Présentation de trois rapports sur la population La soirée du 19 octobre a été riche en enseignements. Dédiée à la présentation de trois rapports, elle a permis de jeter la lumière sur de nouvelles tendances. Le 20 octobre 2004, Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au plan, a présidé avec Mohammed Cheikh Biadillah, ministre de la Santé et de hauts fonctionnaires du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la présentation du Rapport sur l'état de la population mondiale en 2004, le rapport sur la population et le développement au Maroc et le rapport préliminaire de l'Enquête sur la population et la santé familiale. D'emblée, Ahmed Lahlimi a rappelé que le Maroc s'est engagé dès 1966 à travers la Déclaration des chefs d'Etat sur la population. La Création de la commission supérieure de la population est venue comme une suite logique à ce qui semblait non pas un accord, mais une option stratégique qui fait de la causalité bien-être et développement un fondement des politiques gouvernementales. D'après les différents travaux réalisés par le Haut commissariat au plan, il ressort que la lutte contre la pauvreté requiert des équipements sociaux, mais aussi l'accessibilité effective des citoyens à ces équipements. Aujourd'hui, les résultats se font sentir au niveau de différents secteurs (alphabétisation, pauvreté, santé, espérance de vie...). C'est le cas en matière d'éducation, le taux de scolarisation des enfants de 6 à 11 ans a atteint 92% en 2002-2003 contre 68,6% en 1997-1998. En matière de pauvreté, et en se référant aux standards préconisés par la Banque mondiale, le taux de pauvreté aurait été de 23,5% en 1985 et de 13,7% en 2001 contre respectivement 25,5 et 17,8%. Ce décalage s'explique selon Ahmed Lahlimi par la non-comptabilisation des économies d'échelle réalisées par les ménages. Seulement, “ces avancées ne devraient pas, cependant, occulter les déficits que le Maroc n'est pas encore arrivé à résorber”, a souligné M. Lahlimi. Pour sa part, le ministre de la Santé a exposé différents programmes initiés par son département pour réduire la mortalité infantile et maternelle, entre autres. Sur un plan plus global, le rapport 2004 du FNUAP estime que “l'insuffisance des ressources, le parti pris sexiste et les lacunes dans la desserte des pauvres et des adolescents rendent de nouveaux progrès problématiques, tandis que les défis s'accumulent”. Coïncidant avec le 10ème anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) tenue en 1994 au Caire, la publication de ce rapport tient lieu de bilan à mi-parcours. Un bilan qui n'est pas très rose par moments. Selon le FNUAP, près de 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour, 350 millions de couples n'ont pas accès à des services de planification familiale et 529 000 femmes meurent chaque année de complications de grossesse et d'accouchement. Et comme cela ne suffit pas, les pays donateurs qui s'étaient engagés à mobiliser 6,1 milliards de dollars par an pour les programmes de population et de santé, n'ont réellement fourni qu'une aide de 3,1 milliards de dollars. Un fait que déplore Thoraya Ahmed Obaid, directrice exécutive du FNUAP, qui estime que “le manque de ressources entrave de nombreux progrès et, alors même que les besoins continuent de s'accumuler, la réponse de la communauté internationale a été misérablement insuffisante”. La Santé en chiffres Menée entre octobre 2003 et février 2004, l'enquête sur la population et la santé familiale (EPSF) a abouti aux conclusions suivantes : - L'indice synthétique de fécondité a baissé de façon régulière aussi bien en milieu rural (3 enfants par couple) qu'en milieu urbain (2,1) pour donner une moyenne nationale de 2,5. - La mortalité infantile tout en affichant une tendance à la baisse (40 enfants pour 1 000 personnes), les décès en néonatale ont tendance à augmenter. Le Maroc reste en retard par rapport à certains pays maghrébins comme l'Algérie ou la Tunisie. - Le taux de mortalité maternelle est de 227 pour 100 000 naissances, cette moyenne cache toutefois une disparité entre la campagne (267) et la ville (186). - Le taux de vaccination des enfants varie entre 81 et 95, avec un léger retard dans l'Oriental. - En matière de contraception, et grâce aux multiples campagnes de communication, 63% des femmes utilisent des moyens contraceptifs et 90,6% ont entendu parler du Sida.