Il est des maladies qui, une fois installées, peuvent changer totalement le courant normal d'une personne. Si les maladies cardiovasculaires, celles de l'appareil circulatoire dont l'infarctus ou les AVC, les cancers ou encore le diabète et bien entendu l'insuffisance rénale ont le triste privilège d'être dans le peloton de tête de ces affections, il n'en demeure pas moins vrai que la polyarthrite est aussi une maladie très handicapante. Retour sur une maladie insuffisamment prise en charge. La polyarthrite rhumatoïde est une maladie rhumatismale inflammatoire chronique qui détruit les articulations des personnes touchées et atteint également d'autres organes tels que les poumons, les yeux, le cœur… La maladie touche environ 300 000 personnes au Maroc, elle est 4 fois plus fréquente chez la femme que l'homme et apparaît généralement entre 35 et 45 ans. La vie des malades change radicalement dès l'apparition des premiers symptômes de la polyarthrite rhumatoïde. Leur qualité de vie est considérablement altérée par l'inflammation et la douleur qui touchent souvent plusieurs articulations simultanément (épaules, dos, poignets…), engendrant ainsi une impossibilité d'accomplir les activités de tous les jours. On devine ce que être le quotidien d'une personne atteinte de polyarthrite. Surtout quand cette même personne est une femme mariée, avec des enfants. Souvent dans l'impossibilité d'accomplir les moindres tâches ménagères qui deviennent de véritables supplices, ces femmes connaissent des situations dramatiques inhérentes à leur état de santé. Famille brisée, femme répudiée, enfants délaissés sont autant de réalités que la polyarthrite rhumatoïde sème sur son passage. Il en est de même des personnes atteintes de PR qui ne peuvent plus travailler à cause de l'handicap que cause cette terrible maladie. Le résultat est tout aussi dramatique, puisque ces individus sont tout simplement renvoyés, licenciés sans aucune forme de compensation. Se retrouver du jour au lendemain sans ressources, sans moyens pour subsister est la pire des choses qui peut arriver à une personne normale. Qu'en est-il quand celle–ci est atteinte de polyarthrite rhumatoïde ? Un traitement qui suscite de l'espoir La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique évolutive qui s'attaque aux articulations et aux tissus environnants; elle provoque des douleurs intenses et une destruction articulaire irréversible entraînant un handicap important. Elle peut être également à l'origine de complications graves telles que la fatigue, l'anémie et les maladies cardiovasculaires… Cette maladie est généralement traitée par le Méthotrexate. Toutefois, jusqu'à 40% des individus recevant le MTX ne répondent pas de manière adéquate à ce traitement ou présentent des événements indésirables, ce qui contraint à administrer d'autres médicaments pour maîtriser la maladie. Les biothérapies représentent une révolution majeure dans la prise en charge de cette pathologie. Parmi ces biothérapies, on retrouve le Tocilizumab, biothérapie ayant déjà montré son efficacité aussi bien sur les symptômes de la maladie que sur la prévention des destructions articulaires. Les données de cette nouvelle étude sont présentées lors du congrès Européen de Rhumatologie (EULAR). Le congrès Européen de Rhumatologie (EULAR) qui s'est tenue à Londres du 25 au 28 mai, a de nouveaux mis l'accent sur les nouveaux apports thérapeutiques du Tocilizumab. De nouvelles données issues d'une grande étude internationale (Etude ACT-RAY) ont montré que, chez les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR), le tocilizumab peut être utilisé seul (monothérapie) et présente une efficacité clinique comparable à celle enregistrée quand il est associé au Méthotrexate (MTX). Ayant participé à ce rassemblement international de spécialistes des maladies rhumatismales, le Pr Fadoua Allali a insisté sur l'intérêt scientifique de tels résultats «Nous avons appris durant ce congrès, à travers cette nouvelle étude, qu'en donnant le tocilizumab seul, plus de 40% des patients, sont en rémission clinique c'est à dire ne souffrent plus d'aucun symptôme et que ce résultat se voit très rapidement. L'espoir fondé sur les biothérapies, en particulier sur le tocilizumab s'est de nouveau concrétisé. Un médicament non remboursé par la CNOPS et la CNSS Le tocilizumab est actuellement homologué en Europe et au Maroc dans le traitement de la PR chez les personnes n'ayant pas répondu de manière adéquate ou ayant présenté une intolérance à un précédent traitement par un ou plusieurs traitements de fond de la PR ou inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (TNF). Il a été recommandé dans le traitement de la PR par la Société Marocaine de Rhumatologie mais il n'est pas encore remboursé par la CNOPS et la CNSS. Le tocilizumab est le premier et le seul agent biologique à s'être montré supérieur au MTX en monothérapie. «Les résultats de l'étude ACT-RAY étayent ceux d'une précédente étude (AMBITION) qui a montré que, par rapport au MTX, le tocilizumab administré seul a entraîné une réduction plus marquée des signes et symptômes de la PR (articulations tuméfiées et douloureuses) à six mois et que presque trois fois plus de patients ont présenté une rémission clinique», ajoute cette spécialiste membre de la Société Marocaine de Rhumatologie. «Le tocilizumab est un anticorps monoclonal qui agit en bloquant l'action d'une protéine, l'interleukine 6 (IL-6). Cette dernière joue un rôle majeur dans l'inflammation et les lésions articulaires associées à la polyarthrite rhumatoïde, mais également les manifestations générales comme la fatigue, l'anémie, l'augmentation du risque cardiovasculaire. En donnant donc le Tocilizumab, on bloque cette protéine et de ce fait on réalise un pas en avant vers le contrôle de cette maladie d'autant plus qu'il est prouvé aujourd'hui qu'on peut le donner seul (en monothérapie)». Nous explique le Pr fadoua Allali.qui formule le vœu de voir rapidement ce médicament faire l'objet de remboursement par la CNOPS et la CNSS pour en faire bénéficier les patients qui souffrent de polyarthrite rhumatoïde. Ce que nous appelons nous aussi de tous nos vœux, afin que les malades qui souffrent de polyarthrite rhumatoïde puissent enfin retrouver un peu de sérénité et goûter eux aussi aux joies de la vie.