Alliance des Libertés (ADL) a tenu, samedi 16 mars, son congrès constitutif, à Casablanca. La réunion était sobre, sans excès, ni slogans. Un début prometteur. C'est dans une ambiance décontractée et bon enfant que l'Alliance des libertés (ADL) a célébré sa naissance, à Casablanca, samedi 16 mars. Rendez-vous national très attendu par le microcosme politique, la création d'ADL n'est pas passée inaperçue. Des jeunes, beaucoup de jeunes sont venus pour assister à l'assemblée constitutive de ce nouveau parti qui ambitionne de changer la pratique politique au Maroc. Des figures connues étaient aussi là comme Ahmed Benkirane de la CGEM et le président du GPBM Hadi Chaibainou… Signe encourageant, on tablait sur 300 participants, près de 500 personnes ont fait le déplacement. Les places assises étaient toutes occupées avant même l'ouverture de la séance. Certains ont dû suivre le déroulement des travaux en position debout. Les promoteurs d'ADL ont tenu par ailleurs à faire de leur première rencontre un moment original : ne pas faire comme les autres en reproduisant les schémas classiques en la matière. Parti nouveau, démarche nouvelle. Première innovation majeure, ADL n'a pas sacrifié au rituel d'invitation aux premières loges des leaders des partis déjà en place. Il n'y avait que les membres de la jeune formation, mais aussi des curieux. Ceux qui veulent d'abord tâter le terrain, sentir l'ambiance, avant de sauter le pas. Ni slogans, ni banderoles. Juste deux enseignes verticales de couleur bleue, accrochées derrière la tribune, avec ce mot d'ordre : libérons nos énergies. Autre changement, les allocutions étaient brèves, concises et claires. Pas de longs discours. Les orateurs sont allés droit au but. Un écran transmettait un résumé des interventions à mesure que les orateurs prenaient la parole. De petits groupes se sont formé ça et là avant et après la clôture de l'assemblée. Discussions, échanges, commentaires… Tout le monde dresse le même constat que l'on connaît déjà : les jeunes compétences, restées en marge de la politique, doivent s'impliquer dans la gestion des affaires, assumer leurs responsabilités, tout en contribuant au changement de la perception et de la culture politique au Maroc. Dans son allocution introductive, le président provisoire d'ADL, Ali Belhaj, a exposé, devant une salle bondée, les principes qui fondent la démarche du parti. Une démarche que les responsables des différentes commissions, qui se sont relayés à la tribune, ont expliqué de manière plus détaillée : communication et relations publiques, développement et ouverture, organisation et réglementation, participation politique et projet de société. Le préambule de l'acte d'engagement est clair : «ADL appelle toutes les citoyennes et tous les citoyens de notre pays à œuvrer ensemble pour restaurer les formes d'engagement collectif, à agir sur leur environnement et à prendre en charge leur destin. Cet acte est fondé sur un projet commun, porteur de modernité, de vision et d'espoir». L'universitaire Mohamed Berdouzi, un homme qui a des qualités de tribun politique certaines, a donné un contenu, avec les accents de la sincérité, aux valeurs que compte défendre ADL : liberté, responsabilité, solidarité, identité, engagement. «Cet acte d'engagement, martèle M. Berdouzi, est une rébellion contre l'essoufflement de la vie politique, contre le recul de la réflexion, contre la dispersion et la division des forces politiques, contre l'éloignement des jeunes des centres de décision, contre la stérilité des calculs politiciens étroits, contre le discrédit des institutions représentatives et des consultations électorales, contre les obstacles bureaucratiques à l'esprit d'initiative et d'entreprise, contre les criants déficits sociaux de notre pays, contre la fatalité de l'échec et de l'impossibilité de vraies réformes dans ce pays». Les maux et les insuffisances du Maroc sont ainsi résumés. Un concentré de démobilisation et d'attentisme. Il s'agit pour la nouvelle structure partisane, en lançant «un appel à tous», de bousculer les mauvaises habitudes, de stimuler une réflexion dynamique et d'être un pôle qui fédère les énergies. Si la plate-forme politique exposée par ADL trouve la voie de la concrétisation, le Maroc aura fait un long chemin sur les plans de la démocratie et du progrès. Les statuts du nouveau parti, dont le siège est à Casablanca, ne sont pas dépourvus de certains changements qui dénotent une volonté de rénovation certaine. L'admission au sein du parti intervient d'abord à titre de membre participant puis en qualité de membre actif (article 5). La qualité de membre actif n'est acquise qu'après «une année révolue d'activité militante continue et probante au sein du parti». Élu par l'assemblée générale pour une période de quatre ans avec un mandat renouvelable une seule fois, le président présente chaque année un rapport d'activité et un plan d'actions devant l'assemblée générale. C'est lui qui nomme également les membres du comité exécutif (article 9). Pour veiller à la bonne application des «orientations et décisions du parti», Adl s'est dotée d'un «Conseil de vigilance» (article 12). Le pari Adl n'est pas gagné d'avance. Loin s'en faut. Le vrai travail de mobilisation, d'adhésion et de sélection ne fait que commencer.