On a tout vu lors de cette journée inaugurale du nouveau grand stade de Tanger. Du beau football, des buts, six dans deux matches, du spectacle à l'intérieur et en dehors du terrain, de l'affluence avec un public enthousiaste. Tout était beau sauf quelques dérapages qui ont failli tourner au vinaigre suite à des accrochages entre supporters tangérois qui ont encouragé l'Atletico Madrid contre les Rajaouis au second match et Casablancais qui ont pourtant épaulé l'Ittihad de Tanger lors du premier match. On avait l'impression que le Raja jouait à Madrid et non pas à Tanger. Les incidents du second match ont failli finir en catastrophe vu le comportement du public des deux équipes bien que ce sont les Tangérois qui ont provoqué les Casablancais. En plus, des supporters au nombre d'une douzaine ont envahi le champ du jeu en seconde période, se dirigeant vers les joueurs madrilènes qu'ils souhaitaient saluer et surtout l'Uruguayen Forlan auteur des trois buts de l'Atletico dans les filets du Raja. Ce qui a causé l'arrêt du match plusieurs fois. Pire encore, à chaque fois que les joueurs rajaouis s'accaparent du ballon, ils sont hués, sifflés et malmenés par les supporters tangérois. C'est vraiment honteux… Côté technique et spectacle, les matches ont tenu leurs promesses, les équipes en lice ont fait l'essentiel. L'IRT peut s'estimer heureux d'avoir sorti un très bon match même face à l'ATM « B ». Jouer sans complexe, mener au score suite à un beau but, déranger et menacer une coriace équipe bien qu'elle soit composée des réservistes n'ayant pu rétablir l'équilibre qu'en seconde mi-temps et difficilement, tout ça est encourageant pour les Tangérois qui ne méritent pas d'être en seconde division. Ils ont vraiment donné l'image d'une bonne équipe de la division des grands. Que ce match de l'ouverture de leur nouveau stade puisse constituer la relance tant attendue par les footballeurs tangérois afin de regagner la première division qu'ils cherchent depuis fort longtemps. Lors du second match, les deux équipes jouaient pour le même objectif, surtout le Raja qui voulait tester ses joueurs face à une grande équipe madrilène. Même si le moment ne semble pas opportun pour le Raja qui est en course infernale pour renouer avec le titre de champion du Maroc, les Verts ont évolué avec leur formation type en première mi-temps. Seuls Metoualli et Lambarki n'ont pas fait partie du Onze titularisé par M'Hamed Fakhir qui a aligné Yassine El Had, Nabil Masloub, Omar Diop, Mohamed Oulhaj, Amine Rbati, Abdelmoula Berrabeh, Koné, Baïla, Aboucharouane, Alloudi et Souari. Ils ont fait jeu égal avec leurs homologues madrilènes. Le coach Sanchez Flores qui a préféré garder certains de ses meilleurs éléments jusqu'à la reprise comme le Brésilien Leonel Agüero et Rayes Calderon a choisi une ossature composée de Lopez Guerrero, Da Silva Costa, Assuençao Da Silva, le Brésilien Mendez Trindade, l'Uruguayen Forlan Corazo… Ils ont joué pour la victoire et rien que la victoire. Le hat-trick de Forlan était largement suffisant pour les Madrilènes qui auraient pu aggraver le score sans les parades du gardien El Had en première mi-temps. Au retour des vestiaires, la seconde équipe du Raja autour du gardien Ataba, Charley, Coucou, Bellamaâllam, Denkir, Alas, Salhi, Metoualli… n'allait pas tenir bon face au rythme un peu élevé imposé par les Madrilènes, même s'ils n'ont été inclinés que face à un seul joueur, Forlan, le meilleur attaquant du Mondial 2010, avec sa sélection uruguayenne demi-finaliste. L'essentiel pour M'Hamed Fakhir est de faire tester ses joueurs comme il a déclaré en fin de match. «C'est un match beaucoup plus de préparation qu'autre chose. C'est pour cela qu'on a fait un remaniement total dans l'effectif en seconde période. Le plus important c'est le match de samedi prochain contre l'Olympique de Safi pour poursuivre la série victorieuse et achever en leader du championnat national… », a estimé le coach Fakhir. C'est également pour préparer son match décisif contre l'ASEC Abidjan afin de passer à la phase de poules de la Ligue des Champions côté Raja et pour l'Atletico qui pense à la qualification à l'Europa League pour défendre son titre européen. Mission donc remplie pour les deux équipes… en attendant le plus important. Echos et indiscrétions -L'inauguration du nouveau stade de Tanger n'a pas pu avoir lieu sans certaines failles ou fausses notes enregistrées ici et là. Les journalistes accrédités ont rencontré plusieurs difficultés pour assurer la couverture de cet événement. Ceux qui ont fait le voyage de Casablanca et Rabat directement vers le stade de Tanger, ont passé une journée marathonienne sans avoir même le temps de prendre leur déjeuner ou même des sandwiches pendant les deux matches programmés. Ils ne se sont libérés que pendant le soir quand ils ont regagné le lieu de leur logement à l'hôtel de la ville. La faute, bien sûr, incombe aux organisateurs et aux responsables qui ne respectent pas les différents rendez-vous donnés auparavant. - La ponctualité n'a pas de place dans le calendrier du ministère de la Jeunesse et des Sports. Prévue à 14 H 00 au stade de Tanger, la cérémonie de signature de convention de partenariat entre le Raja et l'Atletico Madrid n'a commencé que vers 15 H 15. Tout le monde était dans l'attente de M. le ministre, Moncef Belkhayat, venu en retard, en compagnie de ses invités et les responsables des clubs signataires de cette convention. Ali Fassi Fihri, président de la FRMF, était le dernier à y arriver... - Même chose durant le matin, les journalistes de Tanger et les collaborateurs de la presse sportive nationale, invités à une cérémonie de signature de deux conventions de partenariats, signées par la Société nationale de réalisation et de gestion des stades « SONARGES » avec l'IRT d'une part et la Ligue française de football d'autre part, ont dû attendre deux heures environ. Prévue à 10 H 00, cette cérémonie n'a eu lieu qu'à midi, en l'absence de M. le ministre qui était annoncé auparavant. - Le présentateur de la cérémonie de l'après-midi n'a pas bien animé la mission. Il ne connaît pas bien les personnalités présentes. En voulant remercier Abdeslam Hanat président de la section foot du Raja pour son intervention, il a prononcé le nom de M'Hamed Aouzal, président du comité directeur. Sans commentaire… - Le coup d'envoi du premier match entre l'IRT et l'Atletico «B» prévu à 15 H 00 n' a eu lieu qu'à 15 H 45, ce qui a retardé d'environ une heure, le second match principal entre le Raja et l'équipe type de l'Atletico. Le football professionnel souhaité par le Maroc n'accepte absolument pas le non respect de la programmation des matches. - Hamza Laâroussi qui a ouvert le score pour l'IRT f ace à l'ATM «B» (1-1), a inscrit son nom en tant que premier joueur ayant marqué le premier but au nouveau stade de Tanger. Mohcine Iajor a fait de même au nouveau stade de Marrakech lors du match du WAC face au PSG (1-1), en janvier dernier. - L'Atletico de Madrid fondé en avril 1909 vient de fêter son 108ème anniversaire. Toute la famille de l'Atletico est fière de voir sa fête coïncider avec celle de l'ouverture de ce nouveau stade au Nord du Maroc en plus de la convention de partenariat avec le Raja, grâce auquel les Madrilènes sont là. - L'Atletico Madrid est le club le plus titré en Espagne, après le Real et le Barça. L'ATM compte 9 titres de champion de la Liga, en plus de coupes d'Espagne et d'Europe. Par coïncidence, le Raja compte également 9 titres de champion du Maroc en plus des coupes de Trône et d'Afrique. Cette saison le Raja est à la recherche de l'Etoile de son 10e titre et souhaite retrouver son lustre en ligue des champions d'Afrique tout comme l'Atletico qui veut conserver son titre de l'Europa League. - Le Raja fondé en 1949 a dans son palmarès plusieurs titres internationaux et reste le premier et le dernier club à participer en Coupe du Monde des Clubs en 2000 au Brésil. Lors de ce Mondial, il a laissé de très bons souvenirs dont la belle rencontre difficilement remportée par le Real Madrid (3-2). Onze ans après, le Raja rencontre la deuxième équipe madrilène, l'Atletico qui s'est imposé par (3-1) dans un match amical et tout à fait différent à celui officiel âprement disputé. - La fête tangéroise a failli être gâchée par l'absence de l'équipe tangéroise, l'IRT qui a menacé de boycotter l'inauguration du stade de la ville, avant de revenir sur sa décision à la dernière minute. Les joueurs de l'équipe qui réclamaient leurs salaires et primes qu'ils n'ont pas reçus depuis bien des mois, ont été finalement convaincus d'y participer, la veille de l'ouverture du stade, ils ont dîné ensemble dans un snack au centre de la ville. Ils ont reçu de promesses des autorités locales et de la wilaya de la ville et probablement des responsables de la fédération voire du ministère pour régler leurs problèmes. - Entre les deux matches de l'ATM contre l'IRT et le Raja, les journalistes ont été privés de rejoindre l'aire du jeu pour faire des déclarations avec les joueurs et staff technique des équipes. Personne de la presse n'avait le droit de fouler le gazon ou s'approcher des équipes sur le champ du jeu. Les contacts avec les médias sont à la zone mixte… Ce sont les instructions à appliquer données par les organisateurs affiliés à la société de la SONARGES. Des slogans des journalistes lésés ont été levés contre cette nouvelle société et ses hommes qui ne sont pas encore à la hauteur d'organiser un tel rendez-vous ou communiquer avec la presse. Pire encore, ce qui a été interdit pour les Marocains ne l'a pas été pour certains journalistes espagnols qui se promenaient librement au stade, tout au long des deux matches… - Lors du premier match, l'IRT a joué devant environ 40.000 supporters venus de Tanger, de la région du Nord et de Casablanca. Tous ont été derrières les joueurs tangérois dont le public du Raja qui a brillé par son encouragement sans relâche. Ce qui a vraiment poussé l'IRT à sortir un excellent match face aux Madrilènes même si l'ATM évoluait avec son deuxième équipe. Mais ce qui n'est pas compréhensible ni pas du tout acceptable, c'est le comportement du public tangérois lors du second match en se plaçant corps et âme derrière la cause des Madrilènes. Ce qui est encore honteux ce sont leurs hués et leurs sifflets quand la balle se trouve devant les pieds des Rajaouis… Plus rien à comprendre. - L'IRT qui vit de grands problèmes financiers en seconde division, sera-t-elle en mesure d'éviter la relégation en division des amateurs. Ses dirigeants sont appelés à être à la hauteur et aller chercher le soutien financier là où il se trouve. Pour preuve, Tanger passe pour l'une des grandes villes du Maroc et dispose de quatre zones industrielles. - Dans le contrat signé avec la SONARGES, l'IRT va bénéficier des infrastructures du nouveau stade de la ville. La SONARGES va recevoir, en contre partie, 15% des recettes du public de tous les matchs de l'IRT et 40% des recettes de la publicité du stade. Une question se pose donc, que reste-t-il pour la Ligue du Nord qui a sa part de recettes, part estimée à 2 DH 40 centimes sur chaque billet vendu ? - Le service d'ordre et celui de la sécurité ont été dépassés lors du match du Raja face à l'Atletico Madrid. Ils voulaient, semble-t-il, faire leur boulot autrement, face à certains glissements de quelques supporters surtout tangérois qui ont envahi le stade. Environ une douzaine a foulé le gazon en plein match pour aller saluer les joueurs madrilènes. C'est pour quand la fin de ce phénomène qui attise le feu de la violence dans les stades… ? R. Lebchir