L'image de la femme, que la plupart des médias tentent de consacrer, est toujours celle, immuable et figée, de la femme traditionnelle, la femme objet. Une telle image influence et limite les efforts de changement engagés en matière de la condition de la femme. De ce fait, la charte Nationale destinée à l'amélioration de l'image de la femme dans les médias sera renforcée par un plan d'action élaborée par le ministère de la famille, de l'enfant et de la solidarité. C'est le lundi 14 avril à Rabat que les résultats de l'étude réalisée sur «l'image de la femme dans les médias, situation et perspectives», et ayant pour objectif principal la mise en œuvre des dispositions de la Charte Nationale élaborée en mars 2005, a été présentée sous la présidence de Nezha Skali, ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité. Pour rappeler la nécessité d'une telle étude, la ministre a indiqué que la ferme volonté de promouvoir le rôle social de la femme, ne s'est point accompagnée par une évolution tangible au niveau du discours médiatique. D'après elle, ce discours demeure dans sa majeure partie indifférent à la quasi-totalité des changements relatifs à la condition de la femme au Maroc. Elle a ajouté que des moyens de diffusion, cantonnés à une vision plus dégradante de celle de l'homme, confinent les femmes à des rôles sociaux stéréotypés, abstraction faite du statut de protagonistes du développement, qu'elles occupent désormais dans la société. Nezha Skali a souligné, lors de cet atelier, que c'est pour corriger l'image de la femme, que l'étude a été réalisée, afin de mettre en œuvre les dispositions soulignées dans la charte nationale de déontologie destinée à rendre justice à la femme et permettant de définir les formes et les modalités en vertu desquelles les médias nationaux, toutes composantes confondues, seront équitables envers la femme et respectueux envers ce qu'elle symbolise. Image loin des efforts de changements S'inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l'amélioration de la condition de la femme et plus particulièrement, les dispositions relatives à la nécessité d'agir sur les stéréotypes sexistes, ladite étude a fait ressortir des réalités qui confirment la discordance entre la politique volontariste consistant à renforcer la position de la femme en tant que partenaire fondamentale au niveau de la réalisation des objectifs de développement, ainsi qu'un intervenant actif dans l'évolution de la société, et la réalité qui dénote que les discours sont loin de se convertir en actions. Il ressort de cette étude, que l'image renvoyée de la femme et la représentation qui en est faite, sont souvent déformées et discriminatoires. A partir de cette analyse de la situation de la femme dans les médias, considérée première en son genre dans le monde arabe, les intervenants sont unanimes, quant au faible impact sur la représentativité de la femme marocaine dans les médias et du positionnement de la journaliste femme dans l'échiquier médiatique, et ce, malgré les avancées réelles cumulées au fil de l'action des ONG féminines. L'image de la femme que la plupart des médias tentent à consacrer est toujours celle, immuable et figée, de la femme traditionnelle, la femme objet, la femme superficielle, ou la femme victime. Ainsi conçue, elle se définie comme un être passif, consommateur, non productif, qui a besoin de protection et qui ne saurait avoir accès à la prise de décisions importantes. Renforcement de la charte nationale Il s'agit donc d'une nature dont le comportement a pour centre d'intérêt la consommation, la parure et l'ornement, dont le corps est exploité à tort et à travers dans la publicité. D'après Nezha Skali, de tels résultats ne reflètent guère les vraies préoccupations de toutes les femmes, ni la mission importante qu'elles remplissent au sein de la société. Renforcement de la charte nationale En général, la situation actuelle de la femme dans les médias, influence et limite les efforts des changements engagés, pour promouvoir une véritable culture de l'égalité des chances dans tous les domaines de la vie, aussi bien sociale, qu'économique. Ainsi, afin de consolider les efforts et améliorer de manière conséquente l'image de la femme dans les médias, la Charte nationale qui vise à inciter au respect de la dignité humaine et de la femme en particulier, ainsi qu'à la lutte contre toutes formes de discrimination, d'exclusion dans les médias, à garantir aux femmes le droit de s'exprimer, de défendre leurs causes et à développer et renforcer la communication et la coopération entre les différents acteurs concernés, sera renforcée par un plan d'action bâti sur un ensemble de recommandations et dont les plus importants sont : - Créer un réseau composé d'associations féminines et conseils genre du SNPM; - Inciter le conseil genre à adhérer aux réseaux internationaux; exemple : programme des femmes de l'association mondiale des radiodiffuseurs communautaires dans la région d'Amérique latine qui encourage la formation dans une perspective féministe et coordonne des campagnes de revendication des droits de la femme; - Saisir la HACA, et autres instances de régulation, tel le Conseil de la presse, la Fédération Marocaine des Editeurs de journaux qui vient d'adopter sa charte éthique; - Mettre en place un système de contrôle à priori des spots publicitaires, des fictions; - Encourager le recours à la HACA sur les publicités touchant l'image de la femme; Dans la mesure où une telle charte parait aux yeux de certains une bonne chose pour améliorer l'image de la femme, d'autres se posent la question : Que serait l'effet de la charte, si les pannes d'un système sociétal continuent à persister dans notre société ? Manifestant un grand intérêt à la condition féminine, les personnes présentes lors de cet atelier, considèrent que la condition de la femme est étroitement liée à celle de l'homme et que les deux situations dépendent des conditions générales d'un système socio-économique soumis à une politique globale.