Récit. Le brigadier Saïd Roussaïne, disparu mystérieusement le 28 décembre 2001 après la fin de son service, a été en fait assassiné et son corps jeté dans un puits. La police de Tanger vient d'arrêter le criminel et son complice. Branle-bas de combat dans les milieux de la police de Casablanca. Un soulagement mêlé d'énervement se lit sur les visages. Le préfet de la capitale économique, Bouchaïb Rmaïl, est excité depuis mercredi en début de soirée. De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une énigme, qui vient d'être élucidée. Elle concerne le corps de la police lui-même. La presse nationale avait rapporté il y a plus d'un an un fait pour le moins bizarre : une voiture, marque Fiat 127, a été retrouvée complètement calcinée, le 5 janvier 2001, dans un terrain vague entre Sidi Messaoud et la forêt de Bouskoura, dans la périphérie casablancaise. L'information aurait été anodine si le propriétaire du véhicule n'était pas un policier. La quarantaine, père de trois enfants, Saïd Roussaïne, était un brigadier à la sûreté de Hay-Hassani-Aïn chock. Il avait quitté le commissariat de police dans l'après-midi du 28 décembre après la fin de son service. Depuis, l'agent a disparu. Il ne donnera plus signe de vie. L'affaire est d'autant plus grave que M. Roussaïne qui portait son uniforme au moment des faits avait aussi sur lui son pistolet de 9 mm avec 12 balles dans le chargeur. La police s'empare immédiatement de l'affaire. Enquête tous azimuts, à l'échelle nationale, pour retrouver le mystérieux policier. En vain. Aucun indice. Pas de piste. Devant les efforts infructueux des enquêteurs, le dossier est presque oublié. Jusqu'à ce mercredi 6 mars vers 20 heures. La police judiciaire de Tanger suite à un acte de délation arrête un jeune individu du nom de Abdelhadi Dahbi, qui se faisait passer pour un policier. La descente des éléments de la PJ dans son domicile, en fait celui de son frère, situé dans le quartier difficile de Béni-Makada, a permis la saisie d'un pistolet, une paire de menottes et une carte de police portant la photo de l'accusé. C'est le numéro de série de l'arme qui met la puce à l'oreille de la police. Une rapide verification permet de savoir que le revolver était enregistré sous le nom du policier porté disparu et que le détenteur de l'arme ne fait pas partie du corps de la sûreté nationale… Alertée, une brigade de Casablanca se déplace immédiatement à Tanger. Interrogatoire. Abdelhadi Dahbi passe aux aveux. Il raconte qu'il a tué l'agent de police Saïd Roussaïn à Casablanca et qu'il s'est emparé de son matériel de travail. Usurpation d'identité doublée de meurtre. Et le cadavre ? Il reconnaît l'avoir jeté après avoir commis son forfait dans un puits à douar Oulad Malek, à Bouskoura. Les mobiles du crime, eux, font l'objet d'une enquête approfondie même si l'intéressé a déclaré dans un premier temps qu'il a tué le brigadier parce qu'il l'aurait verbalisé suite à une infraction au code de la route. Dès le lendemain, jeudi 7 décembre dans la matinée, le préfet de Casablanca et les chefs de sûreté de la ville se sont rendus sur le lieu du crime en compagnie de l'assassin. Les recherches, auxquelles participent la gendarmerie de Bouskoura, sont en cours pour retrouver le corps. Le criminel n'a pas agi seul. Il a un complice surnommé El Ouazzani. Il a été lui aussi arrêté à Ouazzane. À leur actif, plusieurs actes de vols et d'agression. L'enquête ne fait que commencer. Les deux comparses doivent ensuite répondre de leurs actes devant la Cour d'appel de Casablanca.