Selon les estimations de l'O.M.S, les infections sexuellement transmissibles sont responsables de 300 millions nouvelles infections chaque année dans le monde. Au Maroc, depuis l'instauration de la déclaration des IST, le nombre de cas notifiés accuse une augmentation d'année en année : il est passé de 103 343 en 1992 à presque 378 200 en 2004. Compte tenu de l'importance de la sous-notification, de la fréquence du recours aux soins dans le secteur privé et de l'automédication, le ministère de la santé estime actuellement l'incidence des IST dans le pays à 600 000 nouveaux cas par an. En vu de remédier à ce problème, des actions sont entreprises aussi bien par le ministère de la santé que par les associations qui luttent contre les IST/Sida. C'est notamment le cas de IST /Zéro qui vient de lancer une campagne nationale de lutte contre les IST/ Sida le 17 Mai 2011. Le point sur une initiative citoyenne. L'initiative de l'Association IST Zéro vise à instaurer une culture de prévention contre les IST/Sida parmi les populations vulnérables. Active depuis des années dans la communication préventive contre les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et le Sida, l'association IST Zéro lance sa campagne nationale de sensibilisation et d'information sur les IST, et ce le mardi 17 mai. Monté en partenariat avec l'Ambassade de Suisse au Maroc, les laboratoires Cooper Pharma et l'Association Marocaine de la Presse Médicale, ce projet découle d'une volonté civique d'agir pour la collectivité et collectivement, et ce, pour l'éducation sanitaire de la population et l'amélioration de leur état de santé. Qu'est ce que les infections sexuellement transmissibles ? Les infections sexuellement transmissibles (IST) ou maladies sexuellement transmissibles (MST) sont des infections extrêmement contagieuses qui se transmettent lors des rapports sexuels. Un seul rapport (génital, buccogénital ou anogénital) peut suffire à transmettre les agents responsables des IST : bactéries (syphilis, gonorrhée, infections à Chlamydia ou mycoplasme), virus (VIH, hépatites B et C, herpès génital, condylomes), champignons (ou mycoses) ou encore parasites (morpions). Les IST peuvent être graves, faute de traitement rapide ou efficace, y compris du partenaire. Les infections sexuellement transmissibles sont en recrudescence et représentent un facteur de risque supplémentaire de transmission du VIH, notamment dans la population. L'augmentation préoccupante des cas d'IST semble directement liée au relâchement des comportements garantissant des rapports protégés, notamment chez les populations les plus exposées. La prévention passe par une bonne hygiène intime, mais aussi par la limitation des comportements sexuels à risque : réduction du nombre de partenaires et utilisation systématique du préservatif. Le diagnostic précoce des maladies sexuellement transmissibles est essentiel et certains symptômes ou situations doivent conduire à consulter rapidement. Intervenant lors de cette journée, Monsieur Abdelmjid Aiboud président de l'association IST/ Zéro dira que l'objectif est de mieux faire connaître les IST/Sida auprès des jeunes en particulier puisqu'ils sont la tranche d'âge la plus vulnérable, et de réaffirmer la nécessité de s'engager davantage pour l'amélioration de leur prévention et de leur prise en charge. Pour les organisateurs de cette campagne, cet objectif ne peut être atteint sans un travail continu pour l'instauration d'une culture de prévention contre les IST/Sida parmi les populations vulnérables. S'étalant tout au long de l'année, la campagne nationale de sensibilisation et d'information sur les IST/Sida cible les populations les plus vulnérables à travers des méthodes d'accompagnement pédagogique et scientifique. Celles-ci se rapportent entre autres à la mise en place d'un site web entièrement dédié à l'éducation de la population sur les moyens préventifs, et l'organisation de séances de prévention dans différents établissements scolaires. En diversifiant ses approches de communication sur les IST/Sida, l'association IST Zéro aspire à consolider davantage les actions déjà entreprises par l'association. Avec l'organisation de la campagne nationale de sensibilisation contre les IST/Sida avec la participation de célébrités nationales dont Leila el Berrak et Omar Lotfi, l'Association IST Zéro inaugure un nouveau tournant dans le plan d'action qu'elle s'est fixée depuis sa création en 2009. Invité de marque de cette rencontre organisée par l'association IST/ZERO, le Pr Abdelhak Sekkat dermatologue, vénérologue et Président de la ligue Marocaine de lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissibles qui a animé l'atelier de formation organisé sur les IST. Le professeur A. Sekkat a fait, a présenté une intervention très intéressante dont voici ci-dessous les grandes lignes. Les aspects épidémiologiques actuels des I.S.T. sont devenus extrêmement complexes, variés et pourtant déroutants : la dissémination rapide de ces maladies est favorisée par l'accroissement démographique continu et soutenu, mais aussi et surtout par l'extraordinaire mouvement de masse à travers le monde, dû au développement des loisirs et du travail. Ceci a eu pour conséquence un changement complet dans le mode et les lieux de contamination. L'amie de passage prend de plus en plus le pas sur la prostituée traditionnelle. La libéralisation des mœurs s'accélère et donne lieu à des effets pervers tels qu'une diminution sensible de l'influence de la famille et de la religion dans notre nouvelle et jeune société. Ce bouleversement des structures socioculturelles est à l'origine, le plus souvent de l'impossibilité de retrouver l'agent contaminateur initial. Ce dernier est d'autant plus difficile à dépister que les gens, pour la plupart très jeunes (16-26 ans)n ignorent les risques qu'ils courent et font courir et continuent, curieusement même dans les pays très développés, de manifester à l'égard des «maladies vénériennes» des sentiments vifs de culpabilité. L'insuffisance d'infrastructure médico-sociale fait que les I.S.T. sont mal diagnostiquées et mal traitées (automédication, vente libre des médicaments…) ce qui entraîne fatalement des complications telles que l'inflammation pelvienne, l'infertilité féminine et masculine, le rétrécissement de l'urètre, l'ophtalmie du nouveau-né, la syphilis congénitale, la syphilis nerveuse. Les formes atypiques et les formes asymptomatiques deviennent plus fréquentes. Elles sont favorisées principalement par la prescription inconsidérée des antibiotiques tant par les médecins que les pharmaciens. Ces nouveaux aspects cliniques jouent certainement un rôle important dans la propagation des IST. Au Maroc, cet accroissement des I.S.T. devient préoccupant. Si nous tenons compte des statistiques de la Santé Publique et de l'important écart qui existe entre la déclaration des cas et la réalité, nous constaterons que les IST, avec plus de 600.000 cas par an environ, arrivent au 1er rang des maladies transmissibles, avant même la tuberculose (30.000). Pourtant les I.S.T. n'arrivent qu'au 5ème rang dans les prestations de service de la santé publique. Notons que dans notre pays la dissémination des I.S.T. est essentiellement favorisée par la prostitution dont les formes sont de plus en plus multiples et variées. Les I.S.T., au même titre que le tabac ou l'alcool, sont liées étroitement au comportement de l'individu. Agir sur ce comportement, bien que difficile, devient un impératif dans notre stratégie de lutte contre ces maladies. En effet, le SIDA a bouleversé toutes les données préventives en matière d'I.S.T. Il est reconnu actuellement que les IST hébergent le virus du Sida et qu'elles en assurent la multiplication et la sécrétion. Comme il a été démontré récemment que la prise en charge correcte des I.S.T. conduit à réduire de manière statistiquement significative la transmission du VIH. Sans perdre de vue la stratégie éducative en profondeur, véritable prévention, nous devons par conséquent accorder une place de choix à la stratégie curative des I.S.T.