Bien que le communiqué du ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville ne le précise pas, le fait même que le ministre de tutelle, Nabil Benabdellah, aménage une plage de libre dans son agenda politique pour recevoir les professionnels du bâtiment, alors qu'il est souvent sollicité pour éteindre les querelles de préséance sur la voie de la constitution du 2ème cabinet Benkirane, établit clairement la gravité du sujet et l'urgence qu'il y a à en débattre. C'est donc afin d'examiner la situation du secteur que Nabil Benabdellah s'est réuni jeudi dernier – 18 juillet- avec le président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC) et les associations qui y sont membres l'Association professionnelle des cimentiers APC, Association professionnelle des industries céramiques APIC, Association professionnelle des briquetiers APB, Association marocaine des marbriers AMM, Association marocaine de l'industrie du béton AMIB, Association marocaine du béton prêt à l'emploi AMBPE, Association des professionnels du sable APS et l'Association des sidérurgistes du Maroc ASM. Une situation qui n'est pas particulièrement engageante puisque les professionnels de l'habitat se sont plaints au ministre des baisses des ventes de logements, de la concurrence déloyale que leur livre l'informel, du surcoût de l'énergie, des «incohérences» de la fiscalité locale, et en règle générale, de la tendance baissière du volume des affaires et de «l'absence de contrôle». Qualifiant le projet de code de la construction de pierre angulaire dans l'acte de bâtir, ces professionnels ont louangé la démarche participative qui les associe à son élaboration et demandé d'accélérer son adoption ainsi que celle de la loi sur les carrières. Le ministre a, pour sa part, appelé à constituer un groupe de travail qui aura pour mission de tracer une feuille de route pour le développement du secteur des matériaux de construction et pour la mise en œuvre des modalités pratiques pour y arriver. Du point de vue de la plupart des professionnels de la construction, cette mise en œuvre revêt un caractère d'urgence absolue car au début de cette année déjà la valeur ajoutée générée par l'activité du bâtiment et des travaux publics a baissé de 5,9% après avoir enregistré une hausse de 5% une année auparavant. Dans ses prévisions pour le second trimestre qui court, le HCP avait annoncé que ce mouvement baissier allait s'aggraver. Les services de Ahmed Lahlimi avaient, en effet, laissé entrevoir que 47% des professionnels opérant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) tablent sur une baisse de leur activité durant le 2e trimestre de l'année en cours. Dans le même temps, seulement 27% s'attendent à une stabilité et ils sont en nombre légèrement inférieur- 26%- à croire à une hausse. Mais ce pessimisme dominant ne se manifeste pas avec la même intensité à tous les compartiments de l'activité liée au bâtiment et à l'habitat. Ainsi la décroissance a-t-elle affecté plus fortement le secteur de la construction qui a enregistré les contre-performances les plus lourdes. C'est ainsi que l'Association professionnelle des cimentiers fait état de méventes du ciment de l'ordre de 15%, au cours du 1er semestre de cette année. Il n'en reste pas moins que les autres matériaux ont également enregistré des reculs qui laissent craindre que la reprise ne se fasse désirer. De surcroît, la mauvaise passe actuelle pourrait mettre en péril le plan d'action 2012-2016 du ministère. Ambitieux, il vise à faire passer les besoins en logements de 840.000 unités à 400.000. Pour cela, il faudra construire 170.000 logements par an. Et tel que les choses se présentent, la partie n'est pas gagnée. Au contraire, le retard s'accumulant, l'objectif initial s'éloigne chaque jour davantage.