C'est un secret de polichinelle. Le conflit artificiel autour du Sahara marocain n'a que trop duré. Face à l'immobilisme du Polisario et de son parrain algérien, le Maroc a mis sur la table une proposition permettant d'aboutir à une solution définitive à ce dossier. Aujourd'hui, l'Initiative d'autonomie est saluée au niveau international. Avec le soutien américain, Rabat veut que les choses aillent plus vite. C'est ce qui ressort des déclarations du ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, lors de son entrevue avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Pour le Maroc, «le plan marocain d'autonomie est l'unique solution que soutiennent les Etats Unis et plusieurs autres pays comme l'Espagne récemment, l'Allemagne et d'autres Etats arabes et africains». Rabat demande plus de clarté dans les positions de ses partenaires, particulièrement européens. «Il est temps pour l'Europe de sortir de sa zone de confort en lien avec ce conflit. Car, l'appui d'un processus visant à trouver une solution à un différend n'est guère un appui à son règlement», a martelé M. Bourita. Surtout que, certes, «il est facile de dire qu'on soutient ce processus, alors que ce dernier pourrait durer des décennies». Le ministre n'y est pas allé par quatre chemins. Pour le Maroc, «l'essentiel est de passer à des efforts orientés vers l'appui de l'initiative d'autonomie sous souveraineté marocaine comme solution du différend artificiel autour du Sahara». Après, les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Espagne, un signal fort est attendu de la France. Pour Christian Cambon, président du groupe d'amitié France-Maroc au Sénat français, en visite au Maroc au cours de cette semaine, «des évolutions doivent aussi intervenir» du côté français. Il a affirmé que «la France et le Maroc entretiennent une relation absolument privilégiée, qui mérite d'être régulièrement revisitée, pour être nourrie à la faveur des événements et des crises qui se posent». Au-delà de la France, l'Union européenne, partenaire traditionnel du Maroc, est également appelée à se démarquer de sa neutralité, et prendre position en faveur de la proposition marocaine, largement considérée comme une solution crédible et réaliste. Il s'agit d'appuyer la mise en place d'une solution prenant en compte les intérêts des populations des provinces du Sud, loin des prises de positions démagogiques. Le revirement de la position espagnole sur ce dossier témoigne de l'évolution des mentalités chez le voisin du Nord. Face aux membres du Congrès des députés espagnol, Pedro Sanchez a souligné que «l'Espagne a pris cette décision avec la pleine volonté de faire un pas en avant» vers le règlement de ce différend. Madrid a compris que l'initiative d'autonomie est une «contribution précieuse à la solution d'un conflit bloqué depuis plus de quatre décennies», comme l'a souligné le président du gouvernement espagnol. De plus en plus de pays, notamment européens, africains et arabes, appuient les efforts pour briser le statu quo. Une évolution de la position de l'Union européenne n'est pas à écarter. Surtout que le président du gouvernement espagnol a fait savoir que la Commission européenne et le Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères ont soutenu sa décision. Au-delà des considérations politiciennes, issues d'une mentalité de guerre du siècle dernier, qui marque la position des séparatistes et de leurs soutiens en Algérie, le Maroc est résolument tourné vers l'avenir. La proposition d'autonomie permettra de renforcer la dynamique de développement dans les provinces du Sud, et favoriserait l'identification d'opportunités d'affaires pour les investisseurs marocains et étrangers. Surtout avec la multiplication de projets faisant de cette zone une véritable plateforme de co-développement à vocation africaine.