Le 24 janvier dernier, l'Alliance des libertés (ADL) annonçait la création de son mouvement destiné à fédérer toutes les potentialités qui se reconnaîtraient dans sa démarche. Le nouveau maillon de la longue chaîne de partis politiques nationaux explicite tout de suite sa vision. Certes, il y a émiettement de la vie politique nationale. Certes les partis sont légion et cela ne contribue guère à une action homogène en faveur des citoyens. Mais, des besoins sont là et il est impératif d'y répondre. En premier lieu, un pressant besoin de rajeunissement de la classe politique. Son corollaire est la mise en place d'une structure «unitaire, démocratique, transparente et moderne». Une structure qui puisse ouvrir ses portes à de «nouvelles générations et énergies», tout en privilégiant un «travail d'écoute et de proximité». Alliance des libertés, dont l'acte de naissance sera officiellement signé le 16 mars, déclinait ainsi sa carte de visite. Sa philosophie qui, tout en l'immergeant dans le magma politique en ébullition, la dotait d'un capital de départ imprégné du souci de fédérer des énergies jusque-là éparses. Fine démarche des fondateurs, au premier rang desquels on retrouve entre autres les universitaires de renom Mohamed Berdouzi et Ali Sedjari, ainsi que le député Ali Belhaj, connu pour son engagement associatif. Le concept a toutes les chances de séduire, tant la désaffection par rapport à la chose politique, notamment auprès des jeunes, est devenue une constante planant de son ombre sur l'évolution politique du pays. L'un des sondages les plus révélateurs à ce sujet a été encore celui effectué du 1 er au 13 septembre dernier par l'institut CSA-TMO pour le compte de l'association Maroc 2020 dirigée par Ali Belhaj et d'Aujourd'hui Le Maroc. Le verdict était lourd de conséquences, avec une majorité de 87% de marocains déclarant avoir pris leurs distances à l'égard de la chose politique. La réponse des fondateurs d'ADL semble avoir été cette « alliance libérale et démocratique qui offre à la famille politique la possibilité d'assumer dans la clarté son identité, de se rassembler pour une meilleure efficacité, et de donner au courant libéral marocain une vraie chance pour que son projet soit une alternance crédible et utile ». C'est ainsi qu'ils cadraient eux-mêmes leur démarche dans leur premier communiqué de presse. Dans quelle mesure les réalités du terrain permettront-elles la réalisation de cet objectif ? L'avenir le montrera. En attendant, l'imminent congrès constitutif et les congrès régionaux qui le suivront assoiront les structures du nouveau parti qui critique déjà « la lenteur des préparatifs des législatives », pointe du doigt « un mode de gestion et une gouvernance en contradiction avec les attentes des Marocains », dénonce « le caractère affairiste, carriériste et démagogique de l'élite au pouvoir » et érige en condition de salut l'encouragement des « énormes potentialités humaines qui ne sont pas exploitées ».