutuelle agricole marocaine d'assurance (MAMDA), l'Etat a signé une convention relative au multirisque permettant ainsi aux petits fellahs de bénéficier d'un appui financier important et d'accéder au produit dans des conditions très avantageuses. La contribution de l'Etat se situe entre 53 et 90% en fonction du niveau de garantie. Ce produit a couvert une superficie de 300.000 hectares dès la compagne 2011-2012, avec un objectif de 1 million d'hectares en 2015. Aussi, un nouveau produit d'assurance est attendu en 2014 et baptisé «Programme de garantie de l'arboriculture fruitière». Un financement adapté Pour faire face aux problèmes rencontrés par le petit fellah pour le financement de ses projets agricoles, l'Etat, en partenariat avec le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM), a créé la société de financement pour le développement agricole «Tamwil El Fellah», qui répond aux besoins de financement par l'octroi de crédit à un taux d'intérêt de 8% sur le court terme et 8,5% sur le moyen et long termes pour un capital allant jusqu'à 100.000 dirhams par exploitation et par an et ce moyennant un fonds de garantie de l'Etat à hauteur de 60%. Et ce n'est pas tout… Des actions d'appui complémentaires sont intégrées en tant que composantes des projets de pilier II pour subvenir aux besoins financiers des petits agriculteurs (acquisition d'animaux, distribution des ruches, achat de petit matériel et autres). Ainsi, des sessions de formation sont organisées au profit des petits agriculteurs selon les besoins. Des assistances techniques sont également mobilisées pour accompagner les bénéficiaires durant l'exécution des composantes des projets de pilier II, à noter qu'une enveloppe dépassant les 300 millions de dirhams a été allouée en 2010.