Qui dit compétitivité, dit logistique. Or, le Maroc connaît toujours des failles dans sa chaîne de transport entravant ainsi son développement commercial. Le transport de marchandises connaît un handicap majeur. Une sonnette d'alarme qui ne cesse de retentir. Organisation de la profession, prépondérance de l'informel, insuffisance de l'infrastructure et retard en matière de service autant d'obstacles contribuant à alourdir la facture des entreprises et des consommateurs et à réduire l'attractivité du pays pour les investissements directs étrangers. En effet, les entreprises structurées ne représentent que 10%. Le secteur reste dominé par les TPE et les PME dont 90% d'entre elles sont des entreprises individuelles détenant une flotte moyenne de 3 à 5 camions et échappant par conséquent à la réglementation sociale et fiscale. De même, l'état du parc national est vétuste, présentant une moyenne d'âge de 13 ans. Tenant compte de l'enjeu macroéconomique que revêt le transport de marchandise au Maroc, la Direction des études et des prévisions financières du ministère a établit tout un diagnostic du secteur proposant ainsi des voies de réformes. Un mark-up ou autrement dit marge économique a été établi dans ce sens pour mesurer l'intensité concurrentielle du secteur. Le calcul s'est fait à la base sur la valeur ajoutée et la rémunération des facteurs de production, en l'occurrence l'emploi et le capital. Il découle de cette analyse une note de 1,33 pour les transports signifiant que les profits du secteur sont anormalement élevés. En comparant l'intensité concurrentielle du secteur à celle de l'économie nationale (soit un mark-up égal à 1,35), la DEPF conclut que les «efforts déployés pour réformer le secteur et instaurer la concurrence commencent à donner leurs fruits mais demeurent insuffisants». L'ambition étant de réduire le mark-up du transport de 10% accompagnant ainsi les objectifs de croissance et de l'emploi au niveau national. D'autres perspectives s'alignent au secteur. S'agissant du transport routier des marchandises, les nouvelles dispositions fiscales visant à baisser l'impôt sur le revenu pour les petites entreprises contribueraient positivement à organiser le secteur. Ainsi, ce dispositif pourrait «jouer en faveur de l'intégration d'une bonne partie de l'informel au secteur formel moyennant des actions ciblées d'accompagnement», souligne la DEPF. En ce qui concerne le transport ferroviaire, l'office national des chemins de fer est dans l'obligation d'accélérer ses stratégies managériales inscrites dans une logique de diversification des clients et des produits. La DEPF mise donc sur l'implication des pouvoirs publics pour apporter un appui au transport ferroviaire des marchandises, et ce en l'impliquant dans la nouvelle vision logistique comme étant un véritable acteur du développement des services logistiques via les plates-formes multimodales. Par ailleurs, le port Tanger Med constitue une avancée de taille pour le transport maritime. Si cette infrastructure portuaire permettra de mieux saisir les opportunités offertes, le développement de la compagnie de transport maritime pourra contribuer de manière significative à la réalisation des objectifs attendus, surtout, en matière de positionnement commercial régional et international. Le transport de marchandises en chiffres Le secteur de transport de marchandise a contribué à hauteur de 5,8% du total des valeurs ajoutées et 10,3% de celle des activités tertiaires en 2011 aux prix constants. Sa valeur ajoutée est passée de 19,6 milliards de dirhams en 2000 à 33,8 milliards de dirhams en 2011, soit une croissance annuelle moyenne de 5%. En termes d'emplois créés, le transport (y compris entrepôts et communications) a employé, en 2011, près de 493.460 personnes ce qui représente 4,7% de la population active occupée, dont 76% dans le milieu urbain. Le transport routier constitue le principal mode de transport domestique des marchandises dans la mesure où il représente plus de 75% du fret national (hors phosphate). Les camions demeurent le premier moyen de transport routier des marchandises. Ce parc est constitué de 20.000 transporteurs, possédant 73.275 camions dont 53% pour compte d'autrui et 47% pour compte propre.