Les ventes de ciment au Maroc trahissent tous les malaises du secteur du bâtiment. En effet, les chiffres des ventes ont du mal à décoller et s'inscrivent même en large recul au mois d'octobre écoulé. Aussi, comparées à fin octobre 2012 les ventes de ciment ont régressé de 18,63%, cependant, avec un recul annuel des ventes de 9,13%, les ventes de ciment font les frais d'une conjoncture sectorielle très difficile. C'est ce qui se dégage des chiffres relatifs à l'évolution de la consommation nationale de ciment à fin octobre publiés par le ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville. C'est ainsi qu'étant étroitement liées au marché de l'immobilier et des travaux publics, les ventes de ciment ont été confrontées en ces premiers mois de 2013 à une poursuite du ralentissement de son activité, suite à plusieurs facteurs réunis. Ainsi, parmi les principales causes de ce ralentissement figure, sans nul doute, la poursuite de la fragilité de la demande en immobilier, entamée en 2012, notamment sur les segments haut de gamme et moyen standing. Il faut également relever que le secteur a dû pâtir du ralentissement de l'activité travaux publics, en lien notamment avec la décision de l'Etat d'opérer une coupe de 15 milliards de dirhams dans son budget d'investissement initialement programmé par la loi de Finances 2013 et la décélération du rythme de progression de l'auto-construction, suite au durcissement des conditions d'octroi des autorisations pour ce type de constructions et la lutte contre le logement informel. Aussi, le rehaussement du coût de revient pour les promoteurs immobiliers, consécutivement à l'institution depuis janvier 2013 de taxes sur le sable et sur le rond à béton, venues en sus de l'augmentation de la taxe spéciale sur le ciment appliquée par la loi de Finances 2012 pourrait également être l'une des causes du ralentissement des ventes de ciment. Dans ce sens, on peut également relever que du côté des infrastructures (gares, ports et autres), la dynamique enclenchée depuis plusieurs années, qui s'est traduite par une tendance haussière des investissements des établissements et entreprises publics marquant une hausse de 14,1% en moyenne sur la période 2008-2012, s'est largement estompée, impactant également les ventes de ciment dans tout le pays. En effet, même en matière de perspectives, le montant projeté de ces investissements sur l'exercice 2013 devrait reculer de 6% pour se situer à 114,4 milliards de dirhams contre 121,6 milliards de dirhams en 2012. Ces perspectives semblent se confirmer et même s'aggraver en cette fin d'année par le recul conséquent des ventes qui dépasse actuellement les 9% avec un très faible espoir de reprise au cours des deux derniers mois de 2013. Aussi, la ventilation des évolutions des ventes de ciment par région laisse paraître que la région de Guelmim- Smara a accusé la plus forte baisse des ventes de ciment sur tout le Royaume au cours de la période allant de janvier à fin octobre 2013. Les ventes y ont reculé de 44,5% passant de 234.812 tonnes à fin octobre 2012 à 130.298 tonnes à fin octobre de l'année en cours. Pour sa part, la région du Grand Casablanca qui détient le record des ventes de ciment en termes de quantité, avec 1,637 million de tonnes de ciment écoulé à fin octobre 2013, a enregistré un recul de 12,3% d'une année à l'autre. Par contre, la région Doukkala-Abda aura consommé à fin octobre 2013 pour près de 887.179 tonnes de ciment contre seulement 815.535 tonnes à la même période en 2012, marquant, ainsi, la hausse la plus importante des ventes de ciment du Royaume chiffrée à 8,8%.