* Seulement 21% des travailleurs au Maroc sont couverts, ce qui est très en retrait par rapport aux pays de la région. * En cas de statu quo, l'avenir de la retraite est menacé. La thématique de la retraite continue d'alimenter les débats à cause de la crainte d'une non pérennité des régimes avec toutes les conséquences qui en découlent. La retraite peut être considérée comme un instrument de management moderne important. Au Maroc, ce paysage est composé de caisses de retraites pour le secteur public, de caisses pour le secteur privé, des compagnies d'assurance et des caisses internes. Pour le secteur public, il existe deux régimes obligatoires, à savoir la CMR et le RCAR. Pour ce qui est du secteur privé, les deux caisses de retraites sont la CNSS qui est obligatoire et la CIMR qui demeure facultative. A côté des caisses de retraite, on retrouve aussi les compagnies d'assurance qui assurent des couvertures de retraite sur initiative individuelle ou collective, et les caisses internes adoptées par certains établissements publics. Toutefois, les populations couvertes restent marginales, ce qui fait que ces caisses ont basculé vers le RCAR. Les techniques de gestion adoptées par les caisses de retraite sont de trois sortes : la répartition, la capitalisation ou le régime mixte. Selon Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR, la situation des retraites au Maroc est loin d'être enviable, et pour cause : seulement 21% des travailleurs au Maroc sont couverts, ce qui est très en retrait par rapport aux pays de la région. La situation est très embarrassante dans la mesure où la population de 60 ans et plus croît tous les ans. Khalid Cheddadi cite également l'âge de mariage plus tardif qui a des conséquences sur la vie de la famille, étant donné que les enfants sont encore scolarisables lorsque les chefs de famille arrivent à l'âge de la retraite. Dans le secteur privé, 15% des salariés n'auront comme seule ressource que la pension CNSS désormais équivalente à 4.200 DH/mois et ce pour 30 ans de carrière. Pour la population non adhérente au régime de la CIMR, cette dernière se retrouve à la fin de ses jours avec un revenu dont l'érosion est de 40% à 80% entre leur dernier salaire et leur pension de retraite. État des lieux des caisses de retraite Pour le cas de la CMR, les perspectives dans le cadre du statu quo illustrent un déficit du système en 2010, un épuisement de la réserve de prévoyance en 2016, voire 2018 après règlement des arriérés de l'État. En cas d'application du principe de la prime échelonnée, le taux de contribution se stabiliserait à 20% jusqu'en 2013, passerait à 45% jusqu'en 2025, puis baisserait progressivement à moins de 30%. Concernant le RCAR, les perspectives dans le cadre du statu quo font que le total des fonds du RCAR va s'épuiser en 2045. Quant au fonds de péréquation il s'épuisera en 2021. Les perspectives en cas de statu quo ne sont pas brillantes non plus pour la CNSS dont le taux actuel permet d'assurer l'équilibre jusqu'en 2011 et la réserve de prévoyance s'épuiserait en 2018. La CIMR ne présente pas de risques dans la mesure où une profonde réforme a été entamée en 2003. Cette réforme se décline en une paramétrique visant à assurer l'équilibre du régime sur le long terme et une autre, de gouvernance, instaurant des normes de gouvernance pour le pilotage du régime. Après ce bref diagnostic, on s'interroge sur les actions mises en place afin de contrecarrer cette non viabilité des systèmes. En guise de rappel, un colloque relatif à la retraite a été organisé les 16 et 17 décembre 2003 dont les principaux axes sont le diagnostic de la situation des régimes par le ministère des Finances et les Caisses ; la nécessité d'engager une réforme de tout le système de retraite et associer l'Etat et les partenaires sociaux. Par ailleurs, deux commissions nationale et technique ont été mises en place. Les scénarii retenus Trois scénarii de référence ont été retenus. Le premier consiste à maintenir l'organisation institutionnelle et les mécanismes de financement actuels avec l'introduction de réformes paramétriques pour améliorer la situation financière des régimes. Ces réformes seraient accompagnées dans le secteur privé, par une coordination entre les régimes CNSS et CIMR pour en assurer la cohérence globale et trouver une solution à la situation institutionnelle de la CIMR. Le second scénario est relatif à une organisation institutionnelle dualiste qui vise l'intégration de la CMR et du RCAR dans un pôle public, de la CNSS et de la CIMR dans un pôle privé. Et le troisième est relatif à un système de retraite intégré pour l'ensemble des travailleurs. Les options retenues sont une transition graduelle du scénario 1 vers le scénario 2 puis, dans une deuxième étape, vers le scénario 3. La deuxième optique consiste en un passage direct au scénario 2 et, dans une phase ultérieure, au scénario 3 et enfin le passage direct au scénario 3.