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Colloque international : La transmission culturelle en milieu amazighe
Publié dans Albayane le 03 - 05 - 2011

La transmission culturelle est l'un des éléments constitutifs de la société humaine. Elle crée les conditions ou les possibilités de sa reproduction. Et ce, à travers l'acquisition par les générations montantes des normes, valeurs et savoirs nécessaires à l'agencement et au fonctionnement des différentes pratiques et institutions sociétales.
Actuellement au Maroc, plus que par le passé, la transmission culturelle se trouve à la charnière de la continuité et du changement. Ce qui, en milieu amazigh, n'est pas sans soulever la question de l'impact des mutations sociales sur les modes réguliers de transmission verticale et horizontale.
Dans les milieux traditionnels ou à dominance traditionnelle, la transmission consiste et vise à inscrire les individus dans leurs groupes d'appartenance ou de référence : famille, lignage… Le fait d'acquérir ou de recevoir, qu'elle implique, s'imbrique dans la vie courante des individus et des groupes. Dans ces milieux, la socialisation immédiate (ou l'inscription dans la vie quotidienne) permet à l'individu d'intégrer aisément les normes et les pratiques culturelles (prises dans un sens large et global), d'y adhérer plus facilement et d'en recevoir des formules pratiques d'exécution et de diffusion.
Si l'acquisition de certaines formes de production culturelle (langue, musique communautaire…) se fait sur le tas et concerne en tout ou en partie les membres du groupe ; pour d'autres, la transmission est circonscrite aux frontières d'une famille ou d'un lignage. Elle s'accomplit au sein du groupe et se démarque des autres composantes de ce groupe. Dans la situation de ces milieux traditionnels, l'organisation sociale est structurée autour d'un mode qui assure l'acquisition et la transmission intergénérationnelles de toutes les composantes de la culture : techniques de production, institutions, savoir-faire, système des valeurs… C'est pourquoi l'un des objectifs de ce colloque est d'essayer de mettre en lumière les multiples formes de transmission en milieu amazighe, avant la grande transformation initiée par la colonisation et accrue (aggravée) par les processus de construction nationale. Il tentera de répertorier, de décrire et d'analyser les processus de la transmission en fonction des formes diverses des techniques de production et des pratiques rituelles, intellectuelles et artistiques.
Il va sans dire que les sociétés entrant les unes en contact des autres, subissent des mutations qui affectent à des degrés variables et variés les modes de transmission. La prise en compte du phénomène du changement dans l'analyse de la transmission ne peut qu'apporter un nouveau regard ou un éclairage sur les dynamiques en œuvre dans la culture amazighe. Aussi doit-on s'atteler au problème de la gestion des changements.
Comment donc la transmission culturelle se fait-elle dans des situations de changements ou de mutations ? Peut-on parler de crise ou/et d'adaptation ? Quel rapport existe-t-il entre mutations de la société et renouvellement des modes de transmission ? Quelle différence y a-t-il, dans ce contexte, entre transmission en tant qu'inculcation et transmission en tant que diffusion ? De fait, il sera question de l'étude des nouveaux processus produits dans le contexte actuel par lesquels s'effectue la transmission culturelle dans des milieux autres que les milieux traditionnels de production.
Conçu autour de la transmission culturelle en rapport avec les mutations sociales, l'objet de ce colloque se compose de quatre axes thématiques :
- Description des modes de transmission dans le domaine des techniques de production : tapis, poterie, bijoux, …
- Valeurs, croyances et représentations collectives.
- Transmission des productions linguistiques et artistiques : langue, musique, conte et légendes, etc.
- Effets des mutations sociales sur les modes de transmission : adaptation, émergence d'autres modes, assimilations, etc.
«Définir les responsabilités de tout un chacun»
Pourquoi un colloque sur la transmission culturelle en milieu amazighe ?
Réponse : En organisant le colloque sur la transmission culturelle en partenariat avec la FLSH d'Agadir, l'IRCAM espère contribuer à la mise en lumière des multiples formes de transmission, d'abord par la connaissance, puis par l'analyse des processus et des mécanismes qui la caractérisent.
N'oublions pas que la transmission culturelle interroge les liens permanents et indélébiles entre la continuité et le changement, fait qui intéresse de plus près la culture amazighe dans sa dynamique et dans sa situation de fragilité et de déperdition.
Nous pensons aussi que, l'ensemble constitué par la langue, les représentations, les croyances, le statut, les modes de relations sociales, etc. interviennent dans l'aspect dynamique de la transmission culturelle. D'où l'importance de l'approche anthropologique. Une approche qui trouve également sa légitimité dans le fait que les savoir-faire ne se conservent qu'à la condition de se transmettre, il est évident, donc, que l'anthropologie contribuera à éclairer les modalités de cette transmission.
Quels sont les aspects du patrimoine amazigh qui sont les plus menacés ?
Il faut dire que, comme dans toute autre culture minorée, la menace n'épargne aucun aspect de la culture amazighe. A première vue, il paraît que la langue amazighe est la plus menacée. Mais, en réalité, elle s'en sort bien par rapport aux autres formes et constituants de la culture amazighe. Les savoir-faire ancestraux, les formes littéraires et artistiques, les représentations, les symboles, les perceptions et autres formes intangibles du patrimoine culturel amazighe sont menacés. La transmission intergénérationnelle ne se fait plus (ou rarement et difficilement). Il faut dire que l'aspect de préservation se limite souvent à l'aspect apparent, parfois physique, de la production culturelle et on oublie la connaissance et la conservation de l'intellect, de l'immatériel qui en est la source et l'origine.
Quelle est la finalité de conserver, à titre d'exemple, un ighrem si on ne connaît pas et on ne préserve pas le savoir-faire et la technique de construction ? On préserve le matériel au détriment de l'immatériel alors que les deux sont liés dans toute œuvre humaine.
Que faut-il faire pour assurer le passage du patrimoine amazighe aux futures générations ?
D'abord, inventorier, décrire et analyser les formes, les processus et les mécanismes de la transmission culturelle en milieu amazighe. Il s'agit de connaître et de faire connaître tous ces aspects puis définir les responsabilités de tout un chacun. Le contexte socio-culturel joue son rôle dans la transmission intergénérationnelle, mais je pense que le degré de conscience des porteurs et producteurs de la culture est décisif pour assurer ce passage auquel vous faites allusion. Mais faut-il que l'appartenance identitaire et la confiance en soi soient au rendez-vous. Ceci n'ôte pas à l'Etat son devoir de préserver et transmettre sans discrimination aucune.
Propos recueillis par : Moha Moukhlis
Tunisie : en attendant le Byzantin, plaidoyer pour l'Amazigh
L'apprentissage de l'amazigh pourrait nous permettre de saisir les discours des candidats lors des campagnes présidentielles et réaliser le sérieux de leurs engagements. La nouvelle constitution tunisienne pourrait l'inscrire en tant que langue officielle. Qui sait, l'assemblée constituante a plus d'un tour dans son sac.
Une nouvelle association est née (encore une) dans la patrie de la Révolution qu'est devenue la Tunisie. C'est en ce jour de grâce du dimanche 10 avril 2011, et à l'issue du congrès national des amazighs, organisé à Matmata, que «l'association Tunisienne pour la culture amazigh » a vu le jour. Objectifs affichés ? «Protéger le patrimoine amazigh et promouvoir la culture berbère». Une priorité absolue en effet en ces circonstances.
Développer l'organisation des manifestions culturelles et artistiques amazigh, encourager les recherches dans ce domaine et surtout maintenir les coutumes et les traditions de l'amazigh s'avèrerait vraisemblablement bénéfique pour tous les Tunisiens en cette période. On peut en effet difficilement trouver plus rassembleur, alors que nos concitoyens bloquent les autoroutes pour exprimer leur mécontentement.
Le mieux serait de commencer par rendre obligatoire l'apprentissage de la langue amazigh puisque la nouvelle constitution tunisienne pourrait l'inscrire en tant que langue officielle. Qui sait, l'assemblée constituante a plus d'un tour dans son sac, à ce qu'il paraît. Il vaut donc mieux être prévenu. Et ce serait vraiment dommage que seule une infime minorité (mais ô combien influente) comprenne le chleuh de chez nous.
L'apprentissage de cette formidable langue nous permettrait également de saisir enfin les discours des candidats lors des campagnes présidentielles et réaliser le sérieux de leurs engagements.
Parler amazigh faciliterait aussi la communication et favoriserait le dialogue avec les agents de la police, et surtout avec ceux de la circulation routière. Que c'est dur de ne pas pouvoir parler la même langue que celle utilisés par les forces de l'ordre !!
Et une fois la culture amazighe développée, on pourrait ensuite promouvoir la culture phénicienne et rappeler nos origines carthaginoises. Il paraît que les Maltais en ont gardé des traces dans leur parler, mais alors… pourquoi pas nous ? Et pour finir, on devrait perfectionner nos compétences byzantines. Surtout que les discussions associées à cette culture sont de plus en plus adoptées dans notre pays, malgré le manque d'encadrement en la matière. From: http://www.tekiano.com/ness/20-n-c/3608-tunisie-en-attendant-le-byzantin-plaidoyer-pour-lamazigh-.html#disqus_thread
Hamza Bouallègue
Le patrimoine architectural du sud
Pour clôturer ce mois du patrimoine, la Villa des Arts de Casablanca a donné la parole à trois intervenants pour nous présenter le patrimoine architectural du Sud du Maroc avec ses richesses et ses défis. Les intervenants sont :
Mohamed Ait Hamza :
Géographe, Professeur de l'enseignement supérieur à la faculté des lettres et des sciences humaines- Rabat- Agdal et Directeur du Centre des Etudes Historiques et Environnementales (CEHE) à L'Institut Royal de la Culture Amazighe(IRCAM) à Rabat.
Brahim Hasnaoui :
Chercheur en cinéma et audiovisuel, enseignant chercheur – Centre des Etudes Artistiques, des Expression s Littéraires et de la Production Audiovisuelle (CEAELPA) à L'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), Rabat, Docteur en « cinéma et littérature » et enseignant du cinéma.
Aziz Ben taleb :
Géographe - environnementaliste - Professeur-Chercheur au Centre des Etudes Historiques et Environnementales Unité des recherches et des Etudes environnementales IRCAM- Rabat, Doctorat National en Géographie, UFR : Développement Local et Aménagement des Espaces Ruraux au Maghreb, Université Mohamed V- Rabat, Maroc
Les architectures du sud, reflétant cette diversité et les interactions entre les oasiens et leur environnement, offrent un champ d'étude riche. Leurs morphologies, leurs techniques et matériaux de construction, leurs façons de fonctionner constituent un défi de taille à la modernité.
Le Congrès mondial amazigh communique
Le Congrès Mondial Amazigh suit avec grand intérêt les nouveautés que connaît la région de Tamazgha en raison de la dynamique de changement qui a commencé il y a déjà plus d'un mois et qui continue. Dynamique qui vise la consécration de la démocratie, la volonté des peuples et la fin des dictatures dans la région. Et dans le cadre de ce suivi, le Congrès Mondial Amazigh déclare ce qui suit :
Au niveau régional de Tamazgha:
* Dénonce énergiquement la politique des assassinats sauvages et le génocide perpétrés par le dictateur Moammar Kadhafi à l'encontre du peuple libyen et demande à la communauté internationale d'assumer sa responsabilité quant à ce qui se passe en terre de Libye ;
* Salue la création de la première association amazighe en Tunisie et souhaite à ce cadre légitime la continuité et la réussite jusqu'à ce que la Tunisie recouvre son identité et sa culture amazighes ;
* Manifeste sa solidarité avec le mouvement amazigh de l'Algérie contre le pouvoir en place et son droit à se manifester et à commémorer le printemps amazigh ;
Au niveau du Maroc (Tamazgha occidentale) :
* Dénonce avec force l'exclusion des détenus politiques de la cause amazigh Hamid OUADOUCH et Mustapha OUSSAYA de la liste des détenus libérés récemment et demande leur libération immédiate ;
* Demande que la vérité sur l'assassinat politique qui a visé le militant et le penseur Boujamaa El Habbaz soit révélée et connue ;
* Réitère son attachement à la plate forme du mouvement du 20 février et à son programme de lutte jusqu'à la satisfaction de ce dernier de manière pacifique. En outre le CMA estime que les cadres associatifs amazighes reçus par la Commission « El Mennouni » ne représentent qu'eux-mêmes ;
* Réitère son appel à l'ensemble du peuple marocain pour sortir manifester pacifiquement le 24 avril et demander avec insistance la satisfaction des revendications du mouvement du 20 février pour un nouveau Maroc.
Brahim Ben Lahoucine OUTALAT
Président du Congrès Mondial Amazigh
IRCAM
Formation au profit des inspecteurs de la langue amazighe
Centre de la Recherche Didactique et des Programmes Pédagogiques, en coordination avec le Centre de l'Aménagement Linguistique, organise, du 02 au 06 mai 2011, au siège de l'IRCAM à Rabat, une session de formation au profit des nouveaux inspecteurs de la langue amazighe. La formation comporte deux aspect : une initiation à la langue amazighe (graphie, règles orthographiques et grammaire et une présentation des manuels scolaires de la langue amazighe et des méthodes d'enseignement de l'amazighe.
Cette formation s'inscrit dans le cadre des efforts que l'IRCAM déploie dans le domaine d'intégration de l'amazighe dans le système éducatif national, particulièrement la formation des enseignants, inspecteurs et formateurs de l'amazighe.


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