Les Ghanéens qui ont pris une raclée (4-1) mardi dernier à Rotterdam face à de séduisants Pays-Bas ont brutalement pris conscience que la vie sans leur capitaine, Michael Essien, s'annonce compliquée lors du Mondial-2010 (11 juin-11 juillet). Après avoir bien résisté pendant la première demi-heure et le but d'ouverture de Dirk Kuyt, les «Black Stars» ont ensuite couru comme des poulets sans tête, incapables d'endiguer les vagues oranges inspirées par Wesley Sneijder, Robin van Persie et Rafael Van der Vaart. Il n'en fallait pas plus pour faire planer sur le stade De Kuip l'ombre d'Essien, contraint de déclarer forfait pour le Mondial-2010 en raison d'une blessure à un genou contractée lors de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) en janvier. «Michael est l'un des meilleurs joueurs du monde à son poste (de milieu récupérateur). Il nous manque beaucoup sur et en dehors du terrain», a reconnu le sélectionneur serbe du Ghana Milovan Rajevac. «Mes joueurs étaient un peu perdus. Tactiquement nous n'avons pas été bons», a-t-il ajouté, «conscient du travail qu'il reste à fournir» alors que le Ghana entamera la Coupe du monde le 13 juin contre la Serbie à Pretoria avant de se mesurer à l'Allemagne et l'Australie dans le groupe D. Sur ce qu'ils ont vu face aux Pays-Bas, les supporteurs ont de quoi être inquiets. Et lors de la conférence de presse d'après match, la même question revenait sans cesse de la part des journalistes ghanéens: comment faire sans le poumon de Chelsea ? «Etre à 200%» «Même sans Essien, le Ghana reste compétitif. Nous avons suffisamment de talent pour réussir un bon Mondial. Je ne suis pas inquiet», a tenté Milovan Rajevac, sans vraiment convaincre l'auditoire. «Privés de leur leader, mes joueurs devront se montrer plus intelligents, plus combatifs. Il faudra se surpasser, être à 200%», a-t-il encore dit. Certes, le Ghana avait atteint la finale de la CAN (perdue face à l'Egypte) en janvier dernier quasiment sans le concours d'Essien qui n'avait joué que 45 minutes durant le tournoi. Mais au Mondial, face à des équipes du niveau des Pays-Bas, la donne sera sans doute différente. Mardi à Rotterdam, le double rideau défensif du Ghana -la marque de fabrique de l'équipe- a volé en éclat. La discipline a disparu, la solidarité aussi même si les Ghanéens ont eu quelques éclairs au niveau offensif, surtout grâce au Rennais Gyan, le meilleur des siens face aux Pays-Bas. «J'ai fait tourner mon effectif, ce qui explique que mes joueurs étaient un peu perdus sur le terrain», a expliqué le sélectionneur, admiratif de la performance néerlandaise. «Après ce que j'ai vu mardi soir, je range les Pays-Bas parmi les candidats au titre mondial. C'est clairement l'une des meilleures formations de la planète», a affirmé Rajevac pour qui «s'incliner en match de préparation, même lourdement, face à une telle équipe n'est absolument pas dramatique». Les Oranje, au contraire des Ghanéens, sont effectivement prêts à débuter le Mondial avec le statut de favori du groupe E face au Danemark, au Japon et au Cameroun.