Nous devons vraiment profiter de ces moments où le peuple communie, de ces moments de liesse populaire, de ces occasions –rares– où notre diversité s'exprime dans un sentiment unificateur, pour bâtir un esprit où le sens du collectif prendra le dessus, où les égoïsmes s'effaceront devant l'intérêt commun, où l'on prouvera qu'un projet de société fédérateur est possible... Commençons par nous débarrasser de notre tendance suicidaire au dénigrement, commençons par faire confiance à notre jeunesse, par lui donner confiance en elle, construisons du lien social, dépassons nos mesquineries pour enfin «construire des héros» non pas pour les aduler un temps et les détruire aussi vite, mais tout simplement pour donner des images motivantes, des repères positifs, pour soulever l'enthousiasme capable de pousser à l'engagement... Une victoire sportive n'est certes pas une fin en soi dans la construction d'une société solidaire, mais ce peut être le début de quelque chose ! Ne méprisons pas, ne négligeons pas cette victoire, ce sentiment qui en naît, bien au contraire rebondissons sur cette superbe mobilisation ! Bien sûr il est toujours facile d'ironiser sur la pagaille qu'ont connue les grandes artères de toutes les villes du Maroc lorsque le coup de sifflet final a retenti mercredi soir, voyant l'équipe du Raja se qualifier pour la finale de la Coupe du monde des clubs, mais pourquoi ne pas y voir plutôt l'esprit de la fête – un esprit de communion – qui a jeté dans les rues Marocaines et Marocains, toutes classes mêlées. Cette fête qui venait comme une délivrance, une véritable explosion de joie populaire, spontanée, comme nous en avons besoin. C'est dans ces moments-là – où les barrières tombent où l'autocensure s'efface – qu'il faut être attentif aux signaux, aux symboles… or les signes étaient évidents : le drapeau marocain hissé partout, dans toutes les mains, la devise nationale criée par toutes les gorges : «Allah, Al Watan, Al Malik» et toute une série de slogans humoristiques chantés du Nord au Sud du Royaume : «Allo Allo Al Walida Raja Ba9a…» déclinés sous plusieurs formes, comme un leitmotiv fédérateur. Dès lors le résultat de la Finale était secondaire, ils avaient déjà gagné ! En montrant que c'était possible… Quand nous déciderons- nous à faire confiance à nos jeunes... à leur donner les moyens de leur ambition, de leurs envies, de leur talent, ils sont capables du meilleur si nous savons les sortir de la spirale de l'auto dépréciation ! Les joueurs du Raja ont une moyenne d'âge d'environ 30 ans, tranche majoritaire dans notre population. Ces moments sont relativement rares, raison de plus pour les prolonger par une vraie stratégie de gagne, pour qu'ils ne soient pas éphémères mais un point d'appui pour un mouvement de fond, constructif et pérenne. Tout projet de société a besoin d'un moteur : le sport – et tout particulièrement le foot –, la musique, la culture… en sont les combustibles, ce sont eux qui, en créant du lien social, en favorisant la cohésion sociale, permettront ensuite de mobiliser les énergies autour des enjeux de la Nation que sont la justice sociale, l'emploi, l'intégrité territoriale, les défis du futur !