Cela a un air de déjà vu, mais le fait est que les institutions d'analyse et de prévision économiques sont en passe de retrouver des formules dont la résonnance est familière. La plupart disent en effet que si la finance qui va tant bien que mal peut espérer l'élargissement de ses perspectives du fait du prêt souverain en dollars américains et de la ligne de liquidités et de précaution mise à disposition par le FMI, l'économie réelle, quant à elle, est résolument en perte de vitesse. Pour le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en particulier, «l'arrêté des comptes nationaux du troisième trimestre 2012 montre que la croissance des activités non agricoles continue à connaître un rythme relativement élevé, atteignant un volume de 126,64 milliards DH en progression de 4,9% comparativement à l'année précédente. En revanche, le secteur agricole maintient sa tendance à la baisse». En sorte que n'eût été les effets d'une demande intérieure plus forte que prévu, le ralentissement de l'économie eut été plus marqué. Mais, pensent certains analystes, la situation est perfectible du fait d'une pluviométrie plus clémente cette année. Au demeurant, indiquent-ils, les contre-performances de l'année dernière ne sont pas insurmontables. Le HCP note en effet que «le Produit intérieur brut (PIB), corrigé des variations saisonnières (cvs), a affiché un accroissement de 2,9% en volume au lieu de 5% le même trimestre de l'année 2011 et qu'en valeurs, il a marqué une hausse de 3,5%, ce qui fait ressortir une augmentation du niveau général des prix de 0,6% en glissement annuel». Relativement meilleure a cependant été la situation du commerce extérieur. Au cours du 3ème semestre de l'année dernière, les échanges extérieurs de biens et services ont contribué pour 0,2 point à la croissance économique au lieu de 1,7 point négatif en 2011, malgré une baisse de 0,7% des exportations et seulement de 1,1% des importations. La note du Haut-Commissariat au Plan relève en outre que «durant ce trimestre, le revenu national brut disponible a progressé de 2,6% au lieu de 5,6% l'année précédente. Cette évolution est due conjointement à la hausse du PIB aux prix courants de 3,5% au lieu de 5,3% et au recul des transferts courants nets reçus du reste de monde de 9,7% au lieu d'une augmentation de 10,7% (avec une baisse de ceux des Marocains résidant à l'étranger (MRE) de 9,3% au lieu d'une hausse de 8,7%)». Cette évolution qui s'est globalement poursuivie au cours du 4ème trimestre est susceptible de connaître de nouveaux développements cette année. Outre les perspectives offertes au secteur agricole et la prévision de permanence du niveau et des effets de la demande intérieure dopée par le regain agricole, les transferts des MRE et les recettes de voyage devraient accuser un fléchissement plus prononcé. Par ailleurs, on estime que la croissance sera de meilleure facture. Cependant les augures hésitent à se prononcer sur l'issue de la campagne agricole échaudés qu'ils sont de voir les prémices les plus franches tourner court à la suite d'une panne sèche que rien ne laissait prévoir au départ. Selon le Haut-Commissariat au Plan, «l'ensemble des activités non agricoles a enregistré des croissances positives au troisième trimestre 2012 et ce, malgré le ralentissement de quelques secteurs».
L'activité agricole maintient sa tendance à la baisse La valeur ajoutée du secteur agricole a connu une nette régression au troisième trimestre de l'année 2012. Cet indicateur a reculé de 8,4% au lieu d'une hausse de 6 %. En revanche, les activités non agricoles continuent de croître. Le PIB non agricole s'est amélioré de 4,9% au lieu de 5%. «L'ensemble des activités non agricoles ont enregistré des croissances positives et ce, malgré le ralentissement de quelques secteurs», indique le Haut-Commissariat au Plan dans sa note d'information sur la situation économique au troisième trimestre 2012. Il s'agit, en particulier, du commerce qui s'est accru de 1,6% au lieu de 4,7 %. Les transports ont pour leur part grimpé de 2,1% au lieu de 5,9% au moment où les postes et télécommunications se sont améliorés de 18,1 % au lieu de 24,1%. L'évolution de l'industrie de transformation est estimée à 1,7% au troisième trimestre 2012 au lieu de 3,7%. En revanche, les activités du bâtiment et travaux publics, en amélioration de 6,1 % le troisième trimestre de l'année 2011, sont en régression de 1,7% au cours de ce trimestre. Aucune amélioration de l'épargne nationale «Tenant compte de l'évolution de la consommation finale nationale, la situation de l'épargne nationale ne s'est pas améliorée». Une sonnette d'alarme tirée par le Haut-Commissariat au plan, peu optimiste quant à l'évolution des indicateurs de l'économie nationale. Au troisième trimestre de l'année 2012, l'épargne nationale s'est inscrite en retrait. Elle est évaluée à 52,76 milliards de dirhams contre 54,78 milliards de dirhams enregistrés au titre du troisième trimestre de l'année 2011, soit une baisse de 3,7% en glissement annuel. Sa part au PIB s'est située à 25,3% contre 27,1% observés au titre du troisième trimestre de l'année précédente. Il ressort de cette variation un recul plus accentué comparativement à la part de l'investissement. Se référant à la note d'information du Haut-Commissariat au Plan, la part de l'investissement au PIB national s'est située à 34,4% au troisième trimestre de l'année 2012 contre 35,2% observés durant la même période de l'année précédente. Les dépenses des ménages en hausse de 3,5 % Le ralentissement de la croissance économique nationale est toujours tiré par la demande intérieure. C'est ce que souligne, dans ce sens, le Haut-Commissariat au Plan. À cet effet, le département d'Ahmed Lahlimi met en relief la consommation des ménages marocains. «Au niveau de la demande intérieure, les dépenses de consommation finale des ménages se sont accrues de 3,5% au lieu de 9,6%», relève-t-on du Haut-Commissariat au Plan. Et de poursuivre que «cette variation dégage ainsi une contribution à la croissance pour 2,1 points au lieu de 5,4 points le même trimestre de l'année précédente». Par ailleurs, la consommation finale des administrations publiques, de son côté, a affiché une hausse. Se référant aux statistiques du Haut-Commissariat au Plan, cette dernière s'est améliorée de 5 % contribuant ainsi pour 0,7 point à la croissance. Notons que la formation brute de capital (formation brute de capital fixe et variations de stocks) a connu une quasi-stagnation.