Une semaine après la réunion de la commission nationale de la réforme des caisses de retraite, de nouvelles informations ont filtré. On apprend ainsi que ni la commission nationale ni la commission technique ne seront désormais concernées par la réforme de la CMR (Caisse marocaine de retraites). Et pour cause, les syndicats ne veulent pas cautionner le schéma de réforme de cette caisse dans sa version actuelle consistant à élever l'âge de départ à la retraite, augmenter les cotisations et revoir la méthode de calcul de la pension de retraite. Ce schéma qui a été proposé voilà plus de deux années par le conseil d'administration de la CMR et qui semble séduire le gouvernement, est pour le moment rejeté par pratiquement toutes les centrales syndicales. «Toutes les mesures proposées par le conseil d'administration ne prennent pas en considération l'intérêt et les acquis des fonctionnaires», affirme Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT (Fédération démocratique du travail). Pour éviter l'impasse, une décision a donc été prise pour que ce dossier ne soit plus discuté dans le cadre de la commission technique. «La réforme de la CMR sera désormais programmée dans le cadre des prochains rounds du dialogue social. La commission technique travaillera, pour sa part, sur un schéma global de réforme sur la base d'un scénario avec deux principales caisses de retraite. Un scénario validé par la commission nationale», affirme Mohamed Hakech, représentant de l'UMT (Union marocaine du travail) dans la commission technique. Cette dernière reprendra bientôt du service. Ses membres devront s'attaquer en premier lieu à une grosse problématique. «Nous allons lancer dans les prochaines semaines une étude nationale sur la généralisation de la couverture. Nous avons aujourd'hui l'un des plus faibles taux de couverture dans la région avec environ 30%. L'objectif de l'étude est de définir les groupes socio-économiques qui pourront être intégrés au système nationale de retraite», poursuit M. Hakech. La commission technique devra approfondir par la suite les réflexions pour préparer la mise en place des deux pôles public et privé de la retraite. Seul bémol, la réforme globale ne pourra pas avoir lieu de sitôt, en tout cas, pas avant qu'une solution ne soit trouvée à la problématique de la CMR. En effet, la création d'un pôle public suppose la fusion de la CMR avec le Régime collectif d'allocation des retraites (RCAR). Concernant le pôle privé, même si la tâche des responsables paraît facile, il existe quelques petits écueils qu'il va falloir surmonter. Outre l'élargissement des adhérents à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) qui sera la principale caisse de retraite pour le secteur privé, un flou entoure encore le sort qui sera réservé à la CIMR (Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite) et ses adhérents. Sera t-elle intégrée à la CNSS? Sera-t-elle gardée comme une caisse optionnelle? Il faut savoir que le statut même de la CIMR pose déjà problème. Le gouvernement n'est donc pas au bout de ses peines avec la validation du schéma de réforme. La réforme des caisses de retraite, présentée comme trop urgente, traînera encore plus.