Le train de la gestion de la chose locale à Casablanca déraille. Mardi, la session ordinaire au titre du mois de février s'est terminée en queue de poisson avant même qu'aucun point inscrit à l'ordre du jour n'ait été débattu. Et cela, après presque douze heures, (15h00-02h00), d'interventions dans le cadre des «points d'ordre», de cacophonie et de brouhaha dans une ambiance très tendue durant laquelle des élus en sont arrivés aux mains à plusieurs reprises. La majorité s'est complètement effritée et les voix contestataires s'élevaient fortement contre le maire, l'accusant d'avoir violé les dispositions de la charte communale, en ce qui concerne la tenue de la session, en plus du refus de remettre aux élus les documents nécessaires relatifs aux dépenses et aux recettes de la Commune urbaine durant l'exercice 2010. La session fut suspendue à plusieurs reprises à cause des scènes de bagarre qui interpellent à plus d'un titre. Vers 23 heures, Mohamed Fahim du parti de l'Istiqlal (PI) a piqué une grave crise de nervosité et s'est complètement évanoui. Il a été évacué aux urgences d'une clinique de la place. Juste après, le maire, Mohamed Sajid, visiblement affaibli et dépassé par les évènements, a tenté dans un ultime effort de reprendre les travaux de la session, en proposant aux élus de débattre des autres points inscrits à l'ordre du jour et de reporter la question du compte administratif, objet de la discorde. Une réunion fut ainsi tenue avec les différents groupes d'élus en vue de trouver une formule permettant au Conseil d'aborder les travaux de la session. Mais, la proposition du maire s'est heurtée à un refus catégorique de plusieurs élus qui lui reprochaient d'avoir violé des dispositions de la charte communale. Les élus du parti de l'Istiqlal, que le maire avait accusés d'avoir manœuvré pour bloquer les travaux de la session, étaient décidés à lui rendre la monnaie. Le temps passait et le maire paraissait affaibli, après avoir été lâché par les élus du parti de la justice et du développement (PJD), qui l'avaient toujours soutenu durant ces épreuves. Vers 1heure 30 minutes du mercredi, les élus du Rassemblement national des indépendants (RNI) bombardèrent le Conseil en annonçant, après une réunion entre eux, leur démission de la Commune urbaine. C'était le dernier clou dans le cercueil de la majorité hétéroclite ayant porté Mohamed Sajid de l'Union constitutionnelle (UC) aux commandes de la mairie de Casablanca. Que demeurait-il alors dans cette majorité ? En terme de chiffre, il ne restait qu'une trentaine d'élus sur les 147 que compte le Conseil. En ce moment, les élus du parti de l'Istiqlal, qui ne cachaient pas leur joie d'avoir gagné la bataille et forts du soutien des autres membres contestataires, demandaient au maire de soumettre chaque question à l'opération du vote avant d'aborder l'ordre du jour de la session. Chose qu'il refusa catégoriquement, sachant pertinemment qu'il allait être battu par des scores écrasants. La session fut suspendue une autre fois et les voix s'élevèrent de nouveau, appelant le maire à respecter le «jeu» de la démocratie. En vain. Dans cette atmosphère ponctuée par le charivari, le maire leva la session. C'est la troisième fois que cette session, qui devait être tenue durant le mois de février, ait été levée. Aujourd'hui, selon des observateurs, c'est le ministère de tutelle qui devrait prendre les choses en main en vue de dépasser cette situation de blocage qui nuit aux intérêts des habitants de la ville blanche et provoque des retards dans l'avancement des projets lancés dans la métropole.