L'Association internationale des opérateurs de golfs touristiques (IAGTO) a été créée en 1997, c'est l'organisation sectorielle internationale de l'industrie du tourisme golfique qui compte plus de 2.058 membres et regroupe des complexes balnéaires et touristiques golfiques, des golfs, des hôtels, des tour-opérateurs, des offices de tourisme, et des compagnies aériennes dans 91 pays. A l'occasion de la 40ème édition du Trophée Hassan II et de la 19e édition de la Coupe Lalla Meryem de golf tenues à Agadir du 28 au 31 mars, ALM a rencontré Peter Walton, directeur exécutif de l'IAGTO. ALM : Le Maroc s'est lancé depuis une dizaine d'années dans le renforcement et la diversification de son infrastructure golfique, nous sommes à 28 golfs et nous passerons à une quarantaine dans les toutes prochaines années. Qu'en pensez-vous ? Peter Walton : Les golfeurs voyagent vers des «lieux» plutôt que vers des pays tout entiers. Le Maroc comprend par conséquent un certain nombre de destinations golfiques uniques et différentes les unes des autres. Ainsi, les golfeurs peuvent choisir de se déplacer à travers le Maroc en jouant au golf dans les villes impériales (mais moins de 10% des touristes golfeurs séjournent dans des destinations multiples au cours de leurs vacances golfiques). Bien qu'une expérience golfique magnifique et mémorable puisse exister n'importe où, une véritable destination golfique nécessite un minimum de trois golfs 18 trous à 40 minutes de voiture du centre d'hébergement. Il est également important que ces cours soient «prêts à l'exportation», un terme que nous utilisons pour décrire un golf qui est «adapté et attractif pour la majorité des touristes golfeurs». 75% des touristes golfeurs se satisferont d'une destination golfique avec trois golfs accessibles et prêts à l'exportation, mais un site avec cinq golfs de ce type séduira tous les visiteurs golfiques potentiels et pourra être considéré comme étant «complet». Davantage de golfs sont nécessaires bien sûr pour répondre à la demande et pour fournir aux visiteurs réguliers une expérience différente afin de veiller à ce qu'ils reviennent à plusieurs reprises, étant donné que 70% des voyageurs golfiques sont à l'affût d'une nouvelle expérience, ce qui ne veut pas dire nécessairement un pays différent ! Hormis ses installations hôtelières et touristiques de qualité, quels seraient, à votre avis, les aspects susceptibles d'entraver un tant soit peu le développement du flux golfique au cours des prochaines années ? Aucune destination golfique ne peut réussir pleinement et réaliser son plein potentiel, dans un marché en cours de récupération, à moins qu'elle ne mette en œuvre une stratégie de tourisme golfique intégré. Offrir une superbe expérience golfique année après année requiert à la fois une viabilité économique et une bonne planification. Le Maroc possède indéniablement tous les atouts pour faire cela exactement et peut réellement devenir une destination golfique hivernale leader, essentiellement pour le marché des golfeurs voyageurs européens. Dans quelle mesure estimez-vous que le Maroc peut continuer à tabler sur le tourisme golfique ainsi que sur le développement de sa stratégie de promotion touristique, alors même que la conjoncture économique mondiale n'est pas reluisante ? A eux seuls, sept complexes touristiques et balnéaires golfiques dans la destination touristique populaire de l'Ile Maurice sont responsables de 6% des arrivées touristiques de l'île; 12% des visiteurs de la région de l'Algarve au Portugal sont là-bas pour jouer au golf. Ces deux statistiques démontrent l'énorme impact que le voyage golfique peut avoir sur toute destination. Plus que cela encore, la valeur du tourisme golfique pour une destination va bien au-delà de la valeur économique cumulée des vacances golfiques. Une destination golfique peut attirer davantage de voyages liés aux incentives, aux réunions et aux conférences; des ventes immobilières, des vacances de loisirs haut de gamme, et même des investissements étrangers réalisés à l'intérieur du pays par des entreprises internationales. Quel serait le défi à relever par le Maroc afin de pouvoir se tailler la part qui lui revient dans les marchés émetteurs au regard de ses atouts et avantages compétitifs ? Très simplement, je dirais que le Maroc doit définir puis mettre en œuvre à la fois une stratégie de développement du golf et une stratégie de promotion du tourisme golfique. Il doit veiller à ce que le secteur privé travaille la main dans la main, parle d'une seule voix et se focalise sur l'offre d'une expérience également mémorable de manière différente aux golfeurs provenant de tous les marchés, et l'Office national marocain du tourisme devrait, à mon avis, apporter un soutien supplémentaire à la promotion internationale de la destination, avec de réels messages taillés sur mesure et destinés aux golfeurs de différentes nationalités. Un large market mix est nécessaire pour se protéger contre les tendances rapidement changeantes dans un monde qui reste imprévisible. Comment l'IAGTO pourrait-il précisément accompagner le Maroc à fidéliser ses marchés stratégiques et pénétrer de nouveaux marchés du tourisme golfique ? IAGTO possède déjà 29 entreprises membres au Maroc, ce qui est déjà un ensemble représentatif du secteur privé du tourisme golfique. Nous souhaiterions établir l'IAGTO Maroc en tant qu'organisation encore plus forte qui pourrait aider à préparer une marque pour la destination et des identités individuelles pour chacun des sites golfiques du pays, avec des messages et images conçus pour stimuler les imaginations des golfeurs sur tous les marchés. Vous y aviez pris part en 2012 que pensez-vous du Trophée Hassan II en tant qu'événement sportif international et vecteur de promotion de la destination touristique d'Agadir et région ? Le Trophée Hassan II est un événement de référence dans le calendrier golfique et il ne fait pas de doute qu'il a contribué à installer le Maroc sur la carte en tant que destination golfique sérieuse et bien reconnue. Les tournois de golf de cette stature contribuent à donner confiance aux voyageurs golfeurs qui ne sont peut-être pas familiarisés avec le Maroc en tant que destination golfique et pas simplement une destination de vacances. Il ne fait aucun doute que le Maroc n'aurait pas réussi autant de choses déjà accomplies dans ce domaine, sans cet excellent tournoi.