Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Faible capacité d'accueil et manque de ressources humaines, principaux défis à relever Santé : Lancement officiel de la campagne nationale "Sauvons 10.000 nouveaux-nés"
La campagne nationale "Sauvons 10.000 nouveaux-nés", placée sous la présidence d'honneur de SA la Princesse Lalla Zineb, a été officiellement lancée, mardi à Casablanca. Initiée par l'association Al Hayat-chaînes de vie, cette campagne s'inscrit dans le cadre du plan d'action national pour l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Elle aspire également à concourir à atteindre des Objectifs de développement du Millénaire (OMD), principalement les objectifs 4, à savoir réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans, et 5: Améliorer la santé des mères. L'association Al Hayat-chaînes de vie, en accord avec les données et la littérature internationale traitant de la maternité sans risque, propose l'application rigoureuse des quatre chaînes de vie lors de tout accouchement pour réduire de près de 75 pc les risques de mortalité et de morbidité maternelles et néonatales: chaîne de l'hygiène, chaîne de la chaleur, chaîne de la respiration et chaîne de l'allaitement maternel. La cérémonie de lancement officiel de cette campagne s'est déroulée en présence notamment de membres du gouvernement, de gouverneurs, de représentants de missions diplomatiques accréditées au Maroc, de l'UNICEF, de l'initiative MSD for Mothers et de L.D.S Charities, ainsi que de professionnels de la santé. Toutefois, La faible capacité d'accueil et le manque de ressources humaines sont les principales entraves au bon fonctionnement des maternités, a estimé le professeur Chafik Chraïbi, chef de service de gynécologie obstétrique à la maternité des Orangers de Rabat. Dans un entretien accordé à la MAP à l'occasion du lancement de la campagne nationale sur la prévention des risques de mortalité des nouveau-nés au Maroc "Sauvons 10.000 nouveau-nés", le professeur Chafik Chraïbi, chef de service de gynécologie obstétrique à la maternité des Orangers de Rabat a relevé que "la cadence élevée" du travail au sein des maternités dépasse les capacités d'activité des équipes médicales, une situation qui contribue, parfois, au non-respect de certains gestes simples, qui sont de nature à sauver la vie des mères et des nouveau-nés. Manque d'anesthésistes et de l'absence de pédiatres Le respect des normes d'hygiène, la régulation thermique du nouveau-né, l'assistance respiratoire ou encore l'allaitement sont des gestes pourtant simples dont l'application est une question de vie ou de mort, a-t-il dit, en affirmant que la nécessité de respecter ces gestes de base, acquis en cours de formation, est constamment rappelée et de manière régulière au corps médical. Evoquant la situation à la maternité des Orangers, Dr Chraïbi a relevé que cet établissement souffre d'un manque d'anesthésistes et de l'absence de pédiatres, dont la présence est nécessaire lors de l'accouchement. Du coup, les infirmières se chargent de l'anesthésie, ce qui constitue un risque pour la santé des femmes enceintes et expose l'infirmière à des poursuites, alors que les sages-femmes et les obstétriciens se chargent de la réanimation des nouveau-nés nécessitant une assistance respiratoire, a-t-il déploré. Dr Chraïbi a de même reconnu l'insuffisance des normes d'hygiène dans cet établissement qui effectuait dans les années 80 cinq accouchements par jour contre 25 aujourd'hui. La Salle de travail dont la capacité ne dépasse pas cinq accouchements à la fois, accueille une dizaine de femmes en même temps: "Vous n'avez qu'à imaginer" les conditions dans lesquelles accoucheront ces patientes, s'est indigné Pr Chraïbi, également président de l'AMLAC (Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin). Le professeur n'a pas manqué de souligner l'importance de la campagne "Sauvons 10.000 nouveau-nés", et la nécessité d'en assurer le suivi afin de concrétiser ses objectifs. Cette campagne d'envergure, pilotée par l'association Al Hayat-Chaînes de vie en partenariat avec plus de 50 institutions, ambitionne de réduire de près de 75 pc les risques de mortalité et de morbidité maternelles et néonatales à travers quatre chaînes de vie (hygiène, chaleur, respiration et allaitement maternel), des gestes simples mais indispensables pour sauver jusqu'à 10.000 nouveau-nés et leurs mamans au moment où elles donnent vie. Ainsi, Dr Chraïbi a souligné la nécessité d'une plus grande sensibilisation du corps médical quant à l'importance de l'hygiène en vue d'éradiquer les infections, responsables de 25 pc des décès et des handicaps néonataux. Le professeur a également souligné la nécessité de prodiguer une chaleur constante aux nouveau-nés, car, explique-t-il, toute baisse de température en deçà de 35 degrés est synonyme de mort, spécialement pour les prématurés. Il a aussi déploré le fait que la plupart des salles d'accouchement sont dépourvues de chauffage, spécialement pendant l'hiver. S'agissant de l'assistance respiratoire, Dr Chraïbi n'a pas manqué d'évoquer l'impératif de la présence d'un pédiatre au cours de l'accouchement pour prodiguer les premiers soins en cas d'urgence et faire un diagnostic précoce des maladies dont peuvent souffrir les nouveau-nés. Le professeur, qui s'est également arrêté sur les bienfaits immunitaires et antiallergiques du lait-maternel pour les nouveau-nés a, par ailleurs, mis en garde contre les dangers mortels de l'avortement clandestin, qui est pratiqué en l'absence des conditions médicales les plus élémentaires. Avec un taux de mortalité maternelle et néonatale avoisinant 100 décès pour 100.000 femmes et de 19 décès pour 100.000 naissances vivantes, le Maroc a un long chemin à parcourir pour améliorer la prise en charge des mères et de leurs nouveau-nés, a-t-il conclu.NH---TRA.DR/JL