Dans sa dernière livraison, le Centre marocain de conjoncture fait le point sur les résultats de la politique de mise à niveau. Un niveau jugé faible par rapport aux ambitions. Lecture. Quand il s'agit de mise à niveau des entreprises, le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) ne fait pas dans la nuance. Dans sa dernière note datée du mois de février 2002, le Centre constate, qu'après cinq ans de la mise en œuvre de cette politique, la faiblesse du nombre des structures bénéficiaires et la modicité des investissements réalisés dans le cadre de ce programme. Rappelons que la politique de mise à niveau a été élaborée en 1997, soit deux ans après la signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne (UE). L'objectif étant d'assurer l'ancrage du Maroc à la zone de libre-échange avec l'Union. Dans ce sens, la stratégie adoptée a été axée sur deux volets portant sur les actions et les financements. En matière d'actions, celles-ci revêtent une triple portée, indiquent les responsables du CMC : horizontale, sectorielle et spécifique. En ce qui concerne les financements, il s'agit beaucoup plus d'une affaire interne de l'entreprise qui peut bénéficier de l'apport extérieur. D'où l'intérêt des lignes de financement attribuées par des institutions financières internationales. A en juger par les conclusions du Centre, la faiblesse des entreprises ayant bénéficié de la politique de mise à niveau se justifie en grande partie par «les multiples incompréhensions ayant marqué les premiers pas de cette politique». Et de poursuivre que «le déficit d'anticipation serait le premier facteur explicatif». Nul besoin de rappeler ici que dans les périodes de transition économique, il y a tout un mouvement de restructuration qui doit être opéré pour affronter la concurrence étrangère. Dans cette perspective, le CMC souligne que «l'adhésion à l'accord d'adhésion aurait dû s'accompagner d'une évaluation du coût de l'ouverture de l'économie nationale sur la cartographie future de notre tissu industriel et la détermination de nouvelles priorités en phase avec les exigences du nouveau contexte». Pour les conjoncturistes du CMC, l'inadaptation entre les exigences d'une véritable restructuration et les priorités de la politique économique constituent le deuxième facteur expliquant la faiblesse des résultats en matière de mise à niveau. Le Centre va plus loin dans son raisonnement : «dominées par la recherche de performances financières, les préoccupations de modernisation des entreprises n'ont pas eu suffisamment d'échos au niveau de la politique économique». Pis, un tel décalage qui coïncide avec l'absence de perspectives claires en termes d'incitation serait à l'origine du sentiment largement répandu chez les opérateurs économiques, selon lequel la politique d'ouverture se traduirait par la reconversion des métiers notamment l'abandon des activités productives au profit du négoce, etc. Le CMC conclut son analyse en appelant l'ensemble des acteurs à changer leur approche en matière de mise à niveau. Car selon le Centre, au-delà de l'adhésion aux objectifs à long terme, une plus grande efficacité de la politique de modernisation du tissu productif dépend avant tout du dépassement des décalages relevés dans la politique de mise à niveau adopté jusque-là. En d'autres termes, il y a lieu de surmonter le mur d'incompréhensions séparant les pouvoirs publics et les opérateurs économiques.