La présence d'associatifs d'horizons divers, la participation de représentants d'ONG et même la caution de la Rabita Mohammedia des ouléma, le ministère de la santé et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) n'ont, à la déclinaison de leurs récentes réalisations mercredi à Rabat, rien laissé dans l'ombre de ce qui fait la bonne présentation. Pour le premier, cette journée d'information organisée de compte à demi a été l'occasion de relater les étapes franchies par le programme de planification familiale et, aussi, ce qui a été fait et ce qui reste à accomplir au titre de la «Stratégie nationale de la santé de la reproduction 2011-2020». Pour l'officine de l'ONU, c'était, comme à pareille époque, la journée du rapport sur l'état de la population mondiale et, incidemment, le moment de vanter les vertus de la planification familiale, un domaine que les experts considèrent comme étant la convergence du social, du culturel et de l'économique. Ce qu'a affirmé la représentante du FNUAP qui a dit l'impact de la planification familiale et de la régulation démographique sur le développement économique. Quand les femmes choisissent au lieu de subir, quand elles espacent leurs accouchements de 3 ou 4 ans, elles se consacrent à des tâches plus productives, et les hommes en sont si impressionnés qu'ils acceptent plus volontiers de partager le pouvoir politique, ce qui a pour effet de libérer la culture. Autrement dit, «le rapport 2012 sur l'état de la population mondiale établit des liens entre la planification familiale, les droits humains et le développement». Cité par sa représentante à Rabat, le directeur exécutif du FNUAP, Dr Babatunde Osotimehin, affirme que «non seulement l'aptitude des couples à décider quand ils auront des enfants et combien, aide les nations à s'extirper de la pauvreté, mais encore constitue l'un des moyens d'autonomisation des femmes les plus efficaces». Et aussi, «les femmes qui pratiquent la contraception sont en général en meilleure santé, plus éduquées, plus autonomisées dans leur ménage et dans leur communauté et sont plus productives économiquement. Outre ces avantages économiques, la scolarisation et la santé des enfants s'améliorent, et la morbidité comme la mortalité maternelle reculent. Moralité : l'enjeu de la planification familiale est vital. Car aujourd'hui, du fait que 222 millions de femmes ne sont pas en mesure d'exercer leur droit à choisir quand tomber enceintes, il y a 80 millions de naissances non désirées, ce qui entraîne 40 millions d'avortements de par le monde», dit le rapport. Sur ces 40 millions, l'Afrique en compte la moitié. Alors devant ce gâchis mondial, le rapport suggère ce qu'il faut entreprendre comme mesures pour généraliser l'accès à la planification familiale. Ces mesures, les représentants du ministère de la santé ont déclaré que le Maroc en a fait grand profit. Il se situe dans la moyenne mondiale pour la contraception, «tant et si bien que l'accroissement démographique qui avoisine les 2,1% égale simplement le niveau de remplacement de la population». Autres succès : le taux de mortalité maternelle a été divisé par 2, l'infantile est passée de 40 pour 1.000 en 2004 à 28,8 aujourd'hui, la mortalité néonatale est passée de 27 à 18,8. Mais las ! Le taux de prévalence contraceptive chez les femmes mariées et âgées de 15 à 49 ans est passé dans la même période de 63 à seulement 67,4%. Plus, la contraception est essentiellement hormonale et orale, rarement à long terme au moyen de la pause d'un stérilet. Autre fait remarquable : 3 jeunes sur 4 n'y ont pas recours. Moralité : c'est au plan de l'information et de la sensibilisation que les programmes devraient s'essayer à être plus féconds.