La gestion des affaires locales à Casablanca va de mal en pis. C'est un constat hallucinant qui interpelle à plus d'un titre. La question a été fortement soulevée lors de la dernière réunion de la région du grand Casablanca du parti du progrès et du socialisme (PPS). Abderrahim Bansar, secrétaire régional de la Région du Grand Casablanca du PPS, souligne que les décideurs, qui gèrent les affaires locales dans la ville aujourd'hui, ne disposent pas de vision claire et de programme global pour assurer un développement durable à la Métropole, tout en prenant en compte les préoccupations des citoyens et les attentes des générations futures. Il y a une dégradation des services publics dans pratiquement tous les secteurs, a-t-il fait remarquer. Le service des transports urbains est en panne. Le secteur de ramassage des ordures ménagères laisse à désirer. En somme, les services confiés au secteur privé dans le cadre de la gestion déléguée échappent au contrôle des élus de la ville, a-t-il ajouté. Et d'ailleurs, a-t-il précisé, le dernier rapport de la Cour des comptes a mis à nu moult dysfonctionnements qui émaillent la gestion des affaires locales dans la plus grande ville du pays. En bref, résume Abderrahim Bansar, la politique de proximité est sérieusement mise à mal à Casablanca. Effectivement le tableau est noir. La ville se trouve depuis des mois en situation de blocage total. La session extraordinaire qui était consacrée aux débats à propos des inondations ayant secoué la ville le 30 novembre 2010 a été suspendue sans prendre de décisions pour faire face aux dégâts et éviter à Casablanca le pire au cas où de fortes précipitations s'abattraient sur la région. La session ordinaire du mois de février consacrée notamment à l'examen et l'approbation du compte administratif au titre de l'exercice 2010 n'a pas ouvert ses travaux après quatre réunions marathoniennes ponctuées par des violations flagrantes des dispositions de la charte communale. Celle du mois d'avril a eu le même sort que les deux précédentes. Aujourd'hui, la majorité ayant porté Mohamed Sajid de l'Union constitutionnelle (UC) aux commandes de la mairie s'est complètement effritée. Ce qui a poussé l'autorité locale à entrer en ligne en vue de trouver une issue à ce blocage qui paralyse la Métropole. Dans ce cadre, le wali du Grand Casablanca, Mohamed Halab, a tenu des réunions avec tous les groupes des élus représentés à la mairie. Selon des sources concordantes, les uns demandaient la démission du maire alors que les autres, notamment les élus du Parti de la justice et du développement (PJD), réclamaient un «remaniement» au sein du bureau. Des sources du groupe du parti de l'Istiqlal (PI) soulignent que la seule et unique issue à ce blocage réside dans le départ du maire. Dans la foulée, deux candidats sont entrés en lice pour une éventuelle succession au président Sajid à la tête de la Commune urbaine. Il s'agit de Farida Naîmi du parti authenticité et modernité (PAM) et Saîd Hasban du Mouvement populaire (MP). Mais, selon les avis de plusieurs élus, aucun des deux candidats ne pourrait rassembler une majorité homogène de nature à faire sortir la commune du blocage qui la secoue depuis la fin de l'année dernière. Face à cette situation, des voix s'élèvent au sein de la ville demandant la dissolution pure et simple de ce Conseil et refaire les élections dans l'espoir de faire émerger une élite qui sera capable de gérer la ville autrement et relever les défis qui s'inscrivent à l'horizon. Au moment où cette question attise les débats dans la ville, le maire a convoqué les membres du bureau pour leur demander de restituer les délégations de signature qui leur étaient confiées. Après cette décision, les vice-présidents en question se sont alignés sur l'opposition en laissant entendre, selon des sources à la Commune, que la solution idéale serait le départ du maire, qui s'est penché sur la restructuration des chefs de service de la Commune dans une ultime tentative d'apaiser la tension avec les élus du PJD. Car, selon des observateurs, un ralliement des élus de la «Lampe» renforcera les chances du maire pour gérer ce virage. Mais, indiquent d'aucuns, cette formule ne mettrait pas un terme à la situation du blocage. Devant cet état de choses, plusieurs élus demandent l'application de l'article 25 de la charte communale qui permet à l'autorité de tutelle de prendre les choses en main en vue de dépasser cette situation de blocage qui nuit aux intérêts des habitants de la ville blanche et provoque des retards dans l'avancement des projets lancés dans la métropole.