Le président du Moghreb de Tétouan, Abdlemalek Abroune, a tenu à sa parole. Il a finalement jeté l'éponge lors d'une assemblée générale extraordinaire que le MAT a organisée en fin du week-end dernier. Sa démission ainsi que celle de son bureau ont été officialisées, vendredi dernier, pour que le MAT retrouve le provisoire après une bonne période d'environ six ans de gouvernance stable. Le club tétouanais est désormais dirigé par un comité provisoire avec en tête Ahmed Bel Haddad, qui n'est autre que le vice-président de l'ancien bureau dirigeant du club de la Colombe Blanche. La démission du président et son bureau peut être qualifiée de normale si les causes principales de ce départ volontaire n'ont eu une relation avec un éventuel échec dans la gestion du club ou une mission manquée concernant l'avortement d'un championnat ou d'une coupe... Mais que les prétextes de la démission de tout un staff administratif relèvent de la crise financière dont souffre le club, cette saison, voilà qui n'est pas du tout réaliste et objectif. Certes, le MAT est en crise financière estimée à plus de huit cent millions de centimes, le rapport financier présenté à la récente AGE parle de 8.589.464,32 DH. Une somme qui reste difficile à assurer par le club et Abdelmalek Abroune qui a pourtant gardé son poste de chef mais en tant que président d'honneur jusqu'à la prochaine assemblée générale. Et qu'on est-il des salaires, dus et indemnités des joueurs qui ne sont pas encore payés jusqu'à présent ? Des joueurs qui sont en grève depuis mercredi dernier à l'occasion du match que le MAT a disputé avec une équipe des réservistes qui ont bêtement perdu à Fès contre le MAS. Pourtant, quatre jours auparavant, le MAT a joué au grand complet à Casablanca devant le Raja et ils ne se sont inclinés que difficilement. Une défaite qu'Abroune a mise sur le dos du gardien Bistara accusé d'avoir vendu le match au Raja. Chose catégoriquement niée par le gardien tétouanais face à son président qui s'est excusé nonobstant que son accusation provient d'un état de colère. En effet, ce n'est qu'une politique de la fuite en avant du président et de son bureau pour masquer l'échec de la gouvernance du club et leur défaillance quant aux salaires de la majorité des joueurs qui sont toujours dans l'attente de leurs dus. Et au lieu d'agir d'une manière sage, la commission disciplinaire du club a décidé le gel des contrats des joueurs grévistes. Des sanctions financières leur ont été infligées suite à leur boycott du match contre le MAS. On parle des amendes qui oscillent entre 150.000 et 500.000 DH qui ont été prononcées contre ces joueurs, chacun selon le degré de sa protestation. Les joueurs en grève qui sont au nombre de 14 bénéficient du soutien de l'Association Marocaine des Footballeurs qu'ils ont contactée à son siège à Casablanca. Pour l'AMF et son président Mustapha El Haddaoui, il n'est nullement acceptable que les joueurs eu question ne perçoivent pas leurs arriérés dont les primes de match et primes de signature depuis bien des mois, voire même des primes de signature comptant pour la saison écoulée et concernant plusieurs joueurs dont Lambarki... et le gardien Bistara. Le président ou le responsable d'un club qui n'est pas capable de gérer ou avec des ressources financières n'a plus droit à se présenter pour une telle mission. Pourquoi le MAT se trouve aujourd'hui en crise financière après des dépenses faramineuses lors des récentes saisons… ? Les dirigeants de l'ancien bureau du MAT avouent ne pas être à la hauteur de rendre ce qu'ils doivent à leurs joueurs. Une problématique que les responsables de l'ancien-nouveau comité provisoire sont appelés à régler, le plus tôt possible s'ils souhaitent continuer avec les mêmes joueurs titulaires de l'équipe. Des joueurs qui, en plus de l'AMF, peuvent aller jusqu'au bout. Le MAT tout aussi que la FRMF risquent d'être interpellés et sanctionnés par les instances dirigeantes mondiales dont la FIFA. Voilà un dossier chaud à régler et par les dirigeants provisoires du club et par les responsables du football marocain qui se préparent au professionnalisme à partir de la prochaine saison. Les dirigeants de la FRMF qui viennent de contacter les différents clubs pour s'assurer de la conformité de leur cahier de charges que le professionnalisme exige sont devant une situation gênante et compliquée. Comment peut-on prétendre au professionnalisme avec un club en crise financière et des joueurs sans salaires… ? Comment peut-on continuer de cautionner des présidents qui sont loin d'être à la hauteur même d'un club de division d'honneur, voire d'un club de quartier… ? Comment peut-on admettre que des présidents choisissent le moment de leur atterrissage quand tout va bien et qui décident de partir quand les choses se compliquent… ? Comment peut-on continuer à croire qu'il y a encore des présidents qui militent pour le bien du football national… ? Que d'interrogations sur l'avenir du football national que les décideurs souhaitent atteindre le professionnalisme. On est encore loin d'une telle qualification, le football professionnel ne peut guère tourner sans une direction professionnelle qualifiée et ayant les caractéristiques de gouverner et de gérer dans la clarté. L'ère du seul président « Moule Chakkara » qui paye de sa poche est révolue. Fini la langue de bois du soutien moral, matériel et financier des communes urbaines, des différentes autorités locales et des acteurs concernés en général. Le professionnalisme c'est autre chose.