Le Premier ministre britannique se présente ce jeudi devant le juge qui dirige l'enquête pour répondre à des questions troublantes, dans l'affaire du scientifique David Kelly. Le Premier ministre Tony Blair est dans la tourmente. Ce jeudi, il est appelé à se présenter devant le juge Lord Hutton pour répondre à des questions troublantes concernant l'affaire du scientifique David Kelly. Cette affaire a pris une autre tournure, notamment après la publication sur Internet de pas moins de 9000 pages contenant des informations compromettantes pour le gouvernement de Blair. Les observateurs ont qualifié les documents, mis à la disposition du public, de roman policier qui conduit les lecteurs dans les arcanes des hautes instances du pouvoir britannique. Certaines informations sont potentiellement explosives pour le Premier ministre et montrent son implication directe dans cette affaire. Les documents publiés samedi dernier montrent des notes personnelles de la garde rapprochée de Tony Blair, des échanges de courriers entre Downing Street et le ministère de la Défense, ou encore la chaîne de télévision BBC. En plus de ces questions troublantes, le Premier ministre britannique devra également s'expliquer sur une possible campagne de dénigrement du scientifique avant ses obsèques, dénoncée par sa famille dans une lettre au gouvernement. L'expert avait notamment été comparé au fantaisiste «Walter Mitty» par un porte-parole de Tony Blair. L'une des questions fondamentales est de savoir si Tony Blair aurait pu vouloir tromper le Parlement et induire en erreur l'opinion publique britannique pour justifier la guerre. Le dernier document potentiellement explosif pour Tony Blair, repéré lundi par les quotidiens Daily Telegraph et Financial Times, est un mémorandum d'Alastair Campbell, directeur de la Communication du Premier ministre, suggérant que M. Blair a demandé de souligner la menace nucléaire dans un dossier gouvernemental controversé sur l'arsenal irakien de septembre 2002. La BBC avait accusé le directeur de communication de Blair d'avoir fait ajouter au dossier un passage selon lequel le président irakien déchu Saddam Hussein pouvait déployer des armes de destruction massive en 45 minutes. Tony Blair devra certainement s'en expliquer jeudi devant le juge Brian Hutton qui dirige l'enquête. D'autant que le magistrat n'a pas apprécié que le gouvernement ait soustrait des pages de l'une des versions du dossier apportée à l'enquête. Les quelque 9.000 pages de documents publiées sur le site Internet de l'enquête sur le suicide apparent du spécialiste de l'armement irakien, sont devenues une mine d'or pour les médias britanniques qui les épluchent scrupuleusement une à une. L'affaire continue de défrayer la chronique en Grande-Bretagne. A deux jours de l'audition du Premier ministre, un haut responsable des services secrets britanniques est sorti de l'ombre pour défendre le dossier du gouvernement Blair sur les armes de destruction massive en Irak. John Scarlett, ancien chef des renseignements britanniques à Moscou, est venu témoigner devant la commission chargée de faire la lumière sur les circonstances de la mort de l'expert en armements David Kelly. Scarlett a affirmé que l'équipe de Blair n'avait pas gonflé les renseignements des services secrets sur l'arsenal irakien dans le but de justifier une intervention en Irak rejetée par de nombreux Britanniques. Cette déposition intervient à la veille de l'audition du secrétaire à la Défense, Geoff Hoon, qui devait se présenter mercredi devant le juge chargé de l'enquête. Des responsables du gouvernement ont déclaré que des avocats et des experts avaient conseillé le Premier ministre avant son apparition devant la commission. Blair enregistre une chute de sa cote de popularité, alors qu'aucune arme de destruction massive n'a été trouvée en Irak depuis la chute de Saddam Hussein en avril. Rappelons que le corps de David Kelly, expert en armement bactériologique au ministère de la Défense, a été trouvé vendredi 18 juillet dans un bois du comté d'Oxfordshire, dans le sud de l'Angleterre. Microbiologiste de renom et ancien inspecteur en désarmement des Nations unies en Irak, David Kelly était la principale source anonyme citée par un journaliste de BBC pour affirmer que le dossier du gouvernement britannique de septembre 2002 sur l'arsenal irakien avait été délibérément «gonflé».