L'Italie a vu sa production industrielle baisser de 0,3% en novembre comparé à octobre, subissant ainsi son troisième recul mensuel consécutif. « Léger » mais « significatif », selon les analystes, le ralentissement atteint -3,7% sur une base annuelle. De quoi susciter les incertitudes face aux perspectives de croissance de l'économie italienne, déjà mises à rudes épreuves. Sur la période septembre-novembre, la production industrielle a diminué de 1% par rapport au trimestre précédent. Elle avait baissé de 1,1% en octobre et de 1,8% en septembre, des chiffres révisés de l'Institut national des statistiques (ISTAT), confirmant une tendance baissière dans le secteur industriel qui représente plus de 25% du PIB italien. Sans surprise, l'énergie est principalement concernée avec une baisse de 4,5 % sur une base mensuelle et de 17,1 % au niveau annuel suivi des biens de consommation, d'après des données de l'ISTAT publiées vendredi. Pour relancer l'industrie, « il faut redonner aux ménages la capacité de dépenser. Si la consommation décolle les entreprises peuvent revenir à la pleine production », a commenté le président de l'Union nationale des consommateurs, Massimiliano Dona, rappelant que la consommation constitue 60% du PIB du pays. Le nouveau gouvernement a consacré, dans le cadre de la loi de finances 2023, plus de 21 milliards d'euros aux mesures de soutien aux ménages et entreprises face à la flambée des prix de l'énergie, sur un total de 35 milliards d'euros de dépenses. Cependant, l'inflation galopante menace de freiner davantage la consommation ce qui limite les marges de manœuvres, selon un rapport de la banque d'investissement Mediobanca. Le pouvoir d'achat des ménages est « lourdement frappé », a assuré récemment la confédération Coldiretti, évoquant la flambée des achats de produits alimentaires à prix bas, dont les ventes ont enregistré une hausse de 10,3% en 2022. Un chiffre qui, d'après l'organisation, met en lumière la difficulté dans laquelle se trouvent les familles italiennes, ayant dépensé près de 13 milliards dans la nourriture l'année dernière. Parmi les catégories particulièrement touchées figurent les fonctionnaires dont les salaires ont progressé de 6,7% entre 2013 et fin de septembre 2022 contre une hausse des prix de 13,8% sur la même période. Moteur de la croissance, la consommation des ménages « devrait diminuer dans les premiers mois de l'an prochain, subissant l'impact de la forte hausse des prix sur le revenu disponible », a confirmé, pour sa part, la Banque d'Italie dans un communiqué. La consommation devrait « rester faible jusqu'à la fin de l'année 2023, pour s'accélérer progressivement par la suite, grâce au recul de l'inflation », a-t-elle précisé. La croissance « devrait s'affaiblir au cours du trimestre en cours et du trimestre suivant », avant de reprendre progressivement à partir du printemps. L'activité économique devrait prendre de la vigueur en 2024, avec une hausse du PIB de 1,2%, estime la Banque d'Italie. Dans un scénario plus « défavorable », le PIB italien pourrait même « reculer d'environ 1% » en 2023 et 2024, selon la Banque d'Italie. Des doutes partagés par le gouvernement qui redoute un recul du PIB, dû à la baisse de la production industrielle et au ralentissement du secteur des services.