Afghanistan. Plusieurs chefs de guerre ont rejoint Kaboul mercredi pour évoquer la délicate question sécuritaire avec le gouvernement et des membres de l'ONU, tandis que la guerre s'éternise dans l'Est du pays. Les principaux chefs de guerre afghans se sont déplacés à l'occasion de cette importante réunion à laquelle ont notamment participé le général ouzbek Abdul Rashid Dostam, gouverneur de Mazar-i-Sharif (Nord), et le puissant gouverneur de Herat (Ouest), Ismaïl Khan. Le chef du gouvernement intérimaire, Hamid Karzaï, présidait quant à lui la séance, accompagné du représentant spécial des Nations Unies en Afghanistan, Lakhdar Ibrahimi. « Vous vous réunissez aujourd'hui dans la capitale, de toutes les régions du pays, pour former le noyau de la nouvelle armée afghane et pour montrer au monde que, après avoir combattu et vaincu le terrorisme, nous pouvons aussi assurer notre indépendance et notre intégrité territoriale », a ainsi déclaré le ministre de la Défense, Mohammad Qassim Fahim. « Depuis l'installation de l'administration intérimaire, le ministère de la Défense a pris des mesures graduelles en vue de la création d'une armée nationale afghane », a-t-il ajouté. Plus de 300 officiers des forces locales afghanes et des chefs tribaux étaient en effet rassemblés pour la première conférence du genre depuis la prise de pouvoir de l'exécutif Karzaï, en décembre dernier. Le général Fahim est ensuite revenu sur les combats du commandant Massoud, d'abord contre l'occupation soviétique (1979-1989) puis contre le régime des Taliban (1996-2001). Les troupes du leader assassiné en septembre 2001 constituaient alors le noyau dur de l'Alliance du Nord. Cette même force qui se retrouve aujourd'hui désunie, plusieurs chefs de guerre s'étant récemment opposés, voire combattus. L'hommage à l'ancien rassembleur afghan ne pouvait donc être qu'un appel à l'unité… D'ailleurs, les autorités de Kaboul ont lancé la semaine dernière la première étape de la constitution d'une armée nationale. Un bataillon composé de soldats issus des différentes provinces a ainsi entamé une période d'entraînement à Kaboul, sous la supervision de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF). Si cette initiative laisse entrevoir une timide union pour rétablir la sécurité dans le pays, il n'en reste pas moins que la paix est loin d'être à l'ordre du jour. Les Américains, toujours actifs dans l'Est, ont d'ailleurs annoncé le renforcement de leurs troupes, à hauteur de plusieurs centaines de soldats. Leurs avions continuent aussi de bombarder près de Gardez, dans les fameuses montagnes d'Arma, refuges des Taliban et membres d'Al-Qaïda. Le gouverneur de cette province, celle de Paktia, a pour sa part laissé entendre qu'il faudrait plusieurs semaines pour déloger les rebelles. Et comme Taj Mohammed Wardak, les officiers américains s'attendent également à une longue bataille. Le commandant américain Bryan Hilferty a d'ailleurs précisé qu'un millier de soldats américains prenaient une part active aux combats. A cela, s'ajoutent des centaines de combattants afghans et des soldats d'autres pays de la coalition internationale antiterroriste. L'opération « Anaconda » serait, selon le Pentagone, déjà venue à bout de 200 à 300 « rebelles»…