Chaque année, sur les 600.000 nouveau-nés au Maroc, 12.000 décèdent ainsi que 700 mères lors de l'accouchement. A ces drames s'ajoutent aussi quelque 12.000 handicaps chez les mamans et près de 24.000 handicaps néonataux souvent neurologiques sévères. Ces chiffres plus qu'alarmants ont poussé l'Association Al Hayat-Chaînes de Vie à mener une campagne nationale de grande envergure pour la prévention de la mortalité des nouveau-nés. Le lancement officiel de cette opération placée sous la présidence d'honneur de Son Altesse la Princesse Lalla Zineb, a été donné le mardi 25 février à Casablanca en présence de Rachid Benmokhtar, ministre de l'éducation et de la formation professionnelle, Mohamed Amine Sbihi, ministre de la culture, Nadia El Guermai, gouverneur coordinatrice nationale de l'INDH, Regina de Dominicis, représentante de l'Unicef au Maroc, des représentants du ministère de la santé ainsi que d'autres personnalités œuvrant pour la protection et les droits des enfants. Comme à l'accoutumée, la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui, a brillé par son absence lors de cet événement. Cette campagne qui a nécessité plus de 3 ans de travail est destinée à sauver jusqu'à 10.000 nouveau-nés à travers 4 simples gestes (chaînes de vie) concernant l'hygiène, la chaleur, la respiration et l'allaitement maternel (voir encadré). «Le simple respect de ces règles permettra de réduire de près de 75% la mortalité et la morbidité maternelles et néonatales», a indiqué Pr Moulay Idriss Alaoui, président de l'association Al Hayat-Chaînes de Vie. Ce dernier n'a pas manqué de mettre en exergue les efforts menés dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile tout en faisant remarquer que le combat est loin d'être terminé. Le Maroc doit réduire d'ici fin 2015 la mortalité maternelle à 50 pour 100.000 naissances vivantes et la mortalité infanto-juvénile à 28 pour 1.000 naissances vivantes. Pour sa part, le ministre de l'éducation nationale a reconnu que les indicateurs de la santé et de l'éducation étaient dans le rouge. «Les baisses de la mortalité infantile et maternelle pourraient permettre à notre pays de changer pratiquement de catégorie concernant l'indice de développement humain», a-t-il fait savoir. Rappelons à ce sujet que le Maroc est classé 130ème sur 186 dans le classement du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Il figure ainsi dans le groupe C , soit la dernière catégorie. Lors de cette rencontre, M. Benmokhtar a fait savoir qu'il comptait intégrer ces 4 chaînes de vie dans les manuels scolaires pour sensibiliser les filles et les garçons dès leur plus jeune âge et intégrer dans les esprits ces simples gestes qui peuvent sauver la vie de milliers de nouveau-nés. Le ministère compte ainsi travailler en étroite collaboration avec l'association pour arrêter un programme continu de sensibilisation des élèves et des enseignants. De son côté, la représentante de l'Unicef au Maroc, Regina de Dominicis, a déploré le manque d'hygiène qui est à l'origine de 10% des décès maternels. «Les pneumonies et les diarrhées représentent encore près de 21% des décès des enfants de moins de 5 ans», a t-elle indiqué. Pour informer le grand public des bénéfices des 4 chaînes de vie, l'association n'a pas lésiné sur les moyens. Grâce à un don de 500.000 dollars du laboratoire Merck, 8.200.000 flyers seront distribués par les réseaux des régies d'électricité, par l'ONEE et par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). En outre, 300.000 affiches seront collées dans les salles de classe. Des affiches seront apposés sur les murs des gares, des lieux de réunions des ouléma, des bureaux des syndicats, des pharmacies et des médecins privés….De grandes entreprises privées informeront leurs employés des gestes à suivre pour sauver de nouvelles vies. Lutte contre la mortalité infantile : L'OMS optimiste L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le Royaume est sur la bonne voie pour réduire de 70% la mortalité infantile et de 82% la mortalité maternelle d'ici 2015, par rapport au niveau de 1990. C'est ce qui ressort d'une publication parue le mois dernier sur son site Internet. D'après l'OMS, des efforts importants ont été réalisés durant les deux dernières décennies. Le taux de mortalité infantile a régressé de 60% entre 1990 et 2011. Il en va de même pour le taux de mortalité maternelle qui a chuté de 60% en 20 ans. Rappelons que l'objectif fixé par le ministère de la santé étant de réduire la mortalité maternelle de 112 à 50 décès pour 100.000 naissances vivantes et la mortalité néonatale de 19 à 12 décès pour 1.000 naissances vivantes d'ici 2016. L'OMS reconnaît que malgré des progrès considérables enregistrés, de nombreux obstacles persistent. Encore 54 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dont 51 avant l'âge de 1 an et 33 avant d'atteindre l'âge d'un mois. Sur 1.775 femmes qui tombent enceintes chaque jour, 266 nécessitent une intervention obstétricale d'urgence et 2 femmes en meurent. Le plan quinquennal (2012-2016) du ministère de la santé est destiné à accélérer la réduction de la mortalité infantile et maternelle. Le ministre de la santé souhaite à travers ce plan atteindre 90% de couverture en consultation prénatale (CPN) et 90% d'accouchements en milieu surveillé.
Formation de 1.050 sages-femmes en 2014 Cette campagne de grande envergure est destinée à former des sages-femmes à ces gestes simples et peu coûteux. L'association Al Hayat –Châines de Vie a déjà formé plus de 950 sages-femmes. Elle compte en former plus de 1.050 en 2014 à travers les 9 régions ciblées par le ministère de la santé. Ainsi, les 2.000 sages-femmes en exercice pourront s'appliquer à respecter les 4 gestes de la vie. Rappelons qu'au Maroc, on compte seulement 5 sages-femmes pour 1.000 habitants alors que le minimum requis selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 6/1000. Ainsi, le Maroc figure parmi les pays qui connaissent une grave pénurie de sages-femmes. Les quatre gestes de la vie 10.000 nouveau-nés peuvent être sauvés chaque année en adoptant de simples gestes appelés les « quatre Chaînes de la vie ». Ces 4 gestes concernent l'hygiène, la chaleur, la respiration et l'allaitement maternel. - L'hygiène Le nouveau–né risque de mourir ou de rester handicapé à cause d'infections contractées lors de l'accouchement. Plus de 30% des décès des nourrissons sont dus au manque d'hygiène. Ces décès pourraient être évités en exigeant des sages-femmes de respecter l'hygiène de la maman, de se laver les mains et les avant-bras à l'eau et au savon et de ne porter ni bague, ni bracelet, ni vernis. - La chaleur A sa naissance, le bébé risque de mourir uniquement par manque de chaleur. S'il reste mouillé, dans l'ambiance souvent froide de la salle d'accouchement, sa température de 37,5 degrés va chuter d'un demi degré par minute. Si elle atteint 34 degrés, le nouveau-né meurt alors qu'il suffirait de chauffer la salle d'accouchement et de mettre le bébé peau contre peau, avec le corps de sa maman. - La respiration Privées d'air, les cellules du cerveau du nouveau-né vont se détruire rapidement les unes après les autres et entraîner des handicaps cérébraux et moteurs irréversibles. Ces handicaps pourraient être évités en aspirant tout simplement les sécrétions de sa bouche puis de son nez et en stimulant sa respiration en tapotant ses pieds ou en caressant son dos. - L'allaitement maternel
L'allaitement maternel permet de sauver les mamans des hémorragies. Dès la première tétée, l'utérus de la maman va se contracter et empêcher l'hémorragie. L'allaitement permet également de prémunir les bébés de nombreuses affections et allergies. C'est pourquoi, l'allaitement exclusif du nourrisson au sein est conseillé jusqu'à l'âge de 6 mois. L'OMS estime que 3.500 vies pourraient être sauvées chaque jour si les bébés étaient nourris au sein durant les premiers mois de leur vie.