Suranné l'image d'Aznar, de Blair et de Bush triomphants devant la victoire militaire en Irak, le temps d'un week-end à la Maison Blanche. La défaite du parti populaire est aussi le désaveu d'un choix impopulaire. Réactions. Le petit mot de Georges W. Bush était particulièrement attendu par les médias après la défaite du parti populaire espagnol. Prenant la mesure de l'événement, le Texan, visiblement affecté par cette défaite inattendue, a été plutôt sobre. «Nous avons perdu un ami», dira-t-il tout juste à propos d'un homme pour qui le glas a sonné juste après l'attentat de Madrid. Les stratèges du Pentagone ont tourné la page Aznar, avant même que celui-ci ne quitte officiellement ses fonctions. L'urgence pour Bush, selon les médias américains, est de trouver un compromis avec le futur chef de gouvernement espagnol à propos du maintien des 1 300 soldats en Irak. Pendant ce temps, à Londres, on tente aussi de voir clair dans cette défaite électorale qui concerne tous les alliés quand on connaît que l'ombre d'Al Qaïda, l'ennemi suprême, a beaucoup influencé les votants. Aussi pendant que le secrétaire britannique au Foreign Office, Jack Straw, visiblement sous le choc, expliquait dans les colonnes du «Financial Times», que l'engagement en Irak n'est pas la cause de la recrudescence du terrorisme, Tony Blair, lui, cherchait les mots pour féliciter le socialiste Zapatero. Exercice plutôt difficile, d'autant que le futur Premier ministre espagnol a , dans l'une de ses premières déclarations, critiqué justement George Bush et Tony Blair, les appelant à faire «leur autocritique», sur la guerre en Irak. Tout le flegme britannique a été nécessaire à Peter Hain, ministre des affaires européennes, pour déclarer, du bout des lèvres, que son pays « continuerait à travailler côte à côte avec l'Espagne, notamment dans les efforts de Washington dans sa guerre en Irak. Autre allié des USA, le Japon où le parti au pouvoir est en train «d'analyser le résultat des élections espagnoles ». C'est en ces termes que les officiels ont refusé hier de se prononcer sur l'impact de l'engagement de Madrid en Irak et le résultat des élections en Espagne. «Nous n'avons rien à dire tant que nous n'aurons pas analysé le résultat des élections espagnoles», a déclaré un porte-parole du gouvernement. D'après les analystes, il est fort probable que la défaite-surprise des conservateurs espagnols entraîne quelques interrogations au sein du parti libéral démocrate au pouvoir dans l'archipel. Objectif immédiat : tout faire pour que le dossier de l'Irak ne s'invite pas dans les prochaines sénatoriales prévues en juillet. Dans le camp des antiguerre, les réactions sont plus explicites. Gauche et Droite font le même commentaire en France et en Allemagne, la Russie étant occupée par ses propres élections. Le peuple espagnol «s'est vengé» a affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande. Même sentiment pour Dominique de Villepin. «Les Espagnols ont fait «le choix de la vérité» en sanctionnant le parti populaire de José Maria Aznar. Un retournement sans précédant dans l'histoire et qui laisse pantois tous les instituts de sondage. «Jamais dans l'histoire de la démocratie, un parti n'est passé de la majorité absolue à l'opposition», lit-on dans l'éditorial «d'El Mundo», alors que toutes les chaînes de télévision du Monde passaient en boucle l'image d'un Aznar sortant des urnes, hué par une foule qui criait au mensonge et retenant à peine ses larmes. Image désormais d'archives.