ALM : Quelles sont les missions de l'APEFE au Maroc et de quelle enveloppe globale est-elle dotée pour mener à bien ses missions ? Benoît Stievenart : Les missions de l'APEFE sont multiples. Déjà, le programme vise l'éducation et la formation professionnelle tant formelle qu'informelle. La gouvernance et la conduite des affaires publiques en matière institutionnelle, administrative et judiciaire représente un autre axe d'action de notre centre d'expertise. Tertio, l'amélioration des différentes filières, économiques et commerciales, y compris agricoles, agroalimentaires et culturelles, locales et régionales, en lien avec l'émergence locale d'un tissu de PME fait partie de notre priorité. La problématique de l'environnement, de la disponibilité de l'eau et de son assainissement, est également retenue dans notre cahier des charges. Enfin, l'amélioration des politiques de santé dans leurs composantes, à savoir la sensibilisation, la formation et la prévention, représente un domaine non négligeable faisant partie de notre champ d'action. Pour le Maroc, l'APEFE souhaite mettre en place le premier programme pilote de la nouvelle génération sur le développement de l'entrepreneuriat féminin au Maroc. Le Maroc étant le partenaire idéal vu la longue et fructueuse coopération menée depuis 15 ans. L'enveloppe de l'Association par an est de près de 500.000 euros. Tout particulièrement, le programme Min Ajliki vise à accompagner les femmes entrepreneures dans l'assistance technique et le financement. Quelle enveloppe budgétaire a été consacrée à cette action et quels sont les critères d'éligibilité pour bénéficier de cette aide? Le budget global s'élève à 6 millions d'euros. Nos partenaires marocains y contribuent à hauteur de 60%. Cette contribution est évaluée sur base de leurs ressources et moyens alloués au programme Min AJliki. Quant aux critères d'éligibilité, il est important de signaler que le programme Min Ajliki est ouvert à toutes les femmes entrepreneures actives ou potentielles, qu'elles soient chefs d'entreprises ou souhaitant développer leurs compétences managériales, qu'elles disposent d'idée de projet et souhaitant la concrétiser ou qu'elles disposent d'une activité économique informelle et souhaitant la formaliser. Vous avez ciblé pour l'heure des femmes entrepreneures par le biais de l'AFEM. Sur quelle base votre partenariat avec l'association a-t-il été mis en place pour son fonctionnement? L'APEFE intervient dans le soutien à la mise en place du premier Centre de formation par apprentissage (ndlr : CFA - Casablanca) sur l'entreprenariat féminin. Ce centre permettra la formation de 80 femmes par an par les formateurs de l'ANAPEC (ndlr : convention avec le département de la formation professionnelle). Dans le cadre du programme également, nous avons procédé au financement du matériel mobilier et informatique et de la rénovation du bâtiment pour le CFA. Le programme permettra également la mise en place de trois incubateurs situés à Casablanca, Tanger et Meknès. Ces incubateurs vont recevoir chacun 45 entreprises féminines incubées par cycle de 18 mois. Ces incubées vont bénéficier également d'un accompagnement par des conseillers spécialisés. Il n'est toujours pas évident de mesurer les impacts de tels projets. Avez-vous des outils au sein de votre organisation qui vous permettent de mesurer les résultats de vos actions? Comme pour tous les projets de l'APEFE, le suivi de l'atteinte des objectifs assignés et le jalonnement des activités du projet sont la finalité de la mise en place des indicateurs de suivi et d'évaluation. Ces derniers constituent des éléments de mesure synthétique permettant d'évaluer les écarts entre l'objectif à atteindre et la situation relevée à un instant, en vue de prendre des décisions et d'engager les actions requises. Ainsi, pour suivre l'atteinte des objectifs d'impact du programme et apprécier le niveau d'atteinte des objectifs et résultats attendus, l'évaluation se réalise par rapport à des valeurs de référence issues de la Base Line. La Base Line est l'ensemble des valeurs des indicateurs qui permettent d'avoir une «photographie» de la situation «avant-programme». Celle-ci constitue le cadre de référence permettant d'apprécier les résultats et l'impact de celui-ci et de mieux connaître les conditions qui préexistent au programme avant son démarrage. Dans le cadre de notre programme, aucune étude scientifique n'a été réalisée en dehors de celle de l'AFEM. La Base Line liée au programme pour les indicateurs est définie depuis troisième trimestre 2013. Nous disposons d'un tableau des indicateurs et sources de vérification. Un assistant technique responsable de la capitalisation, suivi et évaluation du programme est engagé sur le programme. Les indicateurs des progrès du programme dans l'atteinte de son objectif spécifique sont également présents dans le programme. Qu'en est-t-il des sources de vérification et méthodes de mesure ou de recueil de données ? Dans le cadre du programme, l'APEFE a financé la mise en place d'un pro logiciel à l'ANAPEC. Ce partenaire aura la gestion de celui-ci et devra fournir un accès aux différents partenaires. Ce système permettra, entre autre, d'intégrer l'ensemble des données du programme et permettra des cartographies en temps réel. Le label de formation, certification des formations, par le département de la formation professionnelle, suivie par les femmes va également permettre de quantifier les résultats aux objectifs du programme. D'autres éléments de vérification comme les copies des statuts juridiques ou registre de commerce et attestations de travail ou organigramme permettront la vérification des objectifs spécifiques. Enfin, les listes de présence, listes d'accueil, liste des femmes inscrites aux formations, les business plan, les fiches d'accompagnement, les listes de certifications, précédemment citées, les listes de crédits ou financement, le pro logiciel, le site Internet du programme, et les comptes rendus seront également des sources de vérification.