Le dernier discours de SM le Roi Mohammed VI a finalement incité, implicitement, le parti historique de l'Istiqlal (PI) à organiser la 4ème session de son conseil national (CN) samedi à Casablanca. Comme l'a déclaré le président du CN, Ahmed Taoufiq Hejira, le choix du lieu porte une véritable symbolique puisqu'il jouxte les célèbres Carrières Centrales de Hay Mohammadi et la représentation du parti de l'Istiqlal qui y était installée bien avant l'avènement de l'indépendance du pays. Entamée avec une heure et demie de retard sur le calendrier annoncé, cette 4ème session a été marquée par une allocution de Hamid Chabat, secrétaire général du parti, où ce dernier a tenu à préciser que «le retrait du PI de la majorité menée par Benkirane ne visait aucunement à perturber le travail du gouvernement». Avec une ou deux nuances presque, l'ex-ministre de l'artisanat et membre du comité exécutif du PI, Abdessamad Qaiouh, a repris la même litanie en déclarant à ALM que «le parti de l'Istiqlal a tourné le dos à la majorité parce que les choix et le calendrier politiques de cette dernière ne correspondaient plus aux visions et au programme convenus la veille de l'installation de la coalition gouvernementale». Passées les «amabilités d'usage», Chabat a tenu à faire le tour des questions liées à l'action du gouvernement. Pour lui, le projet de loi de Finances 2014 est un «scandale de plus à mettre sur le compte de l'équipe Benkirane». «Ce projet révèle les réelles intentions du parti qui mène la majorité. Il est impopulaire et en rien proche des intérêts du citoyen… Il suffit juste de regarder la manière avec laquelle le gouvernement gère le dossier de l'emploi des chômeurs pour comprendre que les priorités ne vont pas de pair avec l'urgence de la situation économique et politique du pays», a déclaré le secrétaire général de l'Istiqlal qui n'a pas manqué par la même occasion de faire porter le sobriquet «Abdelilah Benzidane» au chef de gouvernement. Avec des termes puisés dans le référentiel religieux et introduits sporadiquement dans son allocution, Chabat a promis que l'action politique de son parti comporte sur le long terme deux «jihad» distincts: un premier visant la défense de l'intégrité territoriale du pays et la revendication des présides (Sebta et Melilia) et des îles (Jaâfarines, iles d'Al Hoceima, Rocher de Badis et l'îlot Leïla) occupées. Et un second portant sur la participation à la promotion des valeurs des droits de l'Homme et au développement du Royaume. L'assistance composée des membres du conseil national du parti allait ensuite d'un coup se joindre pour une salve d'applaudissements lorsque Chabat évoquera la victoire de l'Istiqlal sur le PJD aux dernières élections partielles dans la circonscription de Moulay Yaâcoub. La salve sera maintenue quand Chabat reviendra sur les deux notions de «traître» et de «fidélité», une insinuation à l'actuel ministre chargé des affaires générales et de la gouvernance, Mohamed El Ouafa, qui a choisi de quitter les rangs de l'Istiqlal. A noter que le programme de cette 4ème session comportait notamment un retour sur les modalités d'une action commune entre l'Istiqlal et l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Une charte d'honneur, qui devait être signée aujourd'hui entre Hamid Chabat et le premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachgar, scellerait désormais l'alliance des deux partis en vue de dresser un front commun au sein de l'opposition.