Les chaînes publiques marocaines sont dans le collimateur du Centre d'information et d'observation des femmes marocaines (CIOFEM). Celui-ci vient d'adresser une lettre ouverte à la présidente de la Haute Autorité de la communication audiovis uelle (HACA) suite à la diffusion de programmes «dévalorisant» les femmes. «Les médias publics censés adopter une approche genre poursuivent la diffusion des stéréotypes négatifs relatifs aux femmes», déplore le Ciofem. Dans son courrier, le Centre énumère plusieurs faits qui reflètent «la confusion» et «les paradoxes» des médias publics par rapport à la campagne de sensibilisation et de lutte contre la violence. A ce sujet, le CIOFEM indique que 2M a diffusé le 22 novembre une chanson d'Abidate Arma comportant des propos diffamatoires et injurieux sous le couvert de l'humour envers les femmes obèses. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la radio nationale d'être dans le viseur du Centre après la diffusion le 2 décembre d'un programme sur les hommes victimes de violence. Pour le Centre, il s'agit d'une tentative de camoufler la violence à l'égard des femmes en mettant en évidence les cas rares des hommes qui sont affectés par la violence dans le but de parasiter la campagne et le débat national en cours sur une loi destinée à éliminer la violence contre les femmes. Le Centre dénonce le discours refusant de reconnaître la prévalence de la violence envers les femmes lié à la persistance du statut d'infériorité enduré par les femmes dans la société marocaine. Le Centre exige à ce titre de mettre fin à cette situation et à respecter les principes de la Constitution, qui mettent l'accent sur l'égalité et la parité et rejettent toutes les formes de discrimination envers les femmes. Le Centre rappelle que la Constitution prévoit la mise en place d'un mécanisme institutionnel spécifique pour protéger et promouvoir les droits des femmes. «Une disposition dont l'urgence et la nécessité s'avèrent plus qu'évidentes eu regard aux faits mentionnés», souligne le CIOFEM. Rappelons que cette plainte auprès de la HACA intervient alors que les associations des droits des femmes revendiquent l'adoption urgente par le gouvernement d'une loi-cadre pour protéger les victimes de violence et sanctionner les auteurs de ces actes. Les associations estiment qu'il est du devoir du gouvernement de garantir aux femmes la jouissance pleine et entière de leurs droits humains tels qu'ils sont prescrits dans la Constitution et dans les conventions internationales ratifiées par le Maroc.