Le «Los Angeles Times» a révélé que le tout nouveau champion du monde du 400 m, Jerome Young, avait participé en septembre 2000 au relais 4x400 m américain victorieux dans la métropole australienne en dépit d'un contrôle antidopage positif subi un an auparavant. Décidément le dopage est plus que jamais la tache noire indélébile sur le front de l'athlétisme. L'Agence mondiale antidopage (AMA), basée à Montréal, compte traquer sérieusement ce fléau extrêmement nuisible aux valeurs du sport. En effet, l'AMA a demandé mercredi une enquête du Comité international olympique (CIO) se basant sur les révélations d'un quotidien américain. Le journal en question, le «Los Angeles Times» en l'occurrence, a rapporté que l'Américain Jerome Young avait participé au relais 4x400 m victorieux aux JO-2000 à Sydney en dépit d'un contrôle antidopage positif (stéroïdes) en 1999. Le patron de l'AMA, Dick Pound ne mâche pas ses mots « Il est nécessaire que le CIO fasse la lumière sur ce cas et prenne des mesures appropriées dès que possible », a-t-il écrit dans une lettre à Jacques Rogge, président du CIO. Les révélations du journal concernant l'athlète américain sacré champion du monde du 400 m aux Mondiaux 2003 à Paris /Saint-Denis ont été prises très au sérieux. Selon le journal, Young avait été autorisé à participer au relais des Jeux après avoir été blanchi en appel par la Fédération américaine d'athlétisme (USATF). Seulement, un communiqué émanant de l'AMA a souligné que l'USATF avait refusé de révéler son nom à l'Association internationale des fédérations d'Athlétisme (IAAF), «en contradiction avec les règles» de cette dernière. Selon le L.A. Times, les dirigeants de l'USATF jugeaient cette démarche tout simplement inutile puisque l'athlète avait été blanchi. Young n'avait pas couru en finale olympique, mais avait tout de même hérité d'une médaille pour avoir participé aux tours précédents. «La légitimité de la victoire américaine dans le relais 4x400 m est maintenant remise en cause», a déclaré Dick Pound. Et d'ajouter «En ne rapportant pas le résultat positif à l'IAAF immédiatement, l'USATF s'est engagée dans une conspiration du silence. L'infraction de Jerome Young a été annulée par l'USATF et personne n'a eu la possibilité de revoir le cas ». Après les Jeux, Young avait fini par obtenir gain de cause en appel dans des circonstances tout aussi discrètes. La procédure avait pourtant été validée par le Tribunal arbitral du sport (TAS) et entérinée en conséquence par le CIO comme par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Le CIO doit agir de façon déterminée, a estimé le président de l'AMA en offrant à Jacques Rogge son aide dans toute future enquête sur ce cas. Dans le même ordre des choses, l'Américain Michael Johnson, figure historique de l'athlétisme mondial, n'entend pas être privé d'une de ses cinq médailles d'or olympiques sous prétexte qu'un de ses équipiers du relais 4x400 m aux J.O 2000 à Sydney était à l'époque l'objet d'une procédure pour dopage présumé. Une vraie litote. «Ils n'auront jamais ma médaille», a-t-il affirmé dans une déclaration rapportée jeudi à Paris par le quotidien sportif L'Equipe. Michael Johnson a rappelé que, à l'époque des faits (1999), «la Fédération américaine n'avait aucun moyen de lui interdire de participer aux Jeux car, s'il venait à être blanchi par la suite, il aurait demandé des réparations». «Je préférerais que ce ne soit plus à l'USATF de punir les athlètes mais à un organisme indépendant» qui prendrait aussi le risque d'éventuelles poursuites en justice, a expliqué l'athlète aux souliers d'or. «Un athlète contrôlé positif doit être suspendu mais, vu comme ça se passe dans notre pays, il est difficile de le faire», a-t-il constaté. Toutefois, les révélations du L.A. Times ont tout de même amené Dick Pound, le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), à réclamer jeudi au CIO l'ouverture d'une enquête en vue de prendre les mesures appropriées dès que possible. Affaire à suivre.