Deux éminents activistes dans la défense des droits de l'homme, Bill Bowring et Thomas Schmidt, respectivement président et secrétaire général de l'Association des Avocats Européens pour la Démocratie et les Droits humains dans le Monde (ELDH), se sont insurgés dans un article de presse de grande diffusion internationale (écrit sous forme de pétition), contre l'entêtement d'Israël de s'opposer à la création d'un Etat palestinien souverain et indépendant. Le Moyen Orient se trouve à la croisée des chemins et les multiples violations du droit international rendent impossible tout progrès vers la paix tout en bloquant les négociations dans ce sens, écrivent-ils. En ce moment, où les citoyens arabes ont décidé de prendre leur propre destin en main, la reconnaissance par l'ONU d'un Etat Palestinien à l'intérieur des frontières antérieures à 1967, ayant avec pour capitale la partie Est d'Al Qods, peut ouvrir de nouvelles perspectives. Cette reconnaissance doit être assumée par tous les Etats, particulièrement les membres de l'Union Européenne (UE). Les pays de l'UE sont appelés à passer outre la contradiction qui surgit alors que l'UE apporte une assistance financière à la Palestine sans reconnaître d'un autre côté l'Etat palestinien. Cette reconnaissance est une obligation pour tous les Etats et n'est assujettie à l'accord d'Israël, soutient l'ELDH. Eu égard au droit international, tout Etat est libre de reconnaître un peuple comme Etat s'il aspire à le faire. C'est un pas diplomatique indépendant. Il est indispensable de rappeler que le 24 septembre 2010, le président des Etats-Unis, Obama avait proposé que l'Assemblée Générale de l'ONU devrait « se réunir une autre fois l'année prochaine avec un accord qui conduirait à la création d'un nouveau membre de l'Onu, un Etat souverain indépendant, la Palestine, qui vivrait en paix avec Israël ». Le 21 avril 2011, le président français, Nicolas Sarkozy, avait informé le président palestinien, Mahmoud Abbés, de son clair «appui aux efforts tendant à créer un Etat palestinien». Le ministre français des affaires étrangères avait, pour sa part, signalé que l'idée de reconnaître l'Etat palestinien «est une option à prendre en compte» mais qu'il «correspond à l'UE» d'en décider. Cette union avait déclaré, le 13 décembre 2010, qu'il le fera « en son temps». Cette prise de position ne peut se convertir en un prétexte pour rapporter à plus tard cette décision. En outre, le moment est venu. Le président Mahmoud Abbés a effectué une série de visites à caractère politique dans le but d'aboutir à la reconnaissance de l'Etat palestinien. D'autant plus, en Israël un groupe de personnalités politiques, dont certains du Mossad, du Shin Bit, de l'armée et du monde des affaires ont rendu public une « Initiative Israélienne pour la Paix » en faveur de la création d'un Etat palestinien. Cette initiative s'est poursuivie avec la signature par plus de 60 personnalités, dont 17 lauréats du Prix Israël (une des plus hautes distinctions dans le domaine de l'art, la science et la littérature) ainsi que par des écrivains tels Zeen Sternhell et Yirmiyhu ou le fondateur du parti Meretz Shulamit Aloni. Les signataires rappellent la Résolution 181 des Nations Unies, du 29 novembre 1947, qui stipule « la création d'un Etat juif et d'un Etat arabe indépendant » et signalent que « nous avons vu ce qui se passe dans les pays arabes qui nous entourent et sommes arrivés à la conclusion selon laquelle l'heure est venue pour que les citoyens israéliens haussent la voix ». Ce type d'initiatives doit être le bienvenu et la Communauté Internationale doit aussi agir avec responsabilité, soutiennent les deux activistes. Ils se sont passés 64 ans depuis le refus d'Israël du plan de partition de la Palestine. Aujourd'hui, il revient à la communauté internationale de garantir un accord définitif et juste qui soit basé sur le droit international. L'UE a la mission de prendre l'initiative et reconnaître sans se fixer de délai l'Etat palestinien avec les frontières existantes avant la guerre de 1967 et Al Qods Est comme capitale, et, demander à l'ONU qu'elle fasse de même dans les meilleurs délais. Conformément à la Charte des Nations unies, l'acceptation comme membre d'un nouvel Etat est tributaire de la décision à prendre par l'Assemblée générale, basée sur la recommandation du Conseil de Sécurité. Si un membre de ce Conseil exerce son droit de veto, il serait obligatoire dans ce cas de convoquer une session extraordinaire de l'Assemblée générale. Ceci est prévu dans la Résolution 377 de 1959 en vue de sauvegarder la paix (“Unis pour la Paix”) au cas où intervienne un veto qui bloquerait ce processus. Il n'y a aucun doute que la paix dans la région dépende de la normalisation de la situation en Palestine et son admission inconditionnelle au concert des Etats. L'ONU doit ainsi agir avec responsabilité, proposent les deux activistes européens des droits humains. Néanmoins, les autorités nationales et internationales n'agiront pas dans cette direction que lorsqu'il y ait un appui de l'opinion publique. Pour cela, celle-ci doit être mobilisée. Les deux activistes invitent ainsi des personnalités politiques et intellectuelles de toute origine, tendance et intérêt à joindre leur voix à une pétition “pour que la paix prédomine sur la guerre; pour que le droit international ne reste seulement bâti sur des promesses et mensonges; pour que soient évitées des tragédies; pour assurer le futur des peuples de vivre ensemble dans la même planète”.