Rabiê semble être un jeune qui s'est habitué à cette salle d'audience de la Cour d'appel de Casablanca. Quand il y a accédé, ce jour de mai, entouré par deux policiers, il a souri comme s'il ne risquait pas une lourde peine d'emprisonnement puisqu'il est poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Il avance vers le box des accusés quand le président de la Cour l'appelle à la barre. Il ne manifeste aucun signe de regret. À son vingt-huitième printemps, il a déjà purgé trois peines d'emprisonnement. Une première remonte à 2004 quand il a été condamné à une année de prison ferme pour complicité à vol qualifié. Deux ans plus tard, il est retourné à la prison pour y passer deux ans avec sur le dos deux accusations, à savoir la constitution d'une association de malfaiteurs et vol qualifié. En 2010, il a purgé une peine de six mois de prison ferme pour trafic de drogue. Cependant, pour cette quatrième fois, son crime a coûté la vie à un jeune trafiquant de drogue, Saïd, âgé de vingt-six ans, repris de justice. «Je n'avais l'intention que de le corriger mais il est mort», a-t-il affirmé sans regret tout en ajoutant : «Je pouvais être moi la victime. Car, lui aussi était armé d'un couteau». Sans sourciller il racontait l'histoire de son crime. Il a précisé : «Il était mon ami. Nous sommes du même quartier. Nous avons même poursuivi nos études à la même école». Les deux amis se sont jetés dans le gouffre du trafic de la drogue. «Moi, je ne voulais plus être membre d'une association de malfaiteurs et j'ai commencé à vendre du haschich», a-t-il expliqué à la Cour qui l'écoutait attentivement. Saïd l'a considéré depuis comme un concurrent. Il a commencé à le provoquer. «Il a commencé à me provoquer pour laisser tomber le trafic du haschich au point qu'il m'a menacé avec son couteau», a précisé Rabiê. Celui-ci n'a pas pris les choses au sérieux. Seulement, Saïd lui a mis le couteau sur le cou le sollicitant de lui laisser le champ libre pour vendre du haschich. «Il m'a humilié, M. le président, en me menaçant ainsi», a ajouté Rabiê. Hors de lui, Rabiê a poussé violemment son ami Saïd. Le couteau est tombé par terre. Et Rabiê l'a saisi et lui a donné deux coups fatals. Verdict : 10 ans de réclusion criminelle.