Jamais un derby casablancais n'a été marqué par la cherté des prix de billets d'entrée au stade que celui programmé dimanche prochain, (17h30) entre le Wydad et le Raja pour le compte de la 24e journée du championnat national de football en première division. Le WAC a profité de l'occasion pour hausser les prix à partir de 50 DH pour la pelouse, 100 DH pour la tribune latérale, 200 DH pour la tribune d'honneur et jusqu'à 300 DH pour la tribune officielle. C'est vraiment un record que le WAC vient de battre à l'occasion du 110e derby dans l'histoire des deux équipes depuis le début du championnat national en 1956. A l'époque et tout au long des années entre 1960 et 2000, les prix réservés par les deux protagonistes étaient abordables. Les supporters des Rouges comme ceux des Verts qui fréquentaient les stades d'hier étaient largement satisfaits tant au stade d'Honneur qu'à celui de Père Jégo qui faisait le plein lors de tous les matches du derby et du championnat pendant une décennie des années de 1970. Après une fermeture du stade quand le football national connait son top, tant technique que spectacle et en affluence, le stade d'Honneur rouvrira ses portes en 1979 à l'occasion de la finale de la Coupe du Trône remportée (2-1) par le Wydad et son gardien de l'époque, Badou Zaki, au détriment du Chabab de Mohammedia mené par sa légende, Ahmed Faras. Lors de cette finale, les supporters des deux équipes qui avaient pris en assaut les gradins du stade new look ont été séduits à moindre coût par les deux protagonistes. Pour l'histoire, le grand stade casablancais de l'époque avait pour nom Marcel Cerdan lorsqu'il a été inauguré en mars 1955, avant de devenir stade d'Honneur après l'Indépendance jusqu'à sa réfection, sa rénovation et son agrandissement pour devenir complexe Mohammed VI. Il va rouvrir ses portes officiellement en 1983 à l'occasion des jeux méditerranées abrités par Casablanca. A cette occasion, le complexe Mohammed V témoignait de la belle époque du sport national et ses différents athlètes qui ont remporté plusieurs médailles d'or dont celles de l'athlétisme par Saïd Aouita et Nawal El Moutawakkil, pour la première fois de leur histoire. Le complexe Mohammed V a également porté bonheur au football marocain avec l'équipe nationale qui a décroché l'or au détriment de la Turquie par (3-0). Le public marocain toujours nombreux et égal à lui-même avait assisté à une grande finale réussie par les deux stars des deux équipes casablancaises qui constituaient l'ossature de l'équipe nationale comme le maestro Dolmy, Bouderbala, El Haddaoui, Souadi, Byaz autour du gardien Zaki sans oublier les autres comme Timoumi des FAR, Labied du FUS, Atik du MAS … pour ne citer que ceux là. Ces grands joueurs attiraient le grand public pour voir de beaux matches et toujours à des prix abordables. Aujourd'hui, c'est l'inverse, malheureusement. On assiste à un championnat national moyen si ce n'est faible et des derbies, techniquement moyens si ce n'est au dessous de la moyenne. Les deux équipes casablancaises ne cherchent que le résultat avec le maximum de gain. Après une première augmentation des prix, la saison dernière, de 30 à 40 DH pour la pelouse, les Wydadis récidivent pour atteindre la barre de 50 DH rien que pour la pelouse. C'est trop, vraiment trop pour les supporters des deux équipes dont la majorité constitue la classe pauvre : les Verts d' « Al Magana » et les Rouge de « Fremija ». Et puis, qu'est-ce que les deux équipes vont offrir à leurs supporters comme produit technique et spectaculaire… avec surtout des joueurs, techniquement moyen et d'autres qui sont indisciplinés et qui ne méritent même pas qu'on se déplace pour eux… ? Est-ce que les deux équipes sont vraiment à la hauteur de leurs grandes masses… ? Est-ce que les deux équipes ont les joueurs qui valent vraiment ces prix exorbitants… ? Pourquoi ne tiennent-elles pas compte des possibilités du pouvoir d'achat de la majorité des spectateurs… ? Des supporters qui produisent beaucoup plus que leurs équipes. Des supporters qui, bien qu'ils n'aient pas de moyens, s'entraident et se cotisent entre eux pour être à jour et assurer l'autre spectacle qu'il faut, le spectacle qui enthousiasme la foule. Ce sont donc les joueurs comme les dirigeants des deux équipes qui doivent passer au guichet pour voir l'autre derby, le spectacle des gradins, assuré par les acteurs des deux équipes, les Winners du WAC et les Geens Boys du Raja qui, toujours avec leurs tiffos, préparent leur propre derby tout au long de la semaine, voire plus et qui sont les premiers à venir au complexe, tôt le matin le jour du match. Et si le derby casablancais est classé parmi les dix meilleurs classico du monde, c'est essentiellement grâce aux supporters des deux équipes qui excellent dans leur spectacle. Pour finir, le derby casablancais appartient à tous les Casablancais et pas seulement aux inconditionnels des Rouges et des Verts, il ne doit donc pas dépasser les limites.