«Maghreb : quelles solutions économiques après la crise ? », est le thème générique des conférences qu'animera Camille Sari, docteur en Finance et économiste, spécialiste du Maghreb, à Casablanca et à Rabat. La première a eu lieu hier mardi à l'IMRI (Institut marocain des relations internationales, près de la Bourse de Casablanca), la seconde se déroulera vendredi 8 avril à la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc. L'auteur du livre "Algérie et Maroc: quelles convergences économiques?", paru aux éditions Cabrera en janvier 2011, préconise une intégration économique maghrébine et une monnaie commune pour sortir de la crise. Des idées qui ont reçu un écho favorable dans la presse algérienne mais aussi française. Il a été l'invité de l'émission Daif Al Iqtissad sur France 24 en arabe samedi 26 mars à 21h45. Sa dernière conférence à Montréal, le 29 mars, s'est déroulée en présence l'Ambassadeur du Royaume du Maroc, Mme Nezha Chekrouni. Ayant une excellente connaissance des pays de cette région, le conférencier a présenté leurs réalités en profondeur et les perspectives. Dans son ouvrage de 450 pages il avait mis l'accent sur les inégalités sociales, les méfaits de la corruption et la nécessité d'instaurer un Etat de droit dans les relations économiques. Après un diagnostic des économies algérienne et marocaine, à la fois objectif et sans complaisance, il a fait une batterie de propositions pour juguler le chômage et relever le niveau de vie des populations, notamment les couches les plus défavorisées. Une monnaie commune «Quelles que soient les systèmes politiques qui domineront les pays du Maghreb, le développement économique et l'emploi détermineront leur devenir et la stabilité sociale. Dans des pays à forte progression démographique et une population jeune, des taux de croissance des PIB autour de 3 à 4% sont insuffisants pour résorber le chômage », écrit-il. Parmi ses propositions il met en évidence trois gisements permettant des évolutions favorables des économies maghrébines: - une lutte implacable contre la corruption et une grande transparence dans le fonctionnement des organisations publiques et privées (gain de 2% du PIB), - une intégration économique maghrébine (gain de 2% du PIB), - une réduction drastique des dépenses militaires (gain de 2 à 3% du PIB). En tenant compte des spécificités du Maghreb et du refus probable, au moins pendant quelques décennies, d'abandonner les monnaies nationales et, par la même, de transférer la souveraineté monétaire à une entité supranationale, la solution consisterait à mettre en place une monnaie commune dans un premier temps qui cohabiterait avec les monnaies nationales, préconise l'auteur. Le temps qui sera nécessaire à parachever la première étape avant d'aboutir à la phase ultime, celle de la création d'une monnaie unique, dépendra du rythme d'accélération du processus de convergences économiques et structurelles, de l'accroissement des échanges intra-maghrébins et de la volonté politique des autorités nationales en place. Le rôle d'une monnaie commune est de faciliter les échanges de biens, de services et de capitaux sans altérer le droit de battre monnaie de chaque Etat, rassure-t-il. L'objectif est de passer d'un taux des échanges intra maghrébins de 2 à 40%, ce qui est la moyenne des constructions régionales. Après la chute des régimes égyptien et tunisien, les manifestations et les mouvements de protestation se poursuivent dans les autres pays du Maghreb. Pour que la région revienne au calme, il est indispensable que ces pays développent leurs économies et fournissent du travail à leurs populations. Il s'agit là, selon l'auteur, d'un défi immense pour ces économies trop dépendantes de la globalisation d'une part et des hydrocarbures d'autre part. L'union économique entre les pays du Maghreb, si longtemps repoussée par les dirigeants des différents pays, est largement désirée par leurs populations. Avant de créer une hypothétique «Union pour la Méditerranée» pilotée depuis Paris, les pays du Maghreb doivent d'abord songer à développer leurs échanges intra-maghrébins.